A la mairie de Grenoble, c'est possible de travailler avec son chien

Grenoble : A la mairie, c'est possible de travailler avec son chien

WOUFSi cette pratique se développe doucement dans les entreprises privées, elle reste rare, voire inédite dans les collectivités
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • La mairie de Grenoble autorise depuis le mois de juin, ses salariés à venir travailler avec leurs chiens. Quatre en ont fait la demande.
  • Il s’agit d’une expérimentation menée sur le bien-être animal.
  • Si cette pratique se développe lentement dans les sociétés privées, elle reste rare voire inédite dans les collectivités.

De notre envoyée spéciale à Grenoble

Dans le petit bureau, Pixel, boule de poils de 35 kilos a dû mal à tenir en place. Poussé par une furieuse envie de faire un câlin, le labrador finit par grimper sur les genoux de son maître. « D’ordinaire, il est plus calme. Il se couche à mes côtés et se repose », sourit Maxence Alloto. Depuis la fin du mois de juin, les élus de la mairie de Grenoble (à majorité EELV) sont autorisés à venir travailler avec leurs chiens pour les besoins d’une expérimentation. Si la pratique se démocratise lentement dans les entreprises privées, elle reste très rare dans les collectivités.

Quatre personnes en ont fait la demande dont Maxence Aalloto, l’adjoint en charge de l’économie locale et de l’artisanat. « De temps en temps », le jeune homme vient au bureau accompagné de Pixel qu’il a adopté à l’âge de dix semaines. Dans son sac, une gamelle d’eau mais aussi quelques jouets pour l’animal. « Travailler dans une collectivité prend beaucoup de temps. Je ne suis pas souvent à la maison. Alors si je ne l’emmène pas, je ne le vois pas beaucoup », poursuit l’élu. Mais pas question non plus de perturber les habitudes de son chien. « Si j’ai des rendez-vous extérieurs, je le laisse à la maison car il serait inutile qu’il passe la journée seul au bureau. »



Le bureau, un repère

Quelques mètres plus loin, au même étage, Elwine petite chienne croisée terrier dort paisiblement dans son panier tandis qu’Hakim Sabri, adjoint en charge des finances, épluche les dossiers. « Les enfants ont grandi, ils sont partis de la maison. Notre chienne s’ennuie toute seule. A son âge, elle a besoin d’avoir des repères, le bureau en est un », explique-t-il, confessant avoir déjà pris quelques libertés avant même le début de l’expérimentation. Mais il ne s’agit pas de l’unique raison. « Elle a 16 ans. Maintenant qu’elle est vieille, je préfère la savoir avec moi. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose si je ne suis pas là », glisse-t-il en couvrant affectueusement du regard l’animal.

Hakim Sabri et sa chienne Elwine.
Hakim Sabri et sa chienne Elwine.  - C. Girardon / 20 Minutes

Martine Villalta, coordinatrice administrative, a noué une « relation fusionnelle » avec Isha, son yorkshire âgé de 7 ans, « toujours collé » à elle. A la maison, elle possède un autre chien plus indépendant. Seul Ischia a le droit de venir au bureau avec elle trois à quatre demi-journées par semaine. « Quand il me voit préparer son sac, il sait qu’on part à la mairie. Il est prêt. Il est tout content et s’est très bien adapté puisqu’il va même dire bonjour aux autres assistants quand la porte de leur bureau est ouverte. »

Martine Villalta vient travailler à la mairie de Grenoble avec son chien Isha.
Martine Villalta vient travailler à la mairie de Grenoble avec son chien Isha. - C. Girardon / 20 Minutes

Règlement intérieur

Un règlement intérieur a toutefois été édicté pour ne pas que la mairie se transforme « en zoo ». Les chiens de catégorie 1 et 2 comme les pitbulls ou les rottweilers ne sont pas autorisés. Les nouveaux animaux de compagnie comme les furets, les lapins, les hamsters non plus. Ni les chats. Les appréhensions de certains salariés ont également été prises en compte. « Il faut savoir composer avec la sensibilité de chacun. Le but de cette expérimentation est de prendre en considération le bien-être animal mais pas d’imposer son animal aux autres, non plus », expose Sandrine Krief, conseillère municipale en charge de la condition animale et membre du parti animaliste.

Un parcours spécifique a d’ailleurs été mis en place pour « éviter les rencontres fortuites ». Un ascenseur est à privilégier et des autocollants indiquant la présence de l’animal ont été apposés sur les portes des bureaux concernés. Les toutous n’ont pas le droit non plus de se promener dans les couloirs sans la présence de leur maître. Ni de manger au bureau. Toutes ces mesures ont été élaborées avec une comportementaliste animalière, Laëtitia Raichl, sollicitée pour son expertise sur le bien-être animal. « Le premier conseil est déjà de savoir gérer son chien. Mais aussi de lui prévoir une zone de repos, de penser à lui apporter des jouets sans qu’ils ne soient trop bruyants pour les collègues, explique la jeune femme. Par contre, il faut savoir l’écouter et tenir compte de ses besoins. Si le chien n’a pas envie d’aller au bureau, il ne faut pas forcer non plus. »

« Nous n’avons rien inventé, cela existe dans d’autres pays comme les États-Unis ou les Pays-Bas et cela fonctionne très bien », poursuit Sandrine Krief. « Les premiers retours sont très positifs, se félicite Eric Piolle, le maire de Grenoble. Amener son chien au bureau permet de créer du lien, ça apaise… Et cela n’empêche pas de travailler ! »