Toulouse : Avec ses vidéos sur TikTok, Yann Tout Court remet l’Histoire au goût du jour
RESEAUX•Enseignant d’Histoire dans un lycée de l’agglomération toulousaine, Yann Tout Court est suivi par des milliers de followers sur TikTok, un moyen de partager la passion de son métier et de toucher un public jeune
Béatrice Colin
L'essentiel
- Depuis plusieurs mois, Yann Tout Court partage sur TikTok des vidéos sur l’Histoire ou encore la méthodologie à appliquer pour les élèves.
- Entre humour et contenus sérieux, ce professeur d’Histoire de l’agglomération toulousaine a su trouver l’équilibre pour parler à un public jeune sur le réseau social qu’il affectionne.
Pour ses followers, le berceau de Judas, l’un des instruments de torture de prédilection de l’Inquisition, n’a plus de secret. Ils en savent aussi plus sur la Saint-Barthélemy, la surprenante bataille du château d’Itter ou encore ce qui se cache derrière la comptine pas si enfantine de « Il court, il court le furet ». Depuis plus d’un an, Yann «Tout court», distille sur TikTok des vidéos sur l’Histoire, la grande et la petite, la géo, mais aussi sur la méthodologie.
Ce professeur dans un lycée de l’agglomération toulousaine a décidé de se lancer sur le réseau social fin 2019 pour relever un défi et montrer à ses élèves « que quand on s’intéresse aux choses on peut les maîtriser ». Un moyen d’innover pour celui qui avait déjà utilisé il y a quelques années Twitter avec ses élèves pour faire revivre, cent ans après la Première Guerre mondiale, l’histoire du poilu Frédéric B. à travers ses écrits.
Depuis son arrivée sur TikTok, il a conquis plus de 260.000 abonnés et a été rejoint entre-temps par d’autres enseignants. Il a ainsi trouvé un nouveau vecteur pour toucher un public jeune, « en jouant avec les codes du réseau, tout en produisant du contenu rigoureux et utile ».
Partager et transmettre
Pour cet enseignant, qui croit « à l’éducation pour tous, gratuite et au partage », la vidéo était déjà un outil pour son site de cours en ligne dédié à ses élèves. Il a donc naturellement migré sur TikTok, avec des formats plus courts, même s’il déroge parfois à la durée classique d’une minute maximum.
« Je privilégie la rigueur et les sujets, même si ça doit prendre plus d’une minute. Certains me demandent de faire des vidéos sur la Seconde Guerre mondiale, je ne vais pas faire une minute sur ce sujet, ça n’a pas de sens, je privilégie forcément des sujets qui peuvent être synthétisés », assure ce perfectionniste. Et ses contenus ont rapidement accroché un public varié, que ce soit ses « raps d’histoire » ou encore ses astuces méthodologiques, comme la meilleure façon d’annoncer un plan.
Au point que durant le confinement, et alors que le distanciel était devenu la norme, TikTok lui a proposé de participer à des lives. « Tous les utilisateurs étaient notifiés, sur des thématiques historiques décidées avec TikTok, l’objectif c’était vraiment de proposer des rendez-vous pédagogiques. A partir de là je me suis mis à produire plus régulièrement, en proposant du contenu plus humoristique et léger, faire de l’autodérision sur le métier d’enseignant, comme la caricature du prof qui met trois mois à corriger ses copies, c’est utile d’humaniser notre profession », souligne le Tiktokeur de 35 ans.
S’il ose beaucoup sur les réseaux sociaux – qui ne lui rapportent pas un kopeck-, dès qu’il retrouve les bancs du lycée, « Yann Tout Court » redevient « Monsieur Bouvier ». « Pour moi la séparation est nette, c’est pour cela que j’utilise ce pseudo-là. J’utilise aussi l’humour en classe comme outil pédagogique, ils ne voient pas trop la différence. Je sais qu’ils sont abonnés, qu’ils font des petites allusions, mais c’est un non-sujet », affirme-t-il.
Reste que le réseau social lui permet d’être moins décalé avec la génération à laquelle il enseigne, d’avoir les mêmes références et être plus en phase. Et comme avec ses élèves, « si parmi les abonnés il y a deux-trois jeunes allergiques à l’Histoire qui se mettent à l’aimer, alors j’ai gagné », conclut-il.