A la manif du 8 mars, des milliers de femmes défilent contre le patriarcat

Journée des droits des femmes : A la manif du 8 mars, Mathilde, Sophie, Victoire et des milliers d’autres défilent pour mettre « au chaudron le patriarcat »

REPORTAGEPour la Journée internationale des droits des femmes, près de 30.000 personnes ont défilé dans les rues de Paris, selon les organisatrices
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • Des milliers de personnes ont défilé ce 8 mars entre Port Royal et République, à Paris, pour les droits des femmes.
  • Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était est sur de nombreuses pancartes cette année, avec l’ancienne star du JT de TF1, Patrick Poivre d’Arvor, le cinéaste Roman Polanski ou encore le constitutionnaliste Olivier Duhamel, tous les quatre étant accusés de viol.
  • 20 Minutes a rencontré dans le cortège Mathilde, ex-salariée de chez McDonald’s, Sophie, qui se décrit comme une « féministe intersectionnelle » et Victoire, sage-femme dans une maternité à Saint-Denis.

Elles étaient des milliers à s’être données rendez-vous à Port Royal pour manifester pour les droits des femmes et l’égalité. Une marée violette et colorée a envahi ce 8 mars les rues de Paris, sous un soleil bienvenu par temps froid. Le cortège a marqué des arrêts devant des endroits symboliques des revendications féministes : palais de justice pour protester contre le traitement des violences sexuelles, place du Châtelet pour soutenir les intermittentes, hôpital Cochin pour soutenir les soignantes.

C’est là que nous avons rencontré Mathilde, 21 ans, ancienne salariée de McDonald’s où elle a vécu du harcèlement sexuel et du sexisme, et porte-parole du collectif McDroits, qui a obtenu en octobre le droit pour les employées de pouvoir travailler en pantalon, et pas obligatoirement en jupe. « Dans certains restaurants, les femmes sont encore obligées de porter des jupes. On reçoit encore des témoignages. C’est l’idée que les hôtesses sont disponibles sexuellement. On leur donne aussi des t-shirts trop petits afin que ça les moule, ou des chemises trop petites pour qu’on puisse voir leurs seins à travers le bâillement » affirme Mathilde, au chômage après avoir été licenciée par McDo pour avoir fait grève, dit-elle.

Mathilde, du collectif McDroits.
Mathilde, du collectif McDroits. - Aude Lorriaux / 20 Minutes

Sage-femme, une « profession méprisée »

Le cortège avance doucement boulevard Saint-Michel, et les pancartes s’égrènent : « L’égalité professionnelle maintenant ! », réclame l’une, « Droits des femmes, pas « Journée de la femme », se moque l’autre, « au chaudron, le patriarcat », tente une troisième, dans un style très « sorcière ». C’est à cet endroit qu’on rencontre Victoire, 27 ans, sage-femme dans une grosse maternité à Saint-Denis, qui dit voir au quotidien des femmes souffrir de violences et de précarité.

« J’ai découvert ce qu’était l’excision sur le terrain. Des femmes qu’on ne peut même pas examiner car elles ont subi trop de violences. Mais aujourd’hui on se mobilise aussi parce qu’on considère qu’on est une profession méprisée par le gouvernement. Notre statut médical n’est pas reconnu. On nous demande d’en faire de plus en plus pour un salaire dérisoire : 1.700 euros net après 5 ans d’étude et une première année d’étude de médecine », explique-t-elle. Et de conclure, dépitée : « On est des femmes qui s’occupent des femmes, c’est pour ça qu’on n’est pas écoutées ».

Victoire, sage-femme.
Victoire, sage-femme. - Aude Lorriaux / 20 Minutes

« Moins de Darmanin, plus de Génie lesbien »

Sur le chemin, les Rosies offrent des pauses musicales et chorégraphiques avec leurs reprises féministes. « On s’aime, on s’casse on stoppe le pa-tri-arcat » chantent-elles sur un air des Village People. Le camion de la CGT crache du Angèle, « Balance ton quoi », que les militantes répètent en chœur. Plus loin, le ton du groupe de Collages lesbiens est moins enfantin : « Et toutes les gouines détestent la Police », crient-elles. L’arrivée au palais de Justice transforme les slogans. La foule crie « Justice pour Julie », en référence à cette ado de 14 ans qui accuse plusieurs pompiers de viol, et « violeur à toi d’avoir peur ». Également « Darmanin démission ».

Le ministre de l’Intérieur est sur de nombreuses pancartes cette année. « Moins de Darmanin, plus de Génie lesbien », demande une affiche, en référence au livre d’Alice Coffin, élue EELV à la mairie de Paris. Plus loin, devant le palais de Justice, des militantes ont collé une photo de sa tête, qu’elles font passer derrière une pancarte ajourée en forme de prison. Gérald Darmanin, accusé par Sophie Patterson-Spatz de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, se dispute la vedette avec l’ancienne star du JT de TF1, Patrick Poivre d’Arvor, le cinéaste Roman Polanski ou encore le constitutionnaliste Olivier Duhamel, tous trois également accusés de viol.

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« Néant total sur le congé maternité » des intermittentes

Sur l’une de ces pancartes est écrit un message qui interpelle : « Tout le monde connaît une victime, personne ne connaît un violeur ». C’est celle de Sophie, tout juste diplômée à 26 ans. Elle se définit comme une « féministe intersectionnelle​ » qui a subi des violences à la fois « racistes, sexistes et lgbtqiphobes ». Elle est là pour se battre pour « un monde plus juste pour les femmes et minorités de genre ».

Sophie, féministe intersectionnelle.
Sophie, féministe intersectionnelle. - Aude Lorriaux / 20 Minutes

Le cortège avance encore et arrive à présent au théâtre du Châtelet, où les manifestants et manifestantes se délectent de quelques notes de concert, si rares en ces temps de crise sanitaire. Les musiciennes jouent un Ragtime de Scott Joplin, qui déclenche des sourires et ouvre les oreilles de l’auditoire. Juste assez pour écouter le message de Claire Serre-Combe, de la CGT spectacles, qui s’inquiète d’un « spectacle vivant qui ne vit plus » et d’un « néant total sur le congé maternité » pour les femmes intermittentes. « Quand vous ne pouvez pas travailler vous ne pouvez pas faire les heures qui ouvrent vos droits au congé maternité », pointe-t-elle à l’adresse du gouvernement.

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Deux heures plus tard, la place de la République était remplie et les organisatrices annonçaient plus de 30.000 personnes à Paris.

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