Loi « séparatisme » : L’Unef et ses réunions non-mixtes animent les débats au Sénat
DEBAT•Un amendement LR au projet de loi sur les « séparatismes », visant à permettre la dissolution d’associations interdisant la participation d’une personne à une réunion en raison de sa couleur ou son origine, a été adopté jeudi soir au Sénat20 Minutes avec AFP
L’Unef a animé les débats jeudi soir au Sénat, avec l’adoption d’un amendement LR au projet de loi sur les « séparatismes » qui vise à permettre la dissolution d’associations interdisant la participation d’une personne à une réunion en raison de sa couleur ou son origine.
Le syndicat étudiant de gauche est au centre d’une polémique politique liée à l’organisation de réunions non mixtes racisées.
Un texte contre les réunions non-mixtes
Cette actualité « a mis en exergue que les conditions de dissolution d’une organisation syndicale dans notre droit sont complexes », a affirmé Stéphane Le Rudulier (LR) en présentant un amendement pour « combler ce vide juridique ».
Sa discussion a été l’occasion pour la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, de « redire très clairement (son) opposition personnelle et l’opposition du gouvernement à ce type de réunions ».
La rédaction initiale de l’amendement a fait débat et a été modifiée en séance pour viser les associations « qui interdisent à une personne ou un groupe de personnes à raison de leur couleur, leur origine ou leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée de participer à une réunion ».
Elle a finalement rallié largement sur tous les bancs, même si le chef de file des sénateurs PS, Patrick Kanner, a précisé, à l’instar de plusieurs de ses collègues, ne pas être d’accord avec l’exposé des motifs, qui mentionne explicitement les « réunions non-mixtes, c’est-à-dire interdites aux "blancs", organisées par l’Unef ».
« Il y a besoin de se retrouver entre personnes qui vivent les mêmes choses »
La ministre a émis un avis de « sagesse » à l’amendement, tout en exprimant des doutes sur sa constitutionnalité.
Laurence Cohen (CRCE à majorité communiste) a pris la défense de l’Unef, en expliquant que ce qu’avait voulu organiser le syndicat, « ça s’appelle des groupes de parole ». « A des moments donnés, il y a besoin de se retrouver entre personnes qui vivent les mêmes choses, pour construire une pensée commune, une pensée collective qui est loin de comportements racistes », a-t-elle affirmé.
Pour Sophie Taillé-Polian (groupe écologiste), « la question qu’on devrait se poser, c’est comment on fait en sorte que ces réunions n’aient plus besoin d’exister ».
« Toute séparation, toute discrimination, toute ségrégation, quelle que soit la circonstance, liée à la couleur de la peau, est inacceptable », a affirmé de son côté Jean-Pierre Sueur (PS).