Lyon : Une mission d’enquête dépêchée après plusieurs signalements de violences sexuelles à l’ENS
ENQUETE•Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche mandate une mission d'enquête à l'Ecole nationale supérieure de Lyon, en raison des signalements de violences sexuelles mettant en cause des étudiantsJ.Lau. avec AFP
L’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon dans la tourmente ? Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche vient de mandater une mission d’enquête après plusieurs signalements de violences sexuelles mettant en cause des étudiants, et une gestion par l’établissement critiquée.
Dans une lettre de mission adressée le 24 mars à l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), le directeur de cabinet de Frédérique Vidal demande l’évaluation des mesures mises en place par l’ENS de Lyon « en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et tout particulièrement les outils de prévention, de formation et d’écoute ».
L’école lyonnaise est secouée depuis le début de l’année par plusieurs témoignages mettant en cause le comportement de certains étudiants, avec en miroir « une direction qui ne prend pas conscience de la gravité des faits », selon Clément Luy, élu étudiant au conseil d’administration. Siégeant également au CHSCT, Clément Luy évoque une « série de signalements arrivés à nos oreilles » depuis janvier avec « six mails qui disent "j’ai subi des violences, une agression, un viol, à divers degrés", avec au moins quatre signalements faits à la justice ».
Un rassemblement « contre les violences sexistes et sexuelles » prévu ce jeudi
Des informations que le parquet de Lyon n’est pas immédiatement en mesure de commenter. Le site Franceinfo évoque quant à lui onze signalements transmis aux élus étudiants et aux référents égalité depuis septembre. « La présidence accueille très favorablement la commission d’enquête qui permettra d’éclairer les travaux en cours à l’ENS de Lyon pour l’élaboration d’un dispositif pérenne d’écoute et de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Nous souhaitons que cela contribue à restaurer un dialogue respectueux de chacune et chacun au sein de l’école », réagit par écrit Jean-François Pinton, le président de l’ENS.
« Il faut que tout signalement donne lieu à une enquête administrative de l’école pour que les gens ne croient pas qu’ils puissent commettre ce genre d’actes en toute impunité », affirme pour sa part Clément Luy. Un rassemblement « contre les violences sexistes et sexuelles » est prévu ce jeudi à l’appel de deux associations étudiantes féministes et LGBTI +.
Un rapport rendu d’ici deux mois
Une action similaire pour dire « stop au déni » avait eu lieu fin février dans le jardin de l’établissement. Certains manifestants avaient ensuite placardé des affiches sur la porte du bureau du président pour réclamer sa démission.
La lettre de mission de l’IGESR indique qu’elle devrait rendre son rapport d’ici la fin du mois de mai, « afin de permettre la mise en place de premières mesures dès la rentrée de septembre ». En 2019, une enquête réalisée au sein de l’école par la CGT-ENS avait révélé que 46 % des femmes interrogées indiquaient avoir subi des discriminations sexistes, et des agressions sexuelles pour 15 % d’entre elles.