Smartphones : Pourquoi des anthropologues les comparent à de « nouvelles maisons »
ISOLEMENT•Découvrez, chaque semaine, une information de notre partenaire L’ADN. Aujourd’hui, focus sur une étude qui éclaire notre rapport aux smartphones20 Minutes avec L'ADN
L'essentiel
- Les gens éprouveraient aujourd’hui les mêmes sentiments pour leur téléphone qu’auparavant pour leur maison, selon notre partenaire L'ADN.
- Même s’il conduit à « la mort de la proximité », le phénomène est dorénavant socialement accepté.
Nous sommes devenus des « escargots humains, portant notre maison dans notre poche » et passant plus de temps « dans notre téléphone » qu’à la maison ou au travail. C’est la conclusion à laquelle est arrivée une équipe d’anthropologues d’ UCL après avoir passé plus d’un an à analyser le rapport que les utilisateurs de smartphone entretiennent avec leur appareil. Leur champ d’étude : neuf pays, de l’Irlande au Cameroun.
L’endroit où nous vivons
« Nos smartphones ne sont plus simplement des machines que nous utilisons, c’est l’endroit où nous vivons », explique au Guardian le professeur Daniel Miller, directeur de l’étude The Global Smartphone. Conséquence, il est communément admis lors d’un apéro entre amis ou d’un dîner de famille de voir l’un des participants se retirer dans sa « maison », ce dernier devenant absent de la conversation, comme s’il était passé dans la pièce à côté ou sorti faire un tour dans le jardin…
Pour le chercheur, le phénomène conduit à « la mort de la proximité », c’est-à-dire au fait qu’à tout instant, les personnes avec qui nous nous trouvons proches physiquement peuvent « disparaître », un comportement dorénavant socialement accepté.
Extrait du film E.T., l’extra-terrestre de Steven Spielberg (1982)
La maison n’est plus un refuge
Toujours à la maison mais plus jamais à l’abri, avec des employés contraints de rester en contact avec leur travail une fois les bureaux quittés, ou des enfants victimes de harcèlement qui, même entre les murs de leur chambre, ne trouvent pas de répit.
Notre dossier « Smartphone »
Attention toutefois à ne pas trop noircir le tableau, prévient le chercheur : « Le smartphone nous aide à créer et recréer une vaste gamme de comportements utiles, du rétablissement de la famille élargie à la création de nouveaux espaces pour les soins de santé et le débat politique. (…) Ce n’est qu’en examinant les utilisations et les contextes extrêmement différents que nous pouvons pleinement comprendre les conséquences des smartphones sur la vie des gens du monde entier. »
L’article original a été rédigé par Laure Coromines et publié sur le site L’ADN.