TRANSPARENCEMarseille se met à l’open data pour « rompre avec 25 ans d’opacité »

Marseille : La ville ouvre un guichet unique « d'open data », avec l'objectif de publier de nouvelles données chaque mois

TRANSPARENCEUne commission spéciale va étudier les demandes citoyennes de publication des données
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • La ville de Marseille lance un guichet unique et une plateforme d’open data.
  • Une commission doit se réunir chaque mois pour étudier les demandes transmises via un guichet unique.
  • L’association Donut InfoLab regrette l’absence de citoyens à cette commission, et d’explications sur le choix de rendre publique ou non une donnée.

La liste des parcs et jardins. Voilà, il y a peu, à quoi ressemblaient les données publiques de la ville de Marseille. Comme elle s’y était engagée, pour « rompre avec 25 ans d’opacité », la nouvelle municipalité en place a amorcé un virage de transparence numérique. Un guichet unique est ainsi ouvert sur la plateforme municipale opendata.marseille.fr, qui permet à chaque citoyen, association ou entreprise de faire une demande de publication de données. Chaque mois, une « commission Communication et ouverture des données », créée dans la foulée du conseil municipal du 8 février dernier, doit se réunir pour étudier les demandes qui lui sont adressées.

Une première vague de données a ainsi été « libérée ». Les habitants ont par exemple désormais accès aux menus des cantines, aux parcours culturels à faire sur le territoire ou à une cartographie des lampadaires en ville. Autant de données qui ne sont pas à prendre à la légère : « C’est de l’or noir, c’est une énorme ressource qu’il ne faut pas laisser entre les mains d’experts », rappelle Élise Méouchy de l’association Donut InfoLab, qui fait de la médiation aux données et a contribué, avec le journal La Marseillaise, au lancement du hashtag #BalanceTonTaudis pour collecter les données citoyennes sur l’habitat indigne.

« Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton »

À Marseille, les collectifs sont nombreux à attendre des données sur le marché des cantines scolaires avec la Sodexo, les diagnostics amiante dans les écoles, les arrêtés de périls ou encore sur les annexes des délibérations des conseils municipaux. « C’est un projet et des habitudes que l’on souhaite mettre en place sur tout un mandat », avance Christophe Hugon, élu du parti pirate et conseiller municipal délégué à la transparence et à lʼopen data municipale, lors d’une conférence de presse présentant la stratégie « open data » de la ville.

« Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton, il existe de vraies contraintes techniques et juridiques », poursuit-il, citant la protection des données personnelles ou le secret des affaires comme principaux freins. « Il y a aussi une étape plus politique, décisionnelle, dans laquelle on va prioriser les données en commission », énonce aussi l’élu, qui pose un exemple concret : faut-il publier une cartographie des immeubles en péril, au risque de dévaloriser un quartier, avec les impacts sociaux et économiques ?

« On aimerait plus de transparence »

Des données devraient être publiées chaque mois, au rythme des réunions de la commission, dont la composition reste encore assez floue. « On a un objectif de rattrapage », dit Christophe Hugon, qui souhaite aussi rendre plus lisible et compréhensible le budget de la ville. « Il y a un mieux, cela va dans la bonne direction, mais on aimerait plus de transparence », réagit Oliver Rovellotti, président de Donut InfoLab et spécialiste de la gestion de données de biodiversité. « On peut entendre qu’il puisse y avoir des blocages à publier telle ou telle donnée, mais il faudrait qu’ils l’expliquent », ajoute-t-il, regrettant qu’il n’y ait pas de citoyen dans la fameuse commission.

« Les attentes sont tellement fortes, au regard de décennies de gestion catastrophique de la ville, cela continue d’être long pour ouvrir les données », déplore Élise Méouchy, qui soulève également une grande partie de l’équation : « Je suis en train de supposer qu’en interne, c’est compliqué ». Dans une ville où le personnel des ATSEM est géré avec des fiches cartonnées sur des tableaux, il y a sans doute toute une culture numérique à acquérir dans les services. Pour que l'« open data » puisse devenir une réalité au quotidien.