REPORTAGE« Plus libre avec le pass », dans les rues d'Aix-en-Provence

Pass sanitaire : A l'heure du déjeuner, des touristes « plus libres avec le pass » dans les rues d'Aix-en-Provence

REPORTAGE« Bonjour, merci de patienter et de préparer vos documents pour le pass sanitaire », annoncent des ardoises de restaurants d’un genre nouveau
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Ce lundi marque l’entrée en vigueur du pass sanitaire, notamment pour les restaurants, bistrots et café.
  • Dans le centre touristique d’Aix-en-Provence, cette première journée s’est passée, semble-t-il, sans impact notable sur l’affluence.
  • « On va savoir dans les jours qui viennent », tempère un restaurateur alors que le mois d’août est celui où il marche traditionnellement le mieux.

Des ardoises d’un type nouveau ont fait leur apparition à l’entrée des restaurants. A côté de celles affichant les plats du jour – ici des pieds paquets, là des gambas poêlées – d’autres annoncent le contrôle à l’entrée des pass sanitaires, dont l'usage a été étendu à l'entrée des restaurants et cafés ce lundi. Certes, il y avait quelques tables vacantes. Celles trop exposées au brûlant soleil qui règne en maître dans le ciel d’Aix-en-Provence ( Bouches-du-Rhône). Dans les ruelles sinueuses et sur les placettes ombragées de platanes, touristes, locaux, restaurateurs et cafetiers se plient sans difficulté à cette nouvelle loi.

« Plus libre avec le pass »

Parmi les visiteurs, il y a celles et ceux pour qui « ça ne change rien », à l’image de David et Margot, venus du Médoc, en Gironde, et celles et ceux qui se sentent « plus libre avec le pass », formule Maryline, venue de Rennes avec des amis. Quelques-uns sont pris de court, comme ce couple de touristes hollandais, visiblement agacés et affairés avec les papiers nécessaires à la réalisation d’un test PCR en pharmacie. Il y a aussi ceux qui s’organisent un peu à la dernière minute, tels Etienne et Elise, jeunes vingtenaires venus de Paris, qui attendent le résultat de leurs PCR faits dans une pharmacie du cours Mirabeau. « J’ai les deux doses, mais mon pass n’est pas encore activé », explique-t-il posément. « On va se faire un petit resto puis un ciné ».

« Je ne le fais pas de gaîté de cœur, mais je joue le jeu »

Restaurateurs et bistrotiers accueillent ce nouveau dispositif avec calme et une pointe d’interrogation. « Pour l’instant ça se passe bien, les gens comprennent », témoigne Sigfried serveur dans un établissement situé à deux pas de la cour d’appel. Mais avec près de 180 couverts, il se demande « comment cela va se passer pendant le coup de feu ». A l’heure dite, aux alentours de 13 heures, de petites files se forment aux entrées des restaurants. « Ça crée de l’attente », soupire Charlotte qui tient un petit bistrot sur une placette typique, -fontaine, pierres apparentes et micocoulier. « Je ne le fais pas de gaîté de cœur, mais je joue le jeu ». Les QR codes sont contrôlés avec l’application « Tous anti-covid Verif ». Ces scènes se répètent, laissant entrevoir une sorte de rituel nouveau dans la restauration française : clients et serveurs s’approchent smartphone en mains.

« C’est assez absurde cette histoire de liberté »

Pas de quoi effrayer Angely, Adrian et leurs deux amis. Elle vient de Californie et lui du sud du Royaume-Uni. Au fait de l’actualité, ils ont pu voir passer la manifestation anti-pass de samedi dernier qui a réuni 2.500 personnes à Aix. Une opposition qu’ils peinent à comprendre. « C’est assez absurde cette histoire de liberté », jugent-ils. « Parce que c’est une liberté égoïste ». Un avis que partage Bernard, Christiane et Laurence, des Aixois attablés cours Mirabeau. « Tout se passe très simplement. Et dans six mois, ce sera normal et plus personne ne parlera du pass », prophétise-t-il. Un peu plus loin, un serveur y va aussi de son pronostic : « Moi je ne leur donne pas une semaine avant qu’ils prennent une nouvelle décision ». Pass sanitaire ou pas les discussions de café ne semblent pas près de s’arrêter.

Car pour l’heure difficile de mesurer l’effet sur la fréquentation des restaurants. « Août est toujours notre meilleur mois, affirme Didier. Ces derniers jours, il y avait une très bonne affluence. Est-ce parce que les gens se jetaient au restaurant avant de ne plus pouvoir y aller, ou bien est-ce simplement du fait de la fréquentation touristique ? », s’interroge-t-il. « On va savoir dans les jours qui viennent », conclut-il.