La nouvelle carte d’identité ultra-sécurisée aura-t-elle raison des faussaires ?
VOS PAPIERS•A partir de mars, une nouvelle carte nationale d’identité va progressivement remplacer l’ancien modèle mis en circulation en 1995. Elle contient de nombreux dispositifs de sécurité, notamment une puce électronique
Mikaël Libert
L'essentiel
- L’ancienne carte nationale d’identité, datant de 1995, va progressivement être remplacée par un titre beaucoup plus sécurisé.
- La nouvelle CNI, au format carte de crédit, comporte notamment une puce électronique contenant la photo et deux empreintes du titulaire.
- Selon Marlène Schiappa, ce titre sécurisé devrait permettre de lutter davantage contre l’usurpation d’identité.
Après 26 ans de service, la carte d’identité que nous connaissons tous aujourd’hui sera progressivement remplacée par un modèle plus petit et surtout beaucoup plus sécurisé. Ce titre réputé infalsifiable est fabriqué dans les ateliers ultrasensibles de l’Imprimerie nationale, à Flers-en-Escrebieux, près de Douai, dans le Nord. Pour son lancement, prévu dans quelques jours, la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, avait fait le déplacement.
Une chose est sûre, on n’entre pas sur le site d’IN Groupe comme dans un moulin. Logique en somme, puisque c’est dans ces installations, classées hautement sensibles, que sont fabriqués tous les titres sécurisés en vigueur en France mais aussi dans 130 pays du monde : passeports, permis de conduire, certificats d’immatriculation et les cartes nationales d’identité. Rien que sur le site de Flers, plus de 25 millions de titres sécurisés sont produits chaque année.
Robuste, pratique et « infalsifiable »
La carte d’identité en vigueur en France actuellement avait donc été lancée en 1995. A l’époque, ce titre plastifié était une nette évolution par rapport à son ancêtre en papier cartonné. Sauf que les faussaires ont eu raison de sécurités mises en place et il fallait placer la barre plus haut. Depuis ce mardi, c’est fait. La nouvelle CNI est d’abord plus petite, au format carte de crédit à l’instar des nouveaux permis de conduire. IN Groupe assure par ailleurs une robustesse capable de résister « pour un usage de 10 ans sans atteinte à la lisibilité du titre ». Une option permet aussi d’indiquer deux adresses au dos de la carte pour les enfants en résidence alternée.
Côté sécurité, le fabricant a mis le paquet. La CNI embarque désormais une puce électronique contenant toutes les informations inscrites sur le titre mais aussi « la photographie du titulaire et deux de ses empreintes digitales ». La ministre déléguée à la Citoyenneté précise que ces données ne sont accessibles qu’aux forces de l’ordre et aux services publics. Précision intéressante, le ministère de l’Intérieur assure que la prise des empreintes digitales est facultative : « chaque citoyen qui le demande pourra demander la suppression de ses empreintes du fichier ». Apposée sur la face avant de la CNI, la photo du titulaire est par ailleurs imprimée avec la technique « multiple laser image » et comporte un dispositif holographique. Ces sécurités permettent de vérifier que la photo n’a pas été modifiée. Bref, selon IN Group, la falsification de ce titre est impossible.
Marlène Schiappa a notamment insisté sur le phénomène de l’usurpation d’identité pour vanter les mérites de ce nouveau titre sécurisé. Selon la ministre déléguée, ce sont plus de 33.000 personnes en moyenne par an qui sont victimes d’un usage frauduleux de leur identité. Toujours selon Marlène Schiappa, il s’agit pour les escrocs de contracter des crédits à la consommation, d’acheter des objets onéreux ou de prétendre à des droits sociaux. Si effectivement les nouvelles sécurités empêchent théoriquement toute velléité de falsification, il reste l’option d’utiliser une carte dérobée sans la modifier. « Quand on se fait voler sa carte, il faut le signaler rapidement, c’est un acte citoyen », explique la ministre. Certes, cela n’empêchera pas le voleur de s’en servir mais cela facilitera les démarches de la victime pour faire reconnaître ses droits.