Une année « soutenue » pour la police des polices malgré la crise sanitaire

Pour la police des polices, une année 2020 « soutenue » malgré la crise sanitaire

CORONAVIRUSLa police des polices a reçu un nombre important de signalements liés directement à la gestion de la crise sanitaire et aux mesures sanitaires
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • L’Inspection générale de la police nationale a présenté ce mardi son rapport annuel.
  • Marquée par la crise sanitaire et les périodes de confinement successif, l’année 2020 a toutefois été « soutenue » pour la police des polices, a expliqué sa directrice, Brigitte Jullien, lors d’une conférence de presse.
  • Au total, ses services ont été saisis de 1.101 enquêtes judiciaires et ont traité 5.420 signalements via la plateforme mise en place par le ministère de l’Intérieur en 2013.

Une année « animée », « même si on avait l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues ». L’inspectrice générale Brigitte Jullien, cheffe de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), a présenté ce mardi un rapport annuel de la « police des polices » marqué par les mesures sanitaires prises pour lutter contre le coronavirus. Malgré les périodes de confinement et de couvre-feu, l’activité du service a été « soutenue » en 2020, indique le document. Quelque 5.420 signalements ont été reçus sur la plateforme créée en 2013 sur le site du ministère de l'Intérieur, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2019. Contrôles d’attestation, du port du masque obligatoire… : la hausse s’explique pour partie par un nombre important de signalements liés à la contestation des verbalisations.

« La verbalisation de la population par les policiers a été mal vécue et, quelquefois, faite dans des conditions un peu critiquables, reconnaît Brigitte Jullien. Nous l’avons relevé et poursuivi les policiers qui se sont comportés de manière inappropriée. » La hausse des signalements est aussi liée au mouvement «Black lives matters » et aux manifestations organisées contre la loi sur la sécurité globale.

Près de 80 % des signalements ont été jugés recevables. Dans le détail, un quart d’entre eux a concerné un usage excessif de la force, 18,5 % un manque de respect dû à la population, 17,22 % au refus de prendre une plainte ou à l’absence de considération du statut de plaignant ou de victime.

« Une année très soutenue en judiciaire »

« On a également eu une année très soutenue en judiciaire », souligne la cheffe de l’IGPN. En 2020, les services d’enquête de la police des polices ont été saisis par les parquets de 1.101 enquêtes, contre 1.460 en 2019 – qui reste une année record –, 1.180 en 2018 et 1.085 en 2017. Près de la moitié (48,5 %) des saisines porte sur des accusations de violences commises principalement lors d’une interpellation (41,5 %) ou lors d’une manifestation (21,5 %). Dans une moindre mesure, les contrôles d’identité et les contrôles routiers sont à l’origine de respectivement 13,5 % et 11 % des saisines.

Par ailleurs, 173 enquêtes administratives pré-disciplinaires (déontologie, manquement professionnel…) ont été ouvertes en 2020, contre 224 en 2019, soit une baisse de 30 %. Une baisse qui s’explique, selon Brigitte Jullien, par le fait que « les directions [de la police nationale] ont développé des enquêtes administratives ». Pas moins de 520 manquements ont été relevés par l’IGPN au cours de ces enquêtes, dont 20 % liés au devoir d’exemplarité. La police des polices a proposé des sanctions contre 229 agents, dont 122 renvois devant le conseil de discipline.