A Nantes, la situation se tend au théâtre Graslin, occupé depuis 80 jours

Déconfinement à Nantes : La situation se tend au théâtre Graslin, occupé depuis 80 jours

MOBILISATIONLe collectif d'intermittents mobilisé dénonce «un chantage» de la direction du théâtre et annonce poursuivre l'occupation
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Des professionnels du spectacle occupent le théâtre Graslin, à Nantes, depuis début début mars.
  • Ce jeudi, le dialogue semble rompu entre le collectif et la direction, qui leur a demandé de quitter les lieux.

Déjà quatre-vingt jours. Deux mois et demi après son installation au sein du théâtre Graslin, à Nantes, le collectif d’intermittents du spectacle est toujours là. Ce jeudi, comme presque tous les jours à 13 heures, un micro a été sorti pour l’agora, qui se tient devant les imposantes colonnes de l’opéra recouvertes de banderoles et de slogans. Fini l’ambiance bon enfant des débuts dans laquelle se déroulaient AG et performances artistiques. Après un rendez-vous avec la direction ce mercredi soir, le collectif est en colère : « Le directeur pratique un chantage inadmissible. En mars, il nous souhaitait la bienvenue et aujourd’hui il nous demande de dégager, sans ça il annulera les spectacles programmés. »

Alors que les lieux de culture ont commencé à rouvrir leurs portes dès le 19 mai, les professionnels du spectacle mobilisés, qui sont entre dix et 20 à dormir sur place, ne comptent pas quitter leur QG. « Ce que nous demandons, c’est de pouvoir concilier l’occupation et l’accueil du public, plaide Martine Ritz, membre du syndicat SFA-CGT. Ces derniers jours, il y a eu ici des répétitions, des captations, et tout s’est bien passé. L’objectif n’est pas d’empêcher ceux qui ont la chance de pouvoir travailler de le faire. Nous voulons que les spectateurs reviennent mais qu’ils puissent aussi être informés de nos revendications. »

L’adjoint à la culture soutient les revendications

Car selon les artistes mobilisés, la réouverture progressive des cinémas, musées ou salles de spectacle ne règle pas la situation des acteurs culturels. « Le problème, c’est qu’il n’y a aucun véritable plan de soutien, explique Pierre, comédien. Nous demandons une réelle rallonge de l’année blanche, mais aussi l’abandon de la réforme de l'assurance-chômage. Pour le moment, nous n’avons obtenu que des miettes de la part du ministère alors que nous risquons de subir cette crise pendant plusieurs années encore ! »

Alors que plusieurs lieux occupés ont été évacués par les forces de l’ordre, comme à Bordeaux ou plus récemment à Rennes, un tel scénario n’est pas au programme dans la cité des Ducs. Affichant plusieurs fois son soutien aux revendications des artistes mobilisés et « craignant un affaissement de la vie culturelle nantaise », l’adjoint à la culture Aymeric Seassau (PCF) espère lui aussi davantage de réponses de la part du gouvernement. « Nous souhaitons cependant que l’opéra puisse rouvrir au public et terminer sa saison, indiquait l’élu à 20 Minutes, mercredi. Les discussions vont devoir se tenir en bonne intelligence pour définir les conditions du retour des spectateurs. »

Si le dialogue semble aujourd’hui rompu, la situation va devoir évoluer d’ici peu. A la mi-juin, le théâtre doit théoriquement accueillir des projections dans le cadre du festival du cinéma espagnol. Un peu plus tard sont programmées les représentations des Sauvages, un spectacle conçu et joué par des élèves du Breil et des Dervallières, et dont les répétitions doivent bientôt commencer.

Contacté, le directeur général d’Angers-Nantes opéra n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.