Lille : Un groupe de femmes pris à partie par des policiers ? Une enquête judiciaire ouverte
INFO « 20 MINUTES »•Une vidéo très partagée sur les réseaux sociaux depuis lundi soir montre un contrôle mouvementé à Lille. Une enquête administrative a été ouverte, ainsi qu'une enquête judiciaire, apprend « 20 Minutes »Tom Hollmann
L'essentiel
- La vidéo d’une intervention de police a été diffusée lundi soir sur les réseaux sociaux. On peut y voir des policiers s’en prendre à plusieurs femmes, recourir à des gaz lacrymogènes, et tirer les cheveux de l’une d’entre elles.
- Les faits se sont déroulés un peu plus tôt dans la journée à Lille-Sud, place de l’école Wagner, témoigne l’autrice de la vidéo auprès de 20 Minutes.
- Les policiers sont intervenus pour mettre fin à un rassemblement de plus de six personnes à l’extérieur pendant les heures de couvre-feu, indique la police nationale à 20 Minutes. Une enquête administrative a été ouverte par la hiérarchie des policiers. Une seconde enquête pour « violence par personne dépositaire de l’autorité publique » a été ouverte par le parquet de Lille.
La scène s’est déroulée à Lille-Sud, aux alentours de 19h30 lundi soir. Huit policiers semblent avoir un échange tendu avec un groupe de mères accompagnées de leurs enfants. L’un des fonctionnaires déclenche sa bombe lacrymogène au niveau des yeux de l’une d’entre elles, qui s’écarte en se frottant les yeux. Une seconde proteste, avant d’être violemment tirée par les cheveux par l’un des membres des forces de l’ordre.
La foule se disperse progressivement lorsque deux des policiers, au milieu des cris d’enfants apeurés, apostrophent un homme qui passe à vélo : « Viens te battre si t’es un homme ! »
« Que cherchent-ils à travers ce type de comportement ? », écrit Shahin Hazamy sur son compte Instagram. Le jeune homme, « street journaliste » et militant antiraciste, a été le premier à relayer cette vidéo sur les réseaux sociaux. Pour lui, pas de doute, il s’agit d’une « énième agression policière ».
FAKE OFF
« J’ai commencé à filmer parce que j’étais étonnée du nombre de véhicules de police présents sur place », témoigne Inès, l’autrice de la vidéo diffusée ensuite par Shahin Hazamy sur les réseaux sociaux. « Ça s’est passé place de l’école Wagner, près du commissariat de police, à Lille-Sud, à 19h39. Il devait y avoir au moins cinq ou six voitures, dont trois camionnettes, des véhicules sérigraphiés et des véhicules banalisés. Je pensais que quelque chose de gros se préparait », raconte-t-elle à 20 Minutes.
Depuis l’appartement de son amie Maëva, chez qui elle passait la nuit, Inès assiste, impuissante et choquée, à l’intervention des policiers. « C’était totalement disproportionné, il ne devait y avoir que quelques enfants dans le petit parc en face de la place, et deux ou trois familles qui profitaient du beau temps avec leurs petits. Ici, on n’a pas de terrasses ni de balcons. Si on veut prendre l’air, c’est dans la rue. »
La violence de l’intervention de police la pousse à relayer sa vidéo sur les réseaux sociaux : « Que les policiers fassent respecter les mesures sanitaires, je veux bien, c’est leur métier. Mais qu’ils provoquent des jeunes, qu’ils tirent les cheveux de mères de famille, et qu’ils gazent, je ne crois pas que ça fasse partie de leur mission ! Avant, je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres, ce genre d’histoires. » Dans le quartier de la Briquette, « c’est pourtant comme ça tous les mois », assure toutefois son amie Maëva. « Cette fois on a juste eu le réflexe de filmer. »
Deux enquêtes ouvertes
Contacté par 20 Minutes, le service d’information et de communication de la police nationale (Sicop) confirme le déroulé des faits. « Les policiers sont intervenus pour mettre fin à un regroupement important, de plus de six personnes, qui étaient à l’extérieur pendant les heures de couvre-feu, ce qui constitue deux infractions. » Au vu des éléments filmés, une enquête administrative a été ouverte, précise le Sicop, qui indique que l’intervention filmée n’a donné lieu à aucune interpellation.
Du côté du parquet de Lille, le procureur a ouvert une « enquête judiciaire du chef de violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». Elle a été confiée au service départemental de déontologie, discipline, application et méthode de la police nationale.