Nantes : « Elle l’aura pour ses 16 ans… » Entre ados et parents, le tatouage n’est pas forcément motif de conflit
REPORTAGE•A la Nantes tattoo convention, on vient parfois en famille pour se faire tatouer ou pour se renseignerJulie Urbach
L'essentiel
- Alors que de nombreux ados désireux de se faire tatouer se heurtent au refus de leurs parents, ce n’est pas le cas dans toutes les familles.
- Reportage à la Nantes tattoo convention, où l’on vient ensemble pour « mûrir son choix » voire franchir le pas.
Elle déambule entre les stands, un peu comme dans un salon d’orientation. Mais Louanne, 17 ans et demi, n’est pas venue ici pour se trouver un métier. Accompagnée de son petit frère et de ses parents, qui lui ont fait la surprise de l’emmener à la Nantes tattoo convention au parc des expositions de la Beaujoire ce dimanche, la jeune fille est à la recherche de la phrase qu’elle se fera inscrire sur la côte, dans quelques mois. « Ça fait longtemps qu’elle en parle, donc on a décidé de lui offrir pour ses 18 ans, racontent ses parents, 39 et 42 ans. On préfère l’accompagner, qu’elle mûrisse encore son choix, plutôt qu’elle fasse ça toute seule de son côté. »
Parmi les milliers de visiteurs de ce grand rendez-vous, cette famille n’est pas une exception. Lily, 14 ans, n’aura par exemple pas à cacher son futur tattoo, bien au contraire. L’adolescente, qui tient la main de sa maman, a déjà obtenu l’autorisation parentale nécessaire pour tout mineur qui souhaite passer sous l’aiguille. « On est d’accord, même si on lui a demandé d’attendre, elle l’aura pour ses 16 ans, confient ses parents Julie et Yann, eux-mêmes tatoués plusieurs fois chacun. On en a parlé ensemble, elle veut se faire inscrire la date de naissance de son frère et de sa sœur. Ça nous convient, car c’est quelque chose de symbolique. Pas un petit dessin qui ne sert à rien. »
Ne pas regretter plus tard
Présenter un projet qui a du sens, c’est aussi comme cela qu’Erwan, 17 ans, a réussi à convaincre sa mère de signer le papier l’an dernier. « Elle a compris que c’était vraiment important pour moi, que j’en avais besoin », raconte le jeune homme, qui s’est fait recouvrir le mollet dans la foulée, en hommage à son papa. « Je l’ai accompagné devant la porte et je l’ai laissé faire, poursuit Clarisse, 48 ans. Je ne tenais pas non plus à le voir souffrir ! J’ai trois tatouages, donc je sais ce que c’est. Tant qu’il n’en voulait pas un sur la tête et que ça reste discret… »
Car si ces adultes, souvent déjà tatoués, accueillent positivement la demande, ils ne disent pas amen à tout. Motif, emplacement… tout doit être bien réfléchi pour éviter que leurs enfants ne le regrettent plus tard. Un avis partagé par les professionnels, dont certains refusent tout bonnement de tatouer les moins de 18 ans. « J’accepte à partir de 16 ans, mais avec la présence des parents, rapporte de son côté Catherine Steuer, tatoueuse à Marseille. Par contre, je refuse les endroits visibles, comme les mains, l’arrière de l’oreille, le visage… J’ai aussi un jeune qui m’a demandé une feuille de cannabis. Là, c’est non ! »
Les parents s’y mettent
Allongée à plat ventre, Nora va repartir avec un lion entouré de fleurs sur le mollet, un motif flash pour lequel elle a eu « un véritable coup de cœur ». L’étudiante, qui s’est heurtée au refus de ses parents quand elle était mineure, est venue se faire tatouer au salon avec son amie Louna, 18 ans… et Karine, la maman de celle-ci. Dans ce binôme, c’est cette fois, la plus jeune qui, après quatre tatouages, a motivé l’autre à sauter le pas. Ce dimanche soir, cette femme de 54 ans est passée sous l'aiguille pour la première fois. « On a choisi quelque chose de discret, une fleur au niveau de la cheville, raconte la seule de la famille qui n’était pas encore tatouée. Ce n’était pas forcément prévu pour aujourd’hui mais je trouve ça super de faire ça ici, avec mes enfants. »