Bretagne : Une enquête ouverte après la vidéo choc de L214 d'un abattoir d'Intermarché
MALTRAITANCE ANIMALE•La société briécoise d'abattage, propriété du groupe Agromousquetaires, a été fermé
C. A. avec AFP
L'essentiel
- L’association L214 a dévoilé des images d’horreur issues d’un abattoir d’Intermarché installé dans le Finistère.
- On y voit des truies en fin de vie être maltraitées, dans un abattoir mal adapté à leur cheminement, obligeant les salariés à utiliser des décharges électriques.
- Une enquête a été ouverte par le parquet de Quimper et l’établissement a été fermé provisoirement.
Il aura encore fallu une vidéo choc pour faire bouger les choses. Mercredi, le parquet de Quimper a annoncé l’ouverture d’une enquête après la diffusion de la vidéo de L214 montrant les conditions déplorables de traitement des animaux dans un abattoir d’Intermarché. Installé à Briec, dans le Finistère, l’établissement du groupe Agromousquetaires a été épinglé pour ses sévices imposés à des truies « de réforme », notamment en raison d’aménagements mal conçus. « Cet abattoir ne rouvrira que quand toute la lumière sera faite sur ses pratiques », a assuré mercredi le secrétaire général de la préfecture du Finistère, Christophe Marx.
Mercredi, l’association de défense des animaux avait dévoilé des images d’horreur montrant des truies en panique, agglutinées dans des tunnels trop étroits. Pour les faire avancer, les salariés utilisent des aiguillons électriques, qu’ils leur plantent parfois dans les yeux ou l’anus. « Les images sont choquantes et la direction de la Société briécoise d’abattage comprend l’émotion qu’elles peuvent susciter auprès du public. Dès prise de connaissance de ces images aujourd’hui, la direction de la Société briécoise d’abattage a décidé, par mesure conservatoire, de suspendre provisoirement la ligne de production concernée », a réagi le groupe dans un communiqué.
« Des manquements graves aux règles de protection animale »
Outre le lancement d’un « certain nombre de travaux », l’abattoir devra apporter des garanties en termes de « formation de son personnel » et de « capacité à surveiller l’ensemble des pratiques », a ajouté Yvan Lobjoit, directeur départemental de la protection des populations (DDPP, services vétérinaires), évoquant la possibilité pour l’entreprise de mettre en place un dispositif de vidéosurveillance. En 2016, un audit avait pourtant été conduit dans cet abattoir et plusieurs manquements avaient été révélés. « Il n’y a rien eu de fait depuis et ces images le prouvent, estime Sébastien Arsac, l’un des porte-parole de L214. Il y a de vrais problèmes de structure et ils ne sont pas réglés. Les employés font ce qu’ils peuvent et on ne veut pas les accabler. » La préfecture avait évoqué des « pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale ».
« On ne peut pas être derrière chaque salarié »
« Les non-conformités relevées depuis 2016, toutes mineures, ont fait l’objet de rappels réglementaires à l’entreprise pour mise en œuvre d’actions correctives », s’est défendue mardi soir la préfecture, soulignant que « le respect des exigences en matière de protection animale relève de la responsabilité de l’abatteur ». « On ne peut pas être derrière chaque salarié », a expliqué Christophe Marx, assurant que la maltraitance animale mise en avant par L214 dans cet abattoir n’avait « jamais été constatée par les services de l’Etat ».
L214 porte plainte « pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demande à la justice de punir sévèrement la direction de l’abattoir, ainsi que les services vétérinaires du département », indique l’association dans son communiqué.