Coronavirus : Non, la Cour pénale internationale n’a pas accepté une plainte contre la campagne de vaccination d’Israël
FAKE OFF•Des internautes assurent que la juridiction a « accepté » une plainte contre Israël en matière de vaccination anti-Covid-19A.O.
L'essentiel
- Pour nombre d’internautes, c’est une victoire incontestable : la Cour pénale internationale (CPI) aurait « accepté » une plainte contre Israël en matière de vaccination anti-Covid-19.
- Selon les auteurs de cette procédure, la campagne massive de vaccination du pays bafouerait plusieurs principes éthiques essentiels listés dans le code de Nuremberg.
- Mais le document émanant de la CPI relayé en guise de preuve indique simplement que la juridiction accuse réception de ce message… sans aucune garantie d’ouvrir une instruction à ce propos.
Israël, pays le plus à la pointe en matière de vaccination contre le Covid-19, doit-il cette avance à une violation manifeste de principes scientifiques internationaux prônés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
C’est ce qu’affirment depuis quelques jours certains internautes sur les réseaux sociaux.
« SCOOP ! Le tribunal de La Haye a accepté la plainte déposée par deux avocats israéliens, pour violation du CODE DE NUREMBERG par le gouvernement israélien », s’est par exemple exclamée la généticienne Alexandra Henrion-Claude, en référence aux principes médicaux retenus par le tribunal de Nuremberg dans son verdict de 1947 contre des médecins nazis pour leurs expériences sur des détenus.
A en croire un article d'I24 News particulièrement viral, la Cour pénale internationale (CPI), compétente pour juger des génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, « aurait accepté une plainte de l’organisation "People of Truth", qui a été déposée contre le gouvernement israélien accusé d’avoir violé le code de Nuremberg dans le cadre de sa campagne de vaccination contre le coronavirus ».
« "Le premier principe du code de Nuremberg est la volonté et le consentement éclairé de la personne à recevoir un traitement et à participer à une expérience", ont écrit les avocats Ruth Makhacholovsky et Aryeh Suchowolski, du cabinet A. Suchovolsky & Co. L’organisation [People of Truth] demande entre autres que soit arrêtée la campagne de vaccination, qui viole le principe du consentement éclairé du patient, et que soit abandonnée l’initiative visant à la création du "passeport vert", qui nuit selon elle aux valeurs démocratiques », peut-on encore lire dans ce texte.
FAKE OFF
Les avocats cités par I24 News ont bien envoyé un courrier à la CPI : celui-ci est intégralement disponible en ligne.
Et ils ont bien reçu une réponse de l’instance internationale… mais celle-ci a uniquement valeur d’accusé de réception, comme l’indique clairement le document partagé Ruth Makhacholovsky.
« Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale accuse réception de votre [message]. […] Merci de noter que ce courrier ne signifie pas qu’une enquête a été ouverte, ni qu’une enquête sera ouverte par le bureau du procureur », peut-on ainsi y lire noir sur blanc.
Comme l'expliquait récemment à 20 Minutes Fari El Abdallah, porte-parole de la CPI, celle-ci ne « dispose pas de système de plaintes ». Ce qui n’empêche pas « toute personne ayant des informations potentiellement pertinentes peut les soumettre au bureau du procureur, qui accuse réception puis les examine pour décider des suites à donner à ces informations ».
Si la CPI reçoit selon lui des centaines de messages de ce type chaque année, elles sont le plus souvent jugées irrecevables. A l’instar de la communication envoyée par Francis Lalanne pour accuser Emmanuel Macron et Christophe Castaner de « crimes contre l’humanité » en raison des pratiques policières du maintien de l’ordre contre les « gilets jaunes ».
La communication envoyée à propos de la campagne de vaccination israélienne contre le Covid-19 semble donc vouée au même sort, les vaccins de Pfizer et de Modern déployés dans le pays n’étant pas injectés à titre expérimental mais bien après validation par les autorités sanitaires.