L'essentiel

  • La région Hauts-de-France teste un bassin mobile dans une petite commune de l'Aisne pour permettre l'enseignement de la natation aux élèves de l'école primaire.
  • L'expérimentation doit donner lieu à une évaluation début octobre pour savoir si le dispositif sera déployé dans d'autres zones carencées en piscine.

«Si tu ne peux pas aller à la piscine, c’est la piscine vient à toi ». Pour la vice-présidente aux Sports de la région Hauts-de-France, Florence Bariseau, l’idée est simple. Restait à la mettre en pratique car dans certains secteurs, un enfant sur trois ne sait pas nager en arrivant au collège.

Face à ce constat, la région Hauts-de-France a décidé de développer l’apprentissage de la natation dans le primaire avec un prototype de bassin mobile. Il s’agit d’une mini-piscine couverte équipée d’un bassin de 8 mètres sur 2 mètres, d’une profondeur pouvant varier entre 10 cm (pour les plus petits) à 1,20 m. Depuis quinze jours et jusqu’au 15 octobre, l’installation trône à Marle, dans l’Aisne.

Zones carencées

Cette commune d’un peu plus de 2.000 habitants fait partie des nombreuses zones carencées de la région, où le premier bassin nautique se situe à 25 km, à Laon. « Il faut plus d’une heure de bus aller-retour pour aller à la piscine. Pour des enfants de l’école primaire, cela signifie un long trajet pour seulement vingt minutes dans l’eau », souligne Florence Bariseau.

Difficile dans ces conditions, d’apprendre à nager correctement. C’est une des raisons pour lesquelles, en France, un quart des noyades accidentelles concernent des enfants de moins de 6 ans.

« Au Quesnoy, dans le Nord, nous avions mis en place un plan d’apprentissage autour d’un bassin naturel, par exemple », explique Florence Bariseau. Cette fois, la région a trouvé une société suisse, Aqwa Itineris, qui commercialise des bassins itinérants accessibles aussi aux personnes à mobilité réduite.

Prototype testé en Suisse

L’idée est née, il y a quelques années, dans la tête de Jean-François Buisson, lors d’expéditions humanitaires au Maroc. « Dans le cadre de mes activités, je devais enseigner la natation pour éviter la mortalité lors des fréquentes inondations. Sauf que dans les zones montagneuses du pays, il n’y a pas de piscine. Nous avons dû bricoler ce bassin itinérant », raconte-t-il à 20 Minutes.

Le prototype est ensuite testé dans certains villages suisses, en 2018, avant que la ministre française des Sports, Roxana Maracineanu, ne s’intéresse au projet. « A sa demande, le bassin mobile est installé à Cergy-Pontoise, pendant deux semaines, à l’été 2019, pour des activités ludiques », indique son inventeur.

Première région à expérimenter le dispositif

L’initiative est reprise par la région Hauts-de-France, mais pour une expérience plus pédagogique. « Nous sommes la première région à expérimenter ce dispositif avec la Ligue de natation et l’Education nationale, pour un budget de 50.000 euros », glisse Florence Bariseau. Une évaluation pédagogique doit être effectuée, début octobre, dans une piscine classique, pour déterminer l’efficacité de l’apprentissage.

« En fonction des résultats, nous allons déployer ou non le principe dans d’autres zones carencées de la région », assure Florence Bariseau. L’achat d’un bassin coûte entre 500.000 et 600.000 euros. Beaucoup moins cher que la construction et l’entretien d’une piscine.