FAKE OFFNon, Arthur n’avait pas prédit la pandémie de Covid-19 en 2006

Coronavirus : Non, Arthur n’avait pas prédit la pandémie en 2006

FAKE OFFContrairement à ce que prétend montrer un montage vidéo publié sur Twitter
Alexis Orsini

Alexis Orsini

L'essentiel

  • A en croire un montage vidéo relayé sur Twitter, l’animateur de télévision Arthur aurait prédit la pandémie de Covid-19 en 2006... soit quatorze ans avant qu’elle survienne.
  • Cette séquence le montre évoquer, au cours d’un dîner, le risque d’une « pandémie colossale » engendrant « un couvre-feu dans les grandes villes ».
  • Si l’extrait, tiré d’une émission de janvier 2006, est authentique, il est trompeur puisqu’Arthur y faisait en réalité référence à une éventuelle pandémie de grippe aviaire, ce virus étant au cœur des préoccupations mondiales de l’époque.

Animateur de télévision, producteur, homme d’affaires… et prophète ? A en croire une archive vidéo devenue virale, Arthur aurait prédit dès 2006 la pandémie de Covid-19 qui a frappé le monde en 2020. « Comment il savait lui ? Étrange, non […] Arthur l’avait prédit », fait mine de s’étonner l’internaute ayant partagé sur Twitter une séquence de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) de « mars 2006 ».

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On y voit, à la faveur d’un montage de 30 secondes, le célèbre animateur des Enfants de la télé lancer, lors d’un dîner, plusieurs « prédictions » : « On n’est pas à l’abri d’une pandémie colossale », « on va vivre un couvre-feu dans les grandes villes », « la question n’est pas de savoir "est-ce qu’on va le vivre ?", c’est "quand ?" », « le couvre-feu, ils ont déjà préparé tout, […] comment ils vont protéger les hôpitaux… »

Si ces images sont authentiques, elles laissent penser, à tort, qu’Arthur y fait référence au Covid-19.

FAKE OFF

Elles sont en fait tirées d’un extrait de l’émission 93, Faubourg Saint-Honoré diffusée le 24 janvier 2006 sur Paris Première, que l’on retrouve sur la chaîne YouTube « Arditube », sur laquelle Thierry Ardisson compile les archives des différents programmes qu’il a animé au fil des années.

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Visionnée dans son intégralité, la séquence montre qu’Arthur fait en réalité référence à la grippe aviaire (ou H5N1), mentionnée à plusieurs reprises aux côtés des autres invités de l’émission – parmi lesquels le producteur de télévision Xavier Couture.

« On a beaucoup refait une partie du monde ce soir, on n’a pas parlé du vrai problème de l’humanité : la grippe du poulet. […] Les gens n’ont pas parlé de la peste aviaire – ça s’appelle comme ça, le titre médical, c’est pas "grippe aviaire", c’est "peste aviaire". Moi ça fait déjà un an et demi que je saoule tout le monde. J’ai maintenant mes sites, mes endroits où je vais sur Internet, j’ai mes infos, je corresponds avec des médecins qui pensent que je suis médecin », explique ainsi Arthur en préambule.

Avant d’ajouter « Je pense qu’on n’est pas à l’abri d’une pandémie colossale. […] La France a commandé 600 millions de masques, nous sommes à 15 millions de médicaments stockés. […] Je le sais de source sûre. […] On va vivre un couvre-feu dans les grandes villes. »

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Un dîner avec un « ministre » resté anonyme

Aux côtés d’A’thur, Xavier Couture raconte avoir dîné « avec un ministre dont nous ne citerons pas le nom », qui était « très gai pendant tout le dîner » avant d’avoir « l’air tragique » en évoquant « la peste aviaire ». Et de poursuivre : « 600 millions de masques, c’est pas pour les civils. Comme ils sont à renouveler toutes les 6 heures ou toutes les 12 heures, c’est le nombre minimum de masques pour protéger les personnels médicaux qui vont être amenés à soigner la pandémie. […] Le Tamiflu [un médicament antigrippal] est dans les pharmacies militaires, elles sont prêtes à être diffusées en moins de 48 heures. »

Contactés par 20 Minutes, Arthur et Xavier Couture n’avaient pas répondu à nos sollicitations avant la parution de l’article. Si le scénario inquiétant « d’une pandémie colossale » de grippe aviaire évoqué par Arthur en janvier 2006 n’a finalement pas vu le jour, ses inquiétudes paraissaient légitimes au vu du contexte de l’époque.

Une situation pandémique envisagée par le ministère de la Santé à l’époque

Comme le rappelle le suivi de la situation au jour le jour réalisé par Les Echos en 2006, différents foyers de grippe aviaire s’étaient multipliés à travers le globe tout au long du mois, plusieurs pays – comme la Chine, la Turquie et l’Indonésie – ayant en outre déploré des décès humains après des cas de transmission de l’animal à l’homme. Deux jours après la diffusion de ce numéro de 93, Faubourg Saint-Honoré, l’Assemblée nationale avait en outre publié le premier volet de sa mission d’information sur la grippe aviaire.

« S’ils estiment que la France est "prête pour l’alerte", les députés affirment toutefois qu’elle ne l’est pas pour le reste. Ils relèvent un problème industriel manifeste, en France comme dans les autres pays européens : la capacité de l’outil de production, en cas de déclenchement de pandémie grippale, à produire à grande échelle – masques, vaccins, antiviraux », notaient Les Echos.

Dans un document de décembre 2005, le ministère de la Santé, tout en prenant le risque d’une pandémie au sérieux, constatait pour sa part que « le virus pandémique n’existe pas encore puisqu’il résulterait de la combinaison entre le H5N1 et une souche infectant l’homme ou d’une mutation importante du virus ». Il notait : « Pour la première fois au monde, on dispose de moyens de lutte contre une pandémie. Ces dernières sont d’une ampleur variable, non prévisible mais pas systématiquement catastrophique. »