Lyon : Neuf mois après son lancement, l'association solidaire « Un cabas pour un étudiant » manque encore de « parrains »
SOLIDARITE•Lancée en février dernier à Lyon, la plateforme solidaire intensifie son action à travers toute la France mais manque encore de parrains pour répondre aux besoins des étudiantsCaroline Girardon
L'essentiel
- Lancée en février à Lyon, la plateforme solidaire « Un cabas pour un étudiant » reçoit quotidiennement entre 10 et 15 demandes d’inscriptions d’étudiants.
- « La précarité étudiante est encore une réalité », rappelle Marion Dolisy Galzy, l’une des fondatrices de l’association.
- Problème : le nombre de « parrains » ou « marraines » pouvant tendre la main aux étudiants n’est pas suffisant pour absorber la demande.
Ils ont été « la génération sacrifiée » de la pandémie de coronavirus. 560.000 étudiants vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté. Soit un étudiant sur cinq, rappelle Marion Dolisy Galzy, l’une des fondatrices de la plateforme lyonnaise solidaire « Un cabas pour un étudiant ». Lancée en février, l’association intensifie son action à travers toute la France. Un besoin urgent au vu de la demande.
« Tous les jours, nous recevons entre cinq et dix inscriptions d’étudiants, poursuit Marion Dolisy. Plein de gens pensent que la crise sanitaire est finie mais pas du tout. Elle a juste servi à mettre en lumière ce qui existait avant. La précarité étudiante est encore une réalité. »
« Le pouvoir d’achat n’est pas le même à Lyon qu’en Bretagne »
Inscrite sur la plateforme depuis la fin du mois d’août, Camille, 20 ans, en est l’illustration. Fraîchement débarquée de Bretagne, l’étudiante a posé ses valises à Lyon cet été pour suivre un cursus dans le secteur de l’immobilier. Elle a entamé un Master en alternance dans une ville où elle ne « connaissait personne ». « A la suite de soucis familiaux, je me suis retrouvée à m’assumer toute seule. Au départ, je pensais en être capable mais le pouvoir d’achat n’est pas le même à Lyon qu’en Bretagne », explique-t-elle.
En attendant de percevoir son premier salaire en alternance, la jeune femme peine à joindre les deux bouts. Une fois les mensualités prélevées et le loyer payé, les fins de mois restent difficiles : 300 euros pour tenir quatre semaines, se nourrir et sortir un peu. « Je ne suis pas la plus à plaindre, sourit-elle. J’aurais bientôt un petit salaire. » Camille a eu « la chance » de croiser une bonne étoile, Joëlle Bertolo qui est devenue sa « marraine » au mois de septembre. Une « deuxième maman », « un soutien moral », précise l’étudiante.
Un déficit de parrains
« Au départ, je l’ai invitée au restaurant pour faire connaissance, explique la principale intéressée. Avoir un contact est important dans la démarche. » Mère de deux « grands enfants », Joëlle âgée de 51 ans veille sur sa nouvelle protégée, lui « envoie des bons plans », l’appelle pour prendre des nouvelles, lui propose de temps à autre de sortir boire un verre ou d’aller à la cueillette le week-end. « Si besoin, je l’aide financièrement. Mais elle en a rarement fait la demande », précise-t-elle au sujet de Camille.
Si Joëlle n’a pas hésité à proposer ses services sur la plateforme, « Un cabas pour un étudiant » se trouve actuellement confronté à une difficulté de taille : un « vrai déficit de parrains ou de marraines ». 1.700 sont inscrits à ce jour. Pas suffisant pour absorber l’afflux de demandes, relève Marion Dolisy Galzy. « La crise est pourtant toujours là… », rappelle-t-elle une dernière fois.