Lyon : Les crèches de plein-air, c'est pour bientôt
PETITE ENFANCE•La ville de Lyon a annoncé que le premier modèle du genre devrait être livré en 2023Caroline Girardon
L'essentiel
- La ville de Lyon souhaite multiplier les crèches de « plein-air » d’ici la fin du mandat, comme il en existe déjà à Paris, en Allemagne, en Suisse ou au Danemark.
- Il s’agit d’établissements proposant uniquement des activités en extérieur, y compris les repas et les siestes et quel que soit le temps.
- Reportage au sein de la crèche Saint-Maurice de Lyon qui multiplie déjà les activités à l’air libre et qui a testé pour la première fois, cet été, les siestes dehors.
Doudous calés dans les bras ou sucettes enfoncées dans la bouche, serrés les uns contre les autres, ils écoutent attentivement l’histoire du jour, ne perdant pas une miette des aventures de la hulotte. La lecture se fait dehors, dans la cour de l’établissement. C’est l’une des particularités de la crèche Saint-Maurice de Lyon qui, bénéficiant d’un petit parc et d’une cour, a décidé de multiplier les activités en extérieur pour le bien-être des enfants. Un établissement précurseur, en quelque sorte.
Mardi, la ville de Lyon n’a pas caché ses ambitions : voir essaimer des crèches de « plein-air » un peu partout d’ici la fin du mandat. Des établissements où toutes les activités se dérouleraient en extérieur, y compris les repas et les siestes. Et quel que soit le temps. La première du genre, située sur l’esplanade Mandela dans le quartier de la Part-Dieu, doit être livrée en 2023. La seconde, érigée sur le site de l’ancienne clinique Trarieux, devrait suivre un an plus tard. Le concept existe depuis longtemps au Danemark, en Suisse ou en Allemagne. Et depuis peu à Paris. Les élus lyonnais ont d’ailleurs fait plusieurs fois le déplacement dans la capitale pour observer ce qui se fait et glaner des conseils.
« Ça les défoule d’être dehors »
« Le personnel nous a assuré qu’il ne retournerait travailler dans une crèche classique pour rien au monde. Passer du temps dehors permet aux enfants d’avoir un meilleur temps de sommeil. Cela développe leur motricité, améliore leur concentration et fait baisser leur agressivité », argumente Steven Vasselin, adjoint en charge de la petite enfance à la ville de Lyon.
« On note tout de suite un changement d’ambiance. Quand ils jouent dans le parc, les enfants passent du temps à se cacher derrière les buissons, à chercher des coccinelles, à rapporter des escargots ou des petits cailloux. La sérénité s’installe, ils sont bien plus apaisés au final », abonde Khadija Herhar, la directrice de la crèche Saint-Maurice. « Ça les défoule d’être dehors. Quand ils sont enfermés toute la journée, on sent une forme d’électricité, ajoute Lucie, éducatrice petite enfance. A l’intérieur, nous devons temporiser les cris alors qu’à l’extérieur, ils sont beaucoup plus calmes. »
Des siestes dehors
En juillet, l’établissement a expérimenté pour la première fois la sieste dehors. Une après-midi. « Nous avons tendu une bâche dans la cour et installé les couchettes dessous pour abriter les enfants du soleil. Au début, ils regardaient et écoutaient le chant des oiseaux, on pensait que cela allait peut-être les empêcher de dormir, qu’ils auraient besoin d’être dans la pénombre. Mais pas du tout, ils se sont endormis bien plus rapidement », raconte Sihem, agent petite enfance.
« Ils étaient surtout curieux mais pas du tout effrayés », abonde Khadija Herhar, désireuse de renouveler l’expérience au printemps prochain. « Ce sont les adultes qui avaient des réticences au départ, pas les enfants », sourit Lucie. « Après, il faudra voir comment ça se passe quand il fera plus froid. Une seule expérience, c’est un peu court pour en tirer des conclusions, prévient Karine, agent petite enfance. Il serait intéressant de renouveler les siestes dehors sur le long terme. »
Steven Vasselin, lui, se montre plus confiant. « Au Danemark, on dit qu’il n’y a jamais de mauvais temps, seulement de mauvais équipements », répond malicieusement l’élu. Et d’ajouter : « Le tout est de lever les freins vis-à-vis des parents. » Qu’ils se rassurent toutefois, les structures bâties continueront d’exister. « Il n’est pas question de supprimer les bâtiments, ils seront toujours essentiels pour accueillir des WC, de salles où changer les plus petits, pour s’abriter », poursuit Steven Vasselin, conscient que chaque crèche ne pourra non plus basculer en mode « plein-air », notamment celles qui accueillent des nourrissons. « Notre objectif est de tendre vers ce modèle au maximum en apportant des solutions structurelles pour les établissements existants, en végétalisant les cours tout en s’adaptant au contexte », conclut-il.