FAKE OFFLes vaccins à ARNm, de la thérapie génique, selon Bayer ? Prudence

Un cadre de Bayer a-t-il affirmé que les vaccins à ARN messager relevaient de la thérapie génique ?

FAKE OFFLa déclaration d'un cadre du groupe pharmaceutique à propos des vaccins à ARN messager est considérée par certains internautes comme la preuve qu'ils relèvent de la thérapie génique
Alexis Orsini

Alexis Orsini

L'essentiel

  • Sur Twitter, la brève intervention filmée d’un dirigeant du groupe pharmaceutique Bayer est particulièrement reprise par certains internautes.
  • « Un dirigeant de Bayer admet en public que les ARNm sont des thérapies géniques et que sans la pandémie, personne n’aurait été disposé à se les faire injecter », affirme la légende associée à cette séquence.
  • Si le cadre en question a bien établi un tel lien lors de son discours au Sommet mondial de la santé 2021, le groupe Bayer explique à 20 Minutes qu’il s’agit d’un « d’un lapsus évident ». La thérapie génique fonctionne différemment des vaccins à ARN messagers.

Pour le public convaincu du danger des vaccins à ARN messager contre le Covid-19, la séquence vidéo n’est qu’une validation de ce qu’ils tenaient pour acquis de longue date.

Mais il n’en demeure pas moins, aux yeux de ces internautes, une preuve accablante, puisqu’il s’agirait d’un aveu émanant de la société pharmaceutique allemande Bayer – qui avait prévu de produire en 2022 le vaccin anti-Covid-19 CureVac avant que celui-ci ne soit abandonné le mois dernier.

« Pour rappel : Un dirigeant de Bayer admet en public que les ARNm sont des thérapies géniques et que sans la pandémie, personne n’aurait été disposé à se les faire injecter », affirme ainsi un tweet relayant une séquence vidéo d’une vingtaine de secondes.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le dénommé Stefan Oelrich y affirme en anglais : « Finalement, les vaccins à ARNm sont un exemple de cette thérapie génique et cellulaire. Comme j’aime à le répéter, si nous avions demandé à l’opinion publique, il y a deux ans : "Seriez-vous prêt à suivre une thérapie génique ou cellulaire et la voir injectée dans votre corps ?", on aurait sans doute eu un taux de refus de 95 %. Je pense que cette pandémie a ouvert les yeux de beaucoup de monde sur l’innovation, d’une façon inconcevable par le passé. »

FAKE OFF

Cette séquence est authentique : elle est extraite du discours tenu par Stefan Oelrich, directeur de la branche pharmaceutique de Bayer, à l’ouverture du Sommet mondial sur la santé 2021 (World Health Summit, WHS), organisé à Berlin du 24 au 26 octobre. On retrouve ce passage précis sur le replay vidéo du compte officiel YouTube du WHS, à compter de 1’37’40.

Cet événement annuel qui réunit, depuis 2009, de nombreux scientifiques pour discuter de « défis de santé globaux », bénéficie de nombreux soutiens politiques, ce rassemblement étant placé sous le patronage de l’Allemagne, de la France, de la Commission européenne et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si Stefan Oelrich a bien établi un lien, dans son discours, entre thérapie génique et vaccins à ARN messager – comme le font de nombreux opposants au vaccin depuis des mois –, le groupe Bayer indique à 20 Minutes qu’il s’agit « d’un lapsus évident ». « Chez Bayer, [les vaccins à] ARNm ne relèvent pas de la thérapie génique au sens que l’on attribue communément à cette expression », ajoute l’entreprise.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Une différence majeure entre thérapie génique et vaccins à ARNm

Les thérapies géniques consistent en effet, comme l'explique sur son site l’Institut national de la santé et de la recherche (Inserm), « à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie ».

« La thérapie génique a été initialement conçue comme une approche thérapeutique destinée aux maladies monogéniques (i.e. liée à la dysfonction d’un seul gène), délivrant aux cellules un gène "sain" capable de suppléer le gène "malade". Aujourd’hui, les modalités et les indications se révèlent beaucoup plus larges, avec 65 % des essais cliniques qui concernent le traitement de cancers », poursuit l’Inserm.

Les vaccins ARNm contre le Covid-19, tels que ceux de Moderna et de Pfizer, contrairement aux vaccins « traditionnels », poussent « nos cellules [à] produire la protéine du virus, comme c’est le cas quand le virus nous infecte », comme l’expliquait il y a quelques mois à 20 Minutes le spécialiste des structures ARN Nicolas Leulliot. De quoi amener certains à redouter une modification permanente de nos cellules et donc un risque grave pour la santé.

Une crainte sans fondement, selon les nombreux scientifiques interrogés à ce propos depuis l’essor de ces vaccins. « On ne touche pas au génome. On va simplement fournir la photocopie d’un gène, sous forme d’ARN. Cette photocopie n’a pas pour but de modifier notre génome. On ne va pas devenir des êtres génétiquement modifiés », expliquait ainsi encore Nicolas Leulliot, quand la directrice de l’Accélérateur de recherche technologique en thérapie génomique de l’Inserm, Anne Galy, détaillait pour sa part à l'AFP Factuel : « Avec ces vaccins, on amène une molécule d’ARN qui va faire produire de façon très transitoire par des cellules immunitaires la protéine Spike du virus, ce qui va inciter les lymphocytes à réagir, mais cet ARN ne persiste pas et ne reste pas dans le corps. »