Leur rôle est largement méconnu en France, qui sont les médiateurs familiaux ?
MÉTIER•Peu connu en France, le métier de médiateur familial est pourtant précieux lorsque la communication devient impossible au sein d'une famille, notamment lors des séparations conjugalesPierre-Alexandre Aubry
L'essentiel
- Le métier de médiateur familial est encore peu connu en France, et tend à se développer.
- Les médiateurs familiaux interviennent pour tenter de refaire du lien entre des personnes qui n’arrivent plus à communiquer.
- Les conflits qui interviennent en lien avec une séparation représentent la majorité des cas.
Les médiateurs familiaux sont encore méconnus dans l’Hexagone. Pourtant, en période de crise sanitaire, leur rôle s’avère utile face à la possible augmentation des situations conflictuelles au sein d’une famille. Séparation, garde d’enfant, conflit intergénérationnel, héritage… Les situations de désaccords sont nombreuses, et mènent parfois à la rupture de communication entre les parties. C’est à ce moment-là qu’intervient le médiateur. « C’est un tiers qui accueille des personnes en conflit. Il les aide à apaiser les tensions », explique Edwige Lagniaux, actuellement en formation au Cnam des Pays-de-la-Loire (Conservatoire national des arts et métiers) pour devenir médiatrice familiale.
Dans un monde post-Covid, cette éducatrice de jeunes enfants a souhaité élargir ses connaissances vis-à-vis du cercle familial. Il faut dire que le médiateur familial est comme un touche-à-tout. Sociologie, droit, psychologie : le bagage théorique est solide pour exercer ce métier, accessible après l’obtention d’un diplôme d’Etat, qui n’existe que depuis 2004. Une formation encore récente, pour un métier qui ne fait que percer en France. « C’est très répandu en Amérique du Nord. Aujourd’hui, on sent qu’il y a un besoin. Les gens passent aussi par la médiation familiale pour éviter l’étape judiciaire », indique Edwige. « Dans 90 % des cas, ce sont des situations de séparation, et les conflits qui vont avec », ajoute Christine Vallée, médiatrice familiale en association, en Loire-Atlantique. « Même pour un couple séparé depuis dix ans, ce n’est pas pour autant que les tensions n’existent plus ». « Il faut aussi pouvoir interpeller le médiateur familial avant le conflit. Pour clarifier les choses », indique Kévin Julien, médiateur familial à Nantes depuis cinq ans.
« Assurer qu’un lien puisse se recréer »
Surtout en période de crise sanitaire, avec les différentes restrictions qui ont amené à des situations complexes au sein du cercle familial. Pour résoudre ces conflits, dans le couple, entre parents et enfant ou intergénérationnels, le médiateur familial intervient à la demande d’une des personnes concernées. Après un premier entretien avec celle-ci, il rencontre l’autre partie, avant de tenter de dénouer le conflit avec les deux. « Ces situations particulières comme le confinement ont mis le doigt sur des tensions. En revenant sur l’histoire du conflit, on revient sur cette question de la crise sanitaire, qui a pu amener à des déséquilibres dans le couple », analyse Christine Vallée. « Même en conflit, les personnes ont réussi à trouver des solutions pendant cette période », constate Kévin Julien.
Proche du rôle d’un psychologue, le médiateur a d’autres cordes à son arc, notamment autour des notions de droit. « Il est là pour assurer qu’un lien puisse se recréer entre des personnes qui n’arrivent plus à communiquer. Mais il ne tranche pas », explique Edwige. Si la médiation peut avoir des effets thérapeutiques, elle n’est pas là pour soigner. Quant à la question du droit, elle est un « support de compréhension » dans la médiation. « Pour un cas de séparation, nous avons une connaissance de base qui permet de clarifier certains points avec les personnes, notamment au sujet de l’autorité parentale. La médiation familiale et la justice ne s’excluent pas. Mais ne sont pas pour autant collées », indique Christine Vallée, faisant référence à la Tentative de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO), expérimentée depuis 2017 par le Ministère de la Justice, dans 11 tribunaux en France. Une expérimentation qui marque la volonté des pouvoirs publics de faire appel à la médiation familiale.
En 2016, la CAF recensait 366 équivalents temps plein de médiateurs familiaux au sein des associations conventionnées. En association, passer par un médiateur familial coûte entre 2 euros et 131 euros, selon vos revenus mensuels. Une séance coûte environ 50 euros chez un libéral.