Allocation financière, accompagnement, formation… Que peut vous apporter le contrat d’engagement jeune ?
SOCIAL•Présenté ce mardi par Emmanuel Macron, le contrat d’engagement jeune propose un accompagnement intensif avec une activité obligatoire de 15 à 20 heures par semaineDelphine Bancaud
L'essentiel
- Au terme d’un suspense de plusieurs mois, Emmanuel Macron a annoncé mardi le lancement, le 1er mars 2022, du contrat d’engagement jeune.
- L’objectif du gouvernement est d’aider 400.000 d’entre eux en 2022.
Environ un million de jeunes sont aujourd’hui en France sans emploi, ni formation. Impossible pour le gouvernement, en période préélectorale, de les laisser sur le bord de la route. Mais pas question de mettre en place un RSA jeunes, auquel le gouvernement s’est toujours opposé, craignant qu’il n’instaure une logique d’assistanat.
Après des mois de réflexion, Emmanuel Macron a donc annoncé ce mardi le lancement, au 1er mars 2022, d’un « Contrat Engagement Jeune », qui se substituera à la « Garantie jeunes ». Ce dispositif représente un investissement de 2,6 milliards d’euros. 20 Minutes vous guide pour cerner l’intérêt de ce dispositif.
Quelles sont les conditions pour en bénéficier ?
Il faut avoir moins de 26 ans, être sans formation, ni emploi depuis plusieurs mois. Cela ne signifie pas que si vous avez un diplôme en poche, comme un CAP ou le bac, vous ne pouvez pas y avoir accès. Si vous galérez pour trouver du boulot depuis plusieurs mois, vous êtes tout à fait éligible au dispositif. Pour en bénéficier, il vous suffira de vous présenter dans une agence Pôle emploi ou dans une mission locale. Pour trouver la structure la plus proche de chez vous, il vous suffira de pianoter sur 1jeune1solution.gouv.fr
Plusieurs associations caritatives et organisations de jeunesse ont dénoncé les conditions d’accessibilité restrictives de ce dispositif. « Concernant les étudiants, rien n’est fait, rien n’est annoncé », a ainsi critiqué la présidente de l’Unef, Mélanie Luce.
En quoi ce dispositif peut-il vous permettre de mieux vous insérer ?
Au programme : 15 à 20 heures minimum d’activités par semaine, pour une durée de 6 à 12 mois. Et ce contrat peut être porté à 18 mois si vous êtes très éloigné de l’emploi. Ces activités dépendent de votre profil, donc cela peut être une formation qualifiante, une école de la deuxième chance, un service civique, un atelier CV, un entraînement aux entretiens, un stage en entreprise, un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, une prépa apprentissage… Tout au long de votre contrat, vous serez accompagné par un référent (un conseiller de mission locale ou de Pôle emploi). Vous pourrez communiquer avec lui régulièrement via une appli. Et il ne vous lâchera qu’une fois que vous serez durablement inséré.
Ce panel d’activités peut permettre à chaque bénéficiaire de renforcer sa confiance en lui, mais aussi de redéfinir son projet professionnel. Reste que pour certaines associations, la durée du dispositif est trop réduite. « Une sortie rapide ne devrait pas être le but ultime d’un dispositif. Au contraire, pour les jeunes les plus exclus, ces limites de temps sont anxiogènes », estime ainsi ATD Quart-Monde.
Quelle indemnité financière allez-vous toucher ?
Elle ne sera pas systématique. Elle vous sera octroyée si vous êtes détaché fiscalement de vos parents ou si ces derniers ne sont pas imposables. Dans ces cas, vous toucherez une allocation allant jusqu’à 500 euros. Mais si vous êtes rattachés fiscalement à vos parents et qu’ils ne payent pas beaucoup d’impôts (c’est-à-dire s’ils font partie de la tranche 1), vous toucherez une allocation de 300 euros par mois. Si vous avez déjà des revenus (une allocation-chômage, par exemple), votre allocation sera calculée en fonction, afin que le total soit limité à 500 euros par mois.
Mais attention : ce contrat est soumis à une obligation d’assiduité. Si vous n’assistez pas aux activités prévues pour vous, vous serez obligé de quitter le dispositif et vous ne toucherez plus l’allocation prévue. « C’est une logique de droits et de devoirs », explique Matignon. Une aide financière décriée par beaucoup : « Avec 500 euros, on ne vit pas, on survit », a commenté Antoine Dullin, président de la commission insertion jeunes au Conseil d’orientation des politiques de jeunesses. Même son de cloche chez Paul Mayaux, président de la Fage : « Pas de considération pour les jeunes actifs précaires, les jeunes diplômés… Un montant de l’aide et des efforts minimes venant simplement compléter des dispositifs déjà existants, sans créer de droits nouveaux aujourd’hui, pourtant si essentiels », a-t-il déclaré sur Twitter.
Quelle est la différence avec la Garantie jeunes ?
Certes, ce contrat d’engagement lui ressemble beaucoup. Mais il sera « beaucoup plus intense », selon Matignon. Car la Garantie jeunes proposait un accompagnement uniquement pendant les 6 premières semaines, alors que le nouveau dispositif le prévoit de bout en bout du contrat. Il vise aussi davantage d’immersions en entreprise : missions d’intérim, stage… « Nous allons solliciter les clubs d’entreprises déjà mobilisés pour le plan "1 jeune, une solution" », indique Matignon.
Autre différence : la Garantie jeunes était uniquement pilotée par les 1.400 sites des missions locales, là où le contrat d’engagement le sera aussi par 900 agences Pôle emploi ou des associations locales spécialisées dans l’insertion. Enfin, l’ambition n’est pas la même car en 2021, 200.000 jeunes devaient bénéficier de la Garantie jeunes. Le gouvernement vise le double avec le nouveau dispositif. Il espère aussi que ce contrat d’accompagnement sera plus efficace que la Garantie jeunes. Après celle-ci, 35 % des jeunes trouvaient un emploi directement, et 50 % au bout de six mois.
Combien de jeunes seront aidés via ce dispositif ?
On l’a dit, le gouvernement s’est fixé un objectif ambitieux dès la première année de mise en œuvre de ce dispositif : au moins 400.000 jeunes en 2022. La difficulté sera de convaincre les personnes les plus en rupture de s’engager. Pour cela, le gouvernement va nouer des partenariats avec des clubs sportifs, des associations de quartiers, des bailleurs sociaux, qui seront chargés d’aller à la rencontre de ces jeunes.