Policier tué à Avignon : Le nombre d’agressions contre les policiers a-t-il doublé en quinze ans, comme l’affirme Gabriel Attal ?
FAKE OFF•C'est ce qu'a affirmé, à juste titre, le porte-parole du gouvernementAlexis Orsini
L'essentiel
- En l'espace de quinze ans, les violences commises contre les policiers auraient doublé, selon Gabriel Attal.
- Le porte-parole du gouvernement a avancé ce chiffre dans une interview accordée à France Inter ce mardi.
- 20 Minutes s'est penché sur cette affirmation.
Quelques jours après le meurtre du policier Eric Masson à Avignon, la question des violences subies par les forces de l’ordre a logiquement été abordée lors d'une interview du porte-parole du gouvernement sur l’antenne de France Inter, mardi 11 mai.
Appelé à réagir au sondage indiquant qu’une majorité de policiers voteraient pour Marine Le Pen plutôt que pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle de 2022, Gabriel Attal a déclaré : « Derrière ce drame terrible, il y a le fait que, depuis 15 ans, vous avez eu un doublement des agressions en direction de nos forces de sécurité. »
La tendance observée depuis 2006 est-elle conforme à celle évoquée par le porte-parole du gouvernement ? 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
Pour le savoir, il faut se pencher sur les chiffres départementaux mensuels relatifs aux crimes et délits enregistrés par les services de police et de gendarmerie depuis janvier 1996, disponibles sur le site du gouvernement. Ceux-ci compilent notamment les « violences [contre les personnes] dépositaires de l’autorité publique ».
Alors qu’on en dénombrait au total 3.682 entre janvier et décembre 2006, celles-ci s’élèvent à 7.839 sur toute l’année 2020 – soit une augmentation de 113%. Et on en dénombre déjà 1.912 sur les trois premiers mois de l’année en cours. Si, pour l’année 2006, on comptabilisait généralement 300 faits enregistrés par mois, ce chiffre a grimpé mensuellement aux alentours de 400 à partir de 2012, et gravite autour des 600 par mois depuis 2019.
Il convient toutefois de noter que les policiers ne sont pas les seules personnes dépositaires de l’autorité publique listées dans ces statistiques, comme le précise l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur (Ihemi) sur son site : « Il s'agit par exemple des représentants de l'État, des policiers et gendarmes, des douaniers, des fonctionnaires et agents des préfectures, sous-préfectures et mairies, des officiers ministériels ou publics tels que les magistrats, les fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, les inspecteurs du travail ou encore les personnes assimilées comme les sapeurs-pompiers, les gardiens d'immeubles ou agents exerçant des fonctions de gardiennage ou de surveillance des immeubles à usage d'habitation. »
Des chiffres probablement sous-évalués
Reste que ces chiffres sont sans doute inférieurs à la réalité du fait de leur probable sous-évaluation par les forces de l’ordre, ainsi que le notait Le Monde en février 2021 : soit parce que les personnes dépositaires de l'autorité publique ne reportent plus forcément ce type d’agressions lorsqu’elles sont jugées mineures, soit parce que se voir attribuer un taux d’invalidité pourrait nuire à l’avancement de leur carrière.