Coronavirus : Les concerts-tests ont-ils prouvé l’absence de tout risque de contamination ?
FAKE OFF•C'est ce qu'a affirmé l'épidémiologiste Martin Blachier sur CNewsAlexis Orsini
L'essentiel
- Les concerts sont-ils vraiment des clusters de Covid-19 en puissance si l’on y respecte les gestes barrières ?
- C’est ce qu’entend savoir le gouvernement à l’occasion d’un concert-test prévu fin mai à Paris avec 5.000 personnes testées négativement au préalable et masquées pendant ce rassemblement.
- Des événements comparables auraient déjà prouvé leur efficacité dans d’autres pays, selon l’épidémiologiste Martin Blachier. On fait le point.
Les concerts pourront-ils avoir de nouveau lieu prochainement sans risque de contamination au Covid-19 ?
Alors que le gouvernement espère pouvoir commencer à rouvrir les établissements culturels d’ici quelques semaines, un concert-test avec le groupe Indochine et un public de 5.000 personnes masquées en intérieur (et 2.500 à l’extérieur) à l’Accor Arena de Paris est prévu le 29 mai, selon nos confrères du Parisien.
Et si cet essai grandeur nature avec des volontaires (qui devront présenter un test PCR négatif au préalable), coordonné par le Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété), l’AP-HP et le ministère de la Santé a pour but de vérifier la viabilité d’une relance des concerts selon certaines conditions sanitaires, il serait en réalité inutile, car son efficacité a déjà été prouvée ailleurs.
Tel est en tout cas le discours avancé par l’épidémiologiste Martin Blachier sur l’antenne de CNews, mercredi 28 avril : « Il faut savoir qu’il y a eu une dizaine de concerts-tests qui ont été faits comme ça en Europe et aux Etats-Unis et, à chaque fois, il n’y a quasiment eu aucune contamination. Je pense même qu’aujourd’hui ces concerts-tests sont un peu anachroniques, on devrait déjà en train de valider le protocole de réouverture de ces salles-là. Ce n’est plus le moment des concerts-tests, on sait qu’il n’y a pas de contamination qui s’y font. »
Et le médecin de conclure : « Il n’y a aucun mystère sur ce qui va se passer : il n’y aura aucune contamination dans ces concerts-tests. »
FAKE OFF
Plusieurs pays ont en effet organisé des concerts d’essai ces derniers mois pour y vérifier les risques de contamination au Covid-19, observés après coup en testant chaque membre du public. Le dernier en date a eu lieu à Barcelone le 27 mars avec une foule de 5.000 personnes négatives au Covid avant leur entrée. Si chacun portait un masque FFP2 pendant la durée de l’événement, aucune distanciation sociale n’était respectée et la danse autorisée.
« Il n’y a aucun signe qui suggère qu’une transmission a eu lieu pendant l’événement, ce qui était l’objectif de cette étude », s’est félicité l’un de ses organisateurs, le médecin Josep Maria Llibre. Si six personnes étaient positives au Covid-19 lors du test PCR réalisé deux semaines après l’événement, quatre d’entre elles ont été contaminées en dehors du concert, toujours selon le médecin coordonnant l’expérience. « Avec une ventilation optimisée, des tests antigéniques et le port du masque, on peut garantir un espace sûr », assure ainsi Josep Maria Llibre.
Une semaine plus tôt, environ 1.500 Néerlandais s’étaient réunis à un festival test de deux jours près d’Amsterdam, comme le rapporte Courrier International. « Une fois que les festivaliers sont dans l’ambiance, qu’ils dansent et festoient, les masques s’envolent en un rien de temps », constatait à cette occasion un infectiologue – bien que le risque de contamination soit réduit par le fait que tous les participants aient, là aussi, été testés négatifs au préalable.
Une étude réalisée en Allemagne en août 2020, à travers différents cas de figure observés au sein d’un même concert – spectateurs assis côte à côte ou avec espacement… – dans la Leipzig Arena, reste la plus parlante à ce jour. Les données recueillies par les chercheurs auprès des 2.000 volontaires testés négatifs au préalable et dotés de masques FFP2 et d’appareils de suivi leur proximité physique avec les autres membres du public, ont permis d’observer au plus près la transmission des aérosols.
Et de conclure, à l’occasion d’une simulation incluant 24 participants « virtuellement » infectés, que les salles de spectacle pouvaient rouvrir selon certaines conditions : un nombre limité de spectateurs par rapport à la capacité totale d’accueil des lieux, des places assises plutôt que des fosses (pour limiter les contacts) et une multiplication des points d’entrée, pour éviter que les spectateurs ne passent trop de temps dans la même file d’attente.