Marseille : L’association « Toi à Moi » recherche appartement (et donateurs) pour loger les sans-abri
SOLIDARITE•A ce jour, 35 donateurs réguliers se sont engagés avec l’association Toit à Moi pour financer l’achat d’un premier appartement, dont la recherche a commencéCaroline Delabroy
L'essentiel
- Basée à Nantes et présente dans huit villes en France, l’association «Toit à Moi» se lance dans la cité phocéenne avec Marseille Solutions.
- Une campagne participative est en cours pour trouver les 120 donateurs réguliers qui permettront ainsi de loger une personne sans-abri et plus encore de l’accompagner vers sa réinsertion.
- La recherche du premier appartement, un T2, est d’ores et déjà lancée, dans le centre-ville de Marseille, et proche des transports.
«L’appartement vient de nous être soufflé, les gens achètent sur papier ». Comme tout acheteur potentiel à Marseille, Colombe Pigearias, coresponsable de Marseille Solutions, se frotte aux aléas d’un marché immobilier post-confinement en plein boum. A ceci près qu’il s’agit ici d’acheter le premier appartement marseillais de l’association Toit à Moi. Basée à Nantes et présente dans huit villes en France, cette structure aide les personnes sans-abri à changer de vie, en commençant par les loger.
« On leur a proposé de venir ici car c’est une initiative qui a fait ses preuves ailleurs, et on considère qu’elle a sa place à Marseille, poursuit-elle. C’est une idée finalement assez simple, celle de s’unir pour trouver un logement à une personne démunie, plutôt que donner chacun de son côté. »
Un crowdfunding a été lancé début juin sur la plateforme HelloAsso. Il vise à atteindre environ 120 donateurs, sur la base de 20 euros mensuels sur cinq ans, « soit 5 euros par mois avec la défiscalisation », précise Colombe Pigearias. « On a pour le moment 65 donateurs, mais une moyenne de dons de 35 euros par personne qui est supérieure aux autres villes », ajoute-t-elle. De quoi, avec la trésorerie de l’association, débuter les démarches pour l’achat d’un premier appartement.
Déjà 35 appartements en France
Le budget est de 80.000 à 120.000 euros, hors frais d’agence et de notaire, et le cahier des charges précis : un T2, si possible en rez-de-chaussée s’il n’y a pas d’ascenseur. « Au début, la personne a tendance à passer pas mal de temps chez elle, explique la coresponsable de Marseille Solutions. Dans l’idéal, on essaie de ne pas ghettoïser et de trouver dans un quartier à forte mixité sociale, en centre-ville et accessible en transport en commun. » « Je n’ai eu aucune réticence des agences », assure Colombe Pigearias qui rappelle la « sécurité financière de Toit à Moi, qui a déjà acheté 35 appartements en France. »
Quant au voisinage, Marseille Solutions, déjà à l’initiative de Coco Velten (centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri) ou de l’Auberge marseillaise pour les femmes vulnérables, rappelle que la personne n’est pas laissée seule. Elle bénéficie de tout un accompagnement socioprofessionnel, qui est lui financé par le mécénat d’entreprise. « Il y a toute une équipe de bénévoles autour de la personne, ajoute Colombe Pigearias, l’objectif est de l’accompagner vers la réinsertion, qu’elle soit en mesure à terme de payer un loyer. Et d’un point de vue juridique, pour la copropriété ou le syndic, c’est traité avec l’association qui est propriétaire, pas la personne. »
« Accepter un accompagnement »
« C’est comme tout nouveau voisin qu’on regarde du coin de l’œil au départ », rassure aussi Colombe Pigearias qui, à sa connaissance, ne connaît que le cas de trois personnes (sur les 65 logées dans des appartements de l’association) qui ont finalement quitté les lieux. « C’est un comité de pilotage, formé avec différentes associations locales parmi lesquelles la Fondation Abbé-Pierre, qui choisit la personne accompagnée, poursuit-elle. Parmi les critères, il y a l’urgence et au-delà la volonté de la personne à accepter un accompagnement. »
L’association espère bien boucler un premier achat pour la rentrée, et un deuxième d’ici la fin de l’année 2021, avant d’envisager la suite. « C’est certes peu en quantité, mais c’est très qualitatif, avance Colombe Pigearias. C’est rare de mettre à disposition toute une équipe pour accompagner une personne pendant deux ans. » Et les victoires sont là, comme celle de ce bénéficiaire de Toulouse devenu à son tour donateur.