L'essentiel
- Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar a disparu de son domicile en pleine nuit, sans laisser de trace.
- Incarcéré depuis le 18 juin pour « meurtre sur conjoint », Cédric Jubillar, qui nie son implication, a fait appel cette semaine de son placement en détention.
- La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse a décidé ce jeudi de le maintenir en prison.
Il reste en prison. Incarcéré depuis trois semaines à la maison d’arrêt de Seysses, Cédric Jubillar, soupçonné de « meurtre sur conjoint », n’a pas obtenu sa remise en liberté, plaidée mardi devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse. Le mari de Delphine, cette infirmière disparue dans la nuit de 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, et dont le corps n’a jamais été retrouvé, continue à nier son implication.
Pour la présidente de la chambre de l’instruction, « il y a des indices graves et concordants » qui permettent de penser que Cédric Jubillar ait participé au meurtre de sa femme, écartant les autres pistes, notamment celle du rôdeur. Et elle a justifié son maintien en détention pour éviter, notamment, « toute » pression de Cédric Jubillar sur les témoins.
« Ce qui nous paraît surprenant, c’est que la cour d’appel énonce comme une vérité la thèse selon laquelle il est impossible que Delphine Jubillar soit disparue dans d’autres conditions, c’est-à-dire par une mauvaise rencontre. Nous avons exposé des pistes qui peuvent peut-être laisser penser que cette femme ait pu rencontrer un rôdeur, il y a des pistes qui n’ont pas été fouillées », a réagi Alexandre Martin, l’un de ses trois avocats.
Avec force, mardi lors de l’audience, ils ont mis en avant ce qu’ils estiment être les « carences » de l’enquête des gendarmes en charge du dossier. Ils ont démonté point par point les arguments de l'accusation, que ce soit la condensation retrouvée dans la voiture et qui pourrait laisser à penser qu’elle a été utilisée, ou encore la couette où dormait Delphine, lavée, mais retrouvée trente-quatre heures après dans le lave-linge.
Ils ont par contre tenu à mettre en avant des pistes « balayées » trop vite selon eux. Comme celle de cet homme qui s’est accusé par SMS du meurtre de Delphine Jubillar auprès de son ex-compagne. Ou encore, cette voiture repérée par deux conducteurs différents à 2,5 km de Cagnac entre 5h15 et 5h30, dans un chemin de terre, lampe du plafonnier allumée et un homme courant à proximité. Mais aussi ce chauffeur de taxi qui a affirmé avoir vu une femme marcher le long de la route, à 15 km du domicile des Jubillar, le 16 au matin, avec un haut blanc, la couleur de la doudoune de Delphine.
Comportement et menaces
Des contrefeux pour que leur client ne soit pas l’unique suspect dans cette affaire alors que le procureur de la République de Toulouse expliquait lors de la mise en examen de Cédric Jubillar que toutes les autres portes avaient été refermées.
Si aucune preuve ne le relie à un éventuel meurtre de sa femme, des indices ne plaident pas en sa faveur. En particulier son attitude et ses menaces. Il a en effet, avant la disparition de sa femme avec qui il était en instance de divorce, indiqué à plusieurs reprises qu’il voulait la tuer et l’enterrer dans un endroit où on ne pourrait pas la retrouver. Le matin de sa disparition, s’il paraît inquiet au téléphone lorsqu’il appelle les gendarmes ou sa mère, la première chose qu’il fait en rallumant son portable, c’est de consulter un site de rencontres. Ou plus tard dans la matinée, alors que les gendarmes sont sur le pont pour la rechercher, de jouer sur son portable.
Selon l’enquête, il aurait aussi surveillé les réseaux sociaux de sa femme pour savoir si elle avait un amant, cherchant même à la géolocaliser. Il épluchait ses comptes en banque pour déterminer ce qu’elle achetait et où. Le matin de sa disparition, Delphine Jubillar avait d’ailleurs rencontré sa conseillère bancaire pour changer le code secret de son compte et interdire l’accès des livrets de ses enfants à son mari. Celui-ci, souvent confronté à des difficultés financières, avait régulièrement pioché dans les comptes de ses enfants, avant de les rembourser, ou demandé à sa femme des avances.
Ses avocats vont désormais demander au magistrat instructeur d’entendre à nouveau leur client « qui n’a à craindre aucune des questions qui pourront lui être posées » et vont solliciter des actes d’instruction sur les pistes qu’ils ont évoquées.