LOGEMENTAu Pays basque, colère face à la flambée des prix de l'immobilier

Pays basque : La colère monte face à la flambée des prix de l'immobilier

LOGEMENTDes inscriptions dénonçant la hausse frénétique des prix de l’immobilier, fleurissent sur les agences immobilières et certaines maisons de la côte basque
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Au Pays basque, les prix au m2 s’envolent, poussés par le marché des résidences secondaires et des nouveaux arrivants.
  • Dans le village de Guéthary on compte ainsi plus de 50 % de résidences secondaires et un prix moyen de vente à 7.400 euros le m2.
  • En mars, une banderole à Urrugne arborant le message « Parisiens, rentrez chez vous, vous êtes le virus du Pays basque » avait enflammé l’opinion.

La situation est particulièrement électrique dans l’agglomération du BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz) (Pyrénées-Atlantiques). « Euskal Herria ez da salgai » ou « Le Pays Basque n’est pas à vendre » : ces inscriptions fleurissent sur les devantures des agences immobilières et les façades des maisons à vendre de la côte basque, où les prix au m2 s’envolent, poussés par le marché des résidences secondaires et des nouveaux arrivants.

« Ça se crispe énormément, on le sait tous, la mèche est allumée », souffle le membre, anonyme, d’un collectif de militants de la côte basque qui lutte pour que l’immobilier reste accessible.

Si 59 % des habitants du Pays basque sont encore propriétaires de leur logement, « il y a des jeunes qui rentrent dans la vie active qui sont désespérés. Et le désespoir, quand il est mobilisateur, il peut devenir dangereux », ajoute le militant de ce groupe pacifique baptisé BAM (Baiona Angelu Miarritze – Bayonne Anglet Biarritz).

« Il n’y a même plus de prix du marché »

Les agences immobilières sont les premières cibles de cette colère. Les tags qui les recouvrent de plus en plus régulièrement font revivre le souvenir des années 2007/2008, lors desquelles le mouvement Irrintzi avait revendiqué plusieurs sabotages et plastiquages d’enseignes immobilières ou de résidences secondaires.

« Ce n’est pas la première fois que nos agences immobilières ou des maisons sont ciblées », acquiesce Marie-Pierre Burre-Cassou, maire de Guéthary, village de 1.300 habitants, « avec plus de 50 % de résidences secondaires » et un prix moyen de vente à 7.400 euros le m2.

« Ici, on n’a plus aucun cadre, il n’y a même plus de prix du marché », souffle l’édile, s’avouant « démunie face à cette crise ». Son homologue à Biarritz, Maider Arosteguy, se dit « particulièrement pessimiste sur ce qui peut arriver ». « Le risque, c’est que toute une partie de la jeunesse du Pays basque va se radicaliser ».

« On en vient à regretter "la bonne époque d’ETA" »

Mi-mai, à Biarritz, des voitures immatriculées hors du département étaient vandalisées. Un peu plus tôt, en mars à Urrugne, une banderole arborant le message « Parisiens, rentrez chez vous, vous êtes le virus du Pays basque » avait enflammé l’opinion.

« On en vient à lire des commentaires, sur les réseaux sociaux, où on regrette "la bonne époque d’ETA" », l’organisation séparatiste basque qui a multiplié les actions violentes des deux côtés de la frontière pendant plus d’un demi-siècle avant de se dissoudre en 2018. « Il y a quelque chose de très inquiétant là-dedans », réagit Jean-Daniel Elichiry.

Ce militant associatif, membre actif de la plateforme Bake Bidea qui milite pour une résolution du conflit basque, est préoccupé. Pour lui, la crise du logement est un « symptôme » des inégalités croissantes. « Si on s’en tient aux symptômes seulement, alors oui on crée du logement pour faire baisser la fièvre, mais il faut apporter d’autres réponses et veiller à ne pas désespérer les jeunes. »

« Spéculation locative »

La colère vise aussi le marché locatif, rongé par la saisonnalité. Les baux de septembre à juin, pour profiter de la haute fréquentation touristique estivale, sont pléthore. La plateforme Airbnb est plus particulièrement dans le viseur des militants.

C’est le cas d’Eric Bonnamy, ancien élu biarrot de 46 ans, qui s’est filmé découpant des boîtes à clés à la meuleuse, dans une rue de Biarritz. Il veut dénoncer la « spéculation locative » et dire en vouloir « à ceux qui veulent gagner toujours plus d’argent en très peu de temps ». « Je n’appelle pas à la violence, mais si une meuleuse peut faire trembler quelques propriétaires, ça me va. »

« Une population qui a les moyens de payer cash »

La pression immobilière, jusque-là concentrée sur la Côte basque, a ces dernières années gagné la bande rétro-littorale voire l’intérieur des terres.

Dans un territoire où le salaire moyen mensuel est de 2.000 euros net selon l’Insee, le fossé du pouvoir d’achat se creuse avec les nouveaux arrivants, le plus souvent des cadres supérieurs à revenus élevés. « C’est une population qui a les moyens de payer cash et qui fait disparaître le moindre logement », avance Maider Arosteguy.