Orpaillage illégal en Guyane : Lecornu veut une filière d’or légale forte pour lutter contre ce fléau
GARIMPERO•Entre 2018 et 2020, 75 millions d’euros d’avoirs criminels liés à l’orpaillage illégal ont été saisis en Guyane20 Minutes avec agences
La lutte contre l’orpaillage illégal s’intensifie en Guyane. Alors qu’elle mobilise déjà l’armée, les forces de l’ordre et la justice, elle pourrait bénéficier d’une meilleure structuration de la filière légale, a déclaré ce mercredi le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu.
« J’ai la faiblesse de penser que plus on structure la filière légale, mieux on lutte contre l’orpaillage illégal. Je vais aller plus loin, plus on structure une filière légale de petites exploitations à taille humaine, en clair le contraire des méga-mines type Montagne d'or, plus on peut lutter contre l’orpaillage illégal », a assuré le ministre lors de son audition par une commission d’enquête sur la lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane, à l’Assemblée nationale.
387 kilos de mercure et 28 kilos d’or saisis entre 2018 et 2020
« Entre 2018 et 2020, 75 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis, soit 25 millions d’euros par an. Ce sont 387 kilos de mercure saisis et 28 kilos d’or, dont 6,9 en 2020 ». Au niveau pénal, « 180 personnes ont été placées en garde à vue et 99 personnes ont fait l’objet d’une condamnation », a énuméré Sébastien Lecornu.
« Pour une tonne d’or extraite légalement, vous avez 10 tonnes d’or extraites illégalement. On voit bien qu’il y a forcément une marge de progression positive pour le légal », a-t-il indiqué, dénonçant un chiffre « scandaleux ».
Car « l’adversaire », le « garimpero » ou l’orpailleur clandestin, est « redoutablement professionnel ». Le ministre a décrit « une organisation robuste et qui s’appuie sur un modèle économique bien huilé, dans lequel les gains sont systématiquement plus importants que les pertes ». Selon lui, il y aurait « des vertus à affecter ces saisies d’or à la lutte contre l’orpaillage illégal », au niveau « citoyen ».
« Une guerre » selon le député de Guyane
Interpellé par le député (GDR) de Guyane Gabriel Serville qui demandait, pour répondre à l’exaspération des Guyanais, que la France se dote d’un arsenal législatif pour être en mesure de mener véritablement « une guerre » contre « des ennemis », le ministre a indiqué qu’on n’était pas « dans certains pays d’Amérique du Sud ».
« Oui il faut des preuves pour poursuivre, oui, il y a la présomption d’innocence, oui, il y a du contradictoire devant le tribunal et oui, il faut la légitime défense pour que les forces de l’ordre puissent faire usage de leurs armes », a-t-il indiqué ajoutant être « plutôt fier que ça se passe comme ça se passe en France ».