MANIFESTATIONLes Tchétchènes de France dénoncent leur stigmatisation

Rennes : Fatigués d’être « assimilés à des trafiquants », les Tchétchènes de France manifestent

MANIFESTATIONUn rassemblement en hommage au jeune homme tué par balles dans le quartier de Cleunay à Rennes a eu lieu samedi
Jérôme Gicquel

J.G. avec AFP

L'essentiel

  • Plusieurs centaines de membres de la communauté tchétchène se sont rassemblés samedi à Rennes en hommage au jeune homme tué par balles la semaine dernière.
  • Ils dénoncent également la stigmatisation dont leur communauté fait selon eux l’objet.
  • Une lettre ouverte en ce sens a été adressée au ministre de l’Intérieur.

Ils se sont rassemblés dans le calme dans le quartier de Cleunay à Rennes avant d’observer un temps de prière près des lieux du drame. Samedi, environ 400 Tchétchènes ont manifesté contre la stigmatisation dont leur communauté fait selon eux l’objet et pour honorer la mémoire d’un des leurs tué par balle la semaine dernière dans la capitale bretonne. « On tire sur nous deux fois : la première fois pour nous tuer, la deuxième fois pour nous salir », a dénoncé Magomed, 30 ans, voisin d’Hamzat Labazanov, 23 ans, tué d’une balle dans la tête le 17 mars dans le quartier Cleunay.

Deux hommes d’une vingtaine d’années, connus de la justice, ont été mis en examen pour meurtre en bande organisée et complicité et incarcérés. Le jour des faits, le procureur de Rennes Philippe Astruc avait évoqué un « possible règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants ». « Dès qu’il se passe quelque chose avec un Tchétchène, on nous colle cette étiquette, a regretté Magomed. Les membres de notre communauté meurent et c’est nous qui sommes accusés ». Selon ses proches, Hamzat a été tué parce qu’il a voulu chasser des dealers du hall de son immeuble. Lors du rassemblement, le père de la victime a appelé au calme et demandé aux plus jeunes de se tenir à distance des points de deal.

Une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur

A Strasbourg, environ 150 Tchétchènes se sont également rassemblés place de la République, dont certains venus de Paris, Nice ou Reims. « Nous sommes nous-mêmes assimilés à des trafiquants. C’est quelque chose que nous ne comprenons pas », a dénoncé Chamil Albakov, porte-parole de l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe. « Ce n’est pas parce que nous vivons dans des quartiers populaires que nous pouvons être dénigrés, ou que des jeunes peuvent être tués », a-t-il ajouté.

« Nous demandons que l’origine tchétchène ne soit pas associée systématiquement à la criminalité. Dans les médias, le mot « Tchétchène » est systématiquement associé à la violence ou à la criminalité », a abondé l’avocat Zelimkhan Chavkhalov. Pour Ousman Artchakov, porte-parole de l’association Daymohk, « notre seule faute, c’est que nous ne cédons pas devant ces dealers ». Plusieurs associations ont adressé samedi une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur. « Notre origine ne cesse d’être traînée dans la boue (…) Nous n’aurons de cesse de nous battre pour nos droits pour réfuter ces préjugés », écrivent-elles notamment.