Plus « Cop's game » que « Squid game » dans une école des Bouches-du-Rhône

Bouches-du-Rhône : Dans les cours d'écoles, plutôt « Cop's game » que « Squid game »

JEUX D'ENFANTSConfrontée à la montée de jeux violents dans la cour d’école, la mairie de Bouc-Bel-Air a pris le contre-pied de la série à succès « Squid game » en lançant des jeux de coopérations
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • A Bouc-Bel-Air, commune située entre Aix et Marseille, la municipalité a développé un programme de jeux coopératifs et bienveillants dans les cours d’écoles.
  • L’idée est venue après que sont apparus de nouveaux jeux violents dans le sillage de la série « Squid game ».
  • L’ambition est de pousser la réflexion des élèves au-delà du phénomène provoqué par la série phare de Nteflix, notamment sur le harcèlement.

«Il y avait des séances de gifles pour les perdants », a observé à l’issue d’une partie de « 1.2.3 Soleil » Audrey Terzian, directrice de la scolarité de la municipalité de Bouc-Bel-Air. Dans le sillage du succès de la série sud coréenne Squid game, que 60 % des élèves de CM1 et CM2 de la commune disent, selon la municipalité, avoir vue, des comportements inquiétants sont apparus dans les cours de récré des quatre écolesde Bouc-Bel-Air, comme ailleurs en France.

« La violence dans les cours d’écoles ne date pas d’hier », reconnaît Audrey Terzian qui a voulu rebondir sur ce phénomène pour réfléchir… et agir. « Les premiers jeux sont apparus un peu avant les vacances de la Toussaint, rembobine-t-elle. Donc, avec la municipalité, on a lancé un projet de prévention et non de répression ou d’interdiction, car ce qu’on interdit, d’ordinaire, les enfants cherchent à le faire. » Ainsi est né le principe de « Cop’s game », comprenez « le jeu des copains » [la police n’ayant rien à voir dans cette histoire].

« Des jeux collectifs et solidaires où l’individualisme n’est pas de mise »

« La proposition est que ces jeux soient l’exact contraire des principes de ceux de la série. Des jeux collectifs et solidaires où l’individualisme n’est pas de mise », explique Richard Mallié, le maire de la commune 15.000 habitants située entre Aix-en-Provence et Marseille. Les enfants sont toujours invités à jouer une partie de « 1.2.3 Soleil » mais, pour gagner, ils doivent tous parvenir à franchir la ligne d’arrivée.

Et pour stimuler la coopération, certains d’entre eux se voient affliger d’un handicap : yeux bandés, marche à reculons ou à cloche-pied. Ce jour-là, pour l’emporter, des élèves ont mis au point une stratégie : ils se sont tous tenu bras dessus, bras dessous. « Le moment où ils comprennent le collectif, c’est beau pour adulte », se réjouit Audrey.

Un diplôme honorifique de bienveillance

Face à l’enthousiasme des élèves, l’encadrement pédagogique espère pousser plus avant le sujet de la bienveillance et de l’entraide. « Au-delà de Squid game et des jeux de cours de récréation, on tente aussi d’élargir le sujet aux moqueries, qui peuvent déboucher sur du harcèlement. Squid game n’est, finalement, qu’un prétexte », ajoute Audrey Terzian. Ce jeudi, les écoles organiseront un débat sur la violence à l’adresse des 350 élèves de CM1 et CM2.

A l’issue de cette partie de « 1.2.3 Soleil » version « cop’s », le maire de Bouc-Bel-Air a remis à chacun des élèves un diplôme honorifique de bienveillance. « On voudrait changer leur regard sur la violence et que cela les marque, d’où le diplôme », poursuit Audrey Terzian. Suffisant pour changer durablement les comportements dans la cour de récré ? « On plante une petite graine », se satisfait l’équipe municipale, tandis qu’à côté un jeune garçon s’exclame : « on a gagné, on a gagné ! »