Qu'est-ce que le pôle alimentaire lancé par la ville de Lyon?

Lyon : Qu'est-ce que le pôle alimentaire lancé par la ville ?

NOUVEAUTEInauguré mercredi à Lyon, le pôle alimentaire permet aux personnes les plus précaires de venir s’alimenter gratuitement, mais aussi de récupérer des denrées alimentaires invendues et de créer du lien social
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • La ville de Lyon vient de lancer une nouvelle structure baptisée le « pôle alimentaire ».
  • Il regroupe trois espaces : un restaurant solidaire où plus de 200 repas sont servis gratuitement aux sans-abri chaque jour, une épicerie solidaire et une cuisine.
  • Les repas sont confectionnés à l’aide d’invendus offerts par les commerces environnants.

Blouson côtelé vissé sur les épaules, l’homme termine son repas, essuyant avec du pain la copieuse assiette qui lui a été servie. L’endroit, dans lequel il est venu se rassasier, est ouvert aux gens sans feu ni lieu. On peut entrer sans frapper, sans montrer patte blanche. On pourrait l’appeler l’auberge du Bon Dieu, comme le chantait Brassens. Mais à Lyon, on l’a baptisé « La table des gones ».

Ce restaurant social, ouvert depuis le mois d’avril rue Verlet Hanus (3e arrondissement) dans les locaux de l’ancien « Dolet », sert entre 200 et 250 repas aux sans-abri chaque midi. Il fait partie intégrante du nouveau « Pôle alimentaire », lancé par la ville de Lyon dont le concept est de proposer une « alimentation saine pour les plus précaires ».

Un restaurant, une épicerie et une cuisine

« Le pôle alimentaire est composé de trois structures, résume Hélène Resch, la directrice des lieux. Le restaurant social est réservé aux sans domicile fixe qui peuvent venir manger gratuitement après avoir été orientés par les maisons de la métropole et des solidarités ou les accueils de jour ». A quelques encablures de « la table des gones », se trouvent deux autres espaces : l’épicerie sociale et solidaire pour aider les étudiants ou familles précaires disposant d’un logement et la « cuisine des gones » où sont préparés d’autres repas chauds qui n’ont pas vocation à être consommés sur place.

« Ils sont mis dans des bocaux. Des triporteurs et biporteur viennent ensuite les récupérer pour les distribuer dans les squats, CHRS ou hôtels sociaux de la ville », précise Hélène Resch. Derrière les fourneaux de la « cuisine des gones », Maya 28 ans s’active pour préparer des tartelettes aux fruits avec une crème pâtissière aux amandes. La pâte sera confectionnée avec de la chapelure de pain car ici le mot d’ordre est de faire la chasse au gaspillage.

Des plats cuisinés à base d’invendus

La jeune femme, qui vient de passer son CAP de cuisine, est bénévole depuis quatre mois au sein de l’association Graille. « On récupère de tout et on utilise les invendus des magasins bios, locaux ou auprès de fournisseurs privés. Les légumes les plus périssables sont tout de suite utilisés pour réaliser les plats chauds… Mais au final, c’est bon », rigole-t-elle. Le reste est proposé à la vente ou aux dons au sein de l’épicerie, qui était jusqu’à présent installée dans le 5e.

A terme, un espace convivial sera également aménagé pour permettre aux personnes hébergées à l’hôtel ou vivant dans des squats de venir préparer eux-mêmes leurs repas, deux fois par semaine. Ou manger sur place. Histoire de favoriser la mixité sociale.

« L’accès à l’alimentation est essentiel, mais se construire, retrouver l’estime de soi quand elle a été abîmée, c’est essentiel. C’est ce que nous cherchons à faire avec ce pôle alimentaire (dont le budget s’élève à deux millions d’euros) », conclut Grégory Doucet, le maire de Lyon.