Ce que l'on sait des quatre homme suspectés d'avoir enlevé Mia, 8 ans

Enlèvement de Mia : Ce que l'on sait des quatre hommes suspectés d'avoir kidnappé la fillette de 8 ans

ENQUETELes suspects interpellés mercredi et jeudi étaient suivis par les enquêteurs de la DGSI qui les soupçonnaient de fomenter des actions violentes contre l’Etat
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Mia Montemaggi, 8 ans, a été enlevée mardi par trois hommes, par ruse et sans violence, alors qu’elle était hébergée chez sa grand-mère maternelle qui en avait la garde.
  • Quatre suspects ont été interpellés entre mercredi et jeudi en région parisienne. En garde à vue, ils ont déclaré avoir enlevé la fillette à la demande de sa mère, Lola Montemaggi, 28 ans, qui n’avait plus le droit de la voir seule.
  • Selon nos informations, les suspects « baignaient dans la mouvance survivaliste ». Avant les faits, ils étaient suivis par la DGSI dans le cadre d’une enquête diligentée par le parquet national antiterroriste.

L’opération était « très organisée », les techniques employées sophistiquées. Quatre hommes suspectés d’être les ravisseurs de Mia, 8 ans, ont été interpellés entre mercredi et jeudi en région parisienne, et placés en garde à vue par les gendarmes de la section de recherches de Nancy. Selon le procureur de la République d’Epinal, Nicolas Heitz, ils ont remis la fillette à sa mère, qui en avait perdu la garde, vingt minutes après l’avoir enlevée à sa grand-mère dans le village des Poulières (Vosges). Si la mère et l’enfant n’ont toujours pas été retrouvées, ces arrestations constituent néanmoins une « avancée rapide et décisive de l’enquête », a souligné ce vendredi le magistrat lors d’une conférence de presse.

Aux enquêteurs, les suspects ont expliqué que la mère de Mia, Lola Montemaggi, les avait contactés sur Internet « pour récupérer sa fille dont elle s’estimait injustement séparée, dans le but de partir à l’étranger », a ajouté le procureur. Une opération préparée minutieusement avec elle, que trois d’entre eux revendiquent et qualifient « d’extraction et d’exfiltration ». Les suspects, qui n’ont aucun antécédent judiciaire, « baignaient dans la mouvance survivaliste » et sont « assez complotistes », confie à 20 Minutes une source proche du dossier. Ils étaient d’ailleurs suivis depuis quelque temps par la DGSI dans le cadre d’une enquête diligentée par le parquet national antiterroriste.

Un « résistant à la barbarie de ce système »

Le service de renseignement a d’ailleurs pris contact mardi soir, après le déclenchement du plan alerte enlèvement, avec le parquet d'Epinal. Des témoignages recueillis par les gendarmes avaient mis les enquêteurs de la section de recherches sur la piste d’un Citroën C15, aperçu le jour des faits par plusieurs personnes à proximité du lieu de l’enlèvement. Or, les agents de la DGSI ont appris aux gendarmes que cette voiture est utilisée par un homme de 58 ans qui est dans leur collimateur. Habitant boulevard Jean-Jaurès, dans le 19e arrondissement de Paris, il se décrit, selon Nicolas Heitz, comme une « personne dissidente » et « résistant à la barbarie de ce système ». Il est interpellé mercredi soir et placé en garde à vue vers 20h30.

Lors de la perquisition de son domicile, les enquêteurs ont mis la main sur « le script d’un discours à tenir devant la grand-mère de Mia pour se faire passer pour un éducateur », ainsi que « de nombreux téléphones portables », a détaillé le procureur. Quant au Citroën C15, il a été retrouvé dans un box situé non loin de là. En garde à vue, le suspect a indiqué aux gendarmes être « fier » d’avoir « permis à une petite de retrouver sa mère » en agissant « à la Arsène Lupin ». Il a refusé de donner des éléments qui permettraient aux gendarmes de localiser Mia et sa mère, âgée de 28 ans.

Des « sachets suspects » retrouvés

Un autre suspect, âgé de 23 ans, a été interpellé mercredi, vers 20h45, à son domicile de Varenne, en Seine-et-Marne. Le jeune homme a déclaré qu’il avait agi ainsi pour « sauver la vie de l’enfant ». Mais il a aussi admis qu’il avait « peut-être pu être manipulé », a indiqué le procureur d’Epinal. Chez lui ont été retrouvés « des sachets suspects », contenant une poudre susceptible de pouvoir servir à la fabrication d’explosifs, ainsi qu’une « recette pouvant s’apparenter à une recette de confection d’explosifs », a expliqué à 20 Minutes une source judiciaire, précisant que des analyses étaient en cours.

Que comptaient-ils en faire ? Selon une source sécuritaire, la DGSI avait remarqué que les suspects, des « adeptes des théories complotistes », étaient « susceptibles de fomenter des actions violentes contre l’Etat et le "système" en général », notamment en s’attaquant à des bâtiments publics ou des centres de vaccination. Leur motivation, ainsi que leur intérêt marqué pour les explosifs, a conduit le parquet national antiterroriste à ouvrir une enquête. Ils avaient aussi évoqué entre eux le projet « d’enlever des enfants pour les soustraire à l’État et à de pseudo-réseaux "pédophiles" ». Mais ce dernier projet, aux contours toujours très flous, ne faisait pas l’unanimité au sein du groupe, et n’a jamais été plus caractérisé que les multiples autres projets évoqués.

« Il faut rester prudent et mesuré, insiste également une source judiciaire auprès de 20 Minutes. On n’a pas découvert d’arme ou d’explosifs lors des perquisitions. Les éléments retrouvés ne semblent pas montrer qu’il y avait un risque de passage à l’acte imminent. Ils n’ont d’ailleurs pas été interpellés dans le cadre de l’enquête antiterroriste ouverte, pour mais une affaire d’enlèvement. »

Deux autres suspects ont été interpellés jeudi, l’un aux Lilas (Seine-Saint-Denis), l’autre en Meurthe-et-Moselle. Le procureur de la République de Nancy doit demander l’ouverture d’une information judiciaire. Les quatre hommes seront présentés, ce vendredi après-midi, à un juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée. L’enquête, qui mobilise 90 militaires, porte désormais sur le chef d'« enlèvement de mineur de moins de 15 ans commis en bande organisée ». Ses auteurs encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Toute personne ayant des informations sur ce rapt est invitée à appeler le 0 800 36 32 68 ou à composer le 17.