REPORTAGEUne mairie propose des stages de motocross pour endiguer les rodéos urbains

Vaulx-en-Velin : Pour endiguer les rodéos urbains, des jeunes partent en stage de motocross

REPORTAGELa ville de Vaulx-en-Velin propose à 60 jeunes de participer à des séances de motocross sur un circuit dédié afin de canaliser les rodéos urbains
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • 20 Minutes s’est rendu à Beauvallon où six jeunes de Vaulx-en-Velin ont été invités à faire un stage de motocross.
  • La mairie espère ainsi endiguer les phénomènes de rodéos urbains. Elle entend mettre en place dans les prochaines semaines, un plateau pédagogique sur lequel les adolescents pourront rouler de façon surveillée et encadrée.

Au loin, les bruits pétaradant des motocross s’échappent des petits bois longeant la départementale pour venir quelque peu gentiment perturber la tranquillité des vaches broutant dans les champs annexes. Nichée au cœur de la commune de Beauvallon dans le Rhône, la piste de quad accueille ce jour-là six jeunes de Vaulx-en-Velin, commune située dans la banlieue est de Lyon. La petite équipe a été conviée à rouler durant deux heures sur le circuit.

« On espère ramener un peu de tranquillité dans nos villes », souffle Hélène Geoffroy, la maire socialiste de Vaulx-en-Velin. L’objectif est en effet de proposer à ces adolescents de se défouler sur les pistes de la campagne, une fois par semaine jusqu’à la fin de l’année. Une façon de canaliser les phénomènes de rodéos urbains, espère-t-elle. « Certains sont le fait de trafiquants de drogue, qui assurent de cette manière leurs livraisons. Mais d’autres sont l’œuvre d’adolescents désœuvrés, résume l’élue. L’intervention de la police dans ce cas-là, n’est pas une réponse adaptée même si l’on comprend très bien l’exaspération des riverains. L’idée est de retirer ces jeunes de sous leurs fenêtres. »

Proposer des pratiques alternatives pour enrayer les rodéos

« On ne fera pas disparaître les rodéos, affirme Mehdi Bensafi avec clairvoyance. Mais nous pensons pouvoir l’endiguer en proposant des pratiques alternatives. » Natif de Vaulx-en-Velin, l’homme est surtout connu pour être l’entraîneur de l’équipe de France de taekwondo. Mais il dirige aussi en Auvergne-Rhône-Alpes l’association Synergie Family sur laquelle la mairie s’est appuyée pour mettre en place ses stages de pilotage. « La demande venait des jeunes eux-mêmes. La plupart d’entre eux sont de vrais passionnés de motos mais ils ne disposent pas d’infrastructures pour rouler », développe le trentenaire. Et d’insister : « En créant cette discipline, on espère marginaliser la pratique du rodéo, leur montrer que c’est ça la moto. Dans un an, ils diront que ceux qui roulent en roue arrière sont périmés. »

Casque vissé sur la tête, Fares, âgé de 18 ans, confirme. Lui a tenu son premier guidon à six ans en compagnie de ses grands frères. « Quand on roule dans les rues, ce n’est pas pour embêter les gens », s’excuse-t-il. Le garçon confesse avoir eu affaire à deux reprises avec la police. « Depuis, je ne roule plus en ville. Je vais sur des voies ferrées fermées quand on trouve un camion pour transporter les motos. »

« Cela évitera aux copains de rouler sous les fenêtres de gens »

Djabrael, 16 ans, a lui aussi commencé à piloter très tôt. Dès l’âge de 8 ans. Le garçon, intarissable sur le sujet, assure ne pas se livrer à des rodéos urbains. « Je roule sur des lignes droites fermées, des terrains à Givors ou des parkings déserts des grandes surfaces », explique-t-il, saluant l’initiative de la mairie. « Cela évitera aux copains de rouler sous les fenêtres de gens et c’est franchement super », glisse-t-il conquis.

La mairie de Vaulx-en-Velin a d’ores et déjà prévu d’ouvrir un plateau pédagogique sur la commune dans les prochaines. La pratique de la moto sera encadrée par des professionnels et le terrain accessible à des horaires bien définis. Ce que salue Jérôme Peillon, éducateur sportif et directeur de Moto Quad Concept. « Si tu mets une structure au cœur de la ville, tu amènes une alternative au cross bitume. Aujourd’hui, il manque clairement de structures dans les milieux périurbains ».

Mehdi Bensafi va même plus loin : « L’idéal serait de pouvoir créer à terme un club de moto sur Vaulx-en-Velin avec des médiateurs à moto qui pourraient faire tampon entre les jeunes et les forces de l’ordre. Cela serait la finalité ultime. »