Rave party de Redon : Dans une enquête, Amnesty International dénonce « une violation des droits humains »
TEUF•Plusieurs personnes avaient été blessées par l’intervention des forces de l’ordre lors de cette teuf organisée du 18 au 19 juin
Camille Allain
L'essentiel
- Plusieurs participants à la rave party de Redon avaient été blessés lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans la nuit du 18 au 19 juin.
- Depuis, les critiques pleuvent pour dénoncer l’usage disproportionné de la force par les gendarmes et policiers lors de cette teuf.
- Dans un rapport publié ce mardi, l’ONG Amnesty International estime que « les droits humains » ont été violés et demande une enquête indépendante.
Les critiques continuent de s’accumuler pour sanctionner la gestion de la rave party de Redon. Trois mois après l’intervention des forces de l’ordre en pleine nuit pour évacuer les teufeurs de l’ancien hippodrome, c’est une enquête d’Amnesty International qui vient s’ajouter aux multiples critiques déjà formulées. Accusées d’avoir empêché les secours d’intervenir malgré les blessures parfois très graves de certains fêtards, les forces de l’ordre sont de nouveau montrées du doigt. Dans son rapport, l’ONG s’érige contre les violences mais aussi contre la destruction gratuite et illégale du matériel de sonorisation au lendemain de l’évacuation manquée.
Après avoir interrogé douze personnes présentes sur place et épluché les nombreuses vidéos, Amnesty est arrivé à la conclusion « que l’usage de la force n’était ni nécessaire, ni proportionné, contrairement à ce qu’exigent les principes de base des Nations unies sur le recours à la force et le droit français ». L’ONG estime que « des violations des droits humains ont été commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre » en marge du teknival. « Il est inacceptable que des opérations de maintien de l’ordre, a fortiori pour disperser un simple rassemblement festif, conduisent, à des blessures allant jusqu’à la mutilation », critique Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France.
« Des conditions extrêmement dangereuses et sans visibilité »
Lors de ces affrontements qui ont duré une bonne partie de la nuit, un jeune homme originaire de Rennes a perdu sa main. Mais il n’a pas été pris en charge par les secours, qui n’arrivaient pas à accéder au site. C’est par ses propres moyens, aidé par d’autres fêtards qu’il a été emmené à l’hôpital en voiture. Un chaos total que ne digère pas l’ONG. « Les forces de l’ordre n’ont pas respecté les principes de nécessité et de proportionnalité prévus par le droit international du recours à la force. Celle-ci a été utilisée en premier recours, sans médiation ou communication préalable, sans instruction sur les modalités d’évacuation du site, dans un champ, de nuit. Des grenades ont été lancées sur des personnes réunies à un rassemblement festif, dans des conditions extrêmement dangereuses et sans visibilité, alors que ces armes peuvent mutiler », déplore Amnesty dans son rapport.
Plusieurs enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le parquet de Rennes à la suite de cette soirée qui devait être un hommage à Steve Maia Caniço, mort noyé lors d’une charge policière en marge de la Fête de la musique à Nantes. Avant même de connaître les conclusions de ces enquêtes, l’ONG demande « la création d’un organe indépendant chargé d’enquêter sur les plaintes déposées contre les agents de la force publique », afin d’éviter « que les responsabilités des gendarmes et de leur hiérarchie ne soient pas engagées pour cette opération ». Comme de nombreuses autres organisations, Amnesty International appelle également le gouvernement français à interdire les grenades explosives en maintien de l’ordre.