Coronavirus dans le Rhône : Comment l’épidémie de Covid-19 évolue-t-elle dans un département sous surveillance ?
PANDEMIE•Avant les annonces du gouvernement, qui devraient avoir lieu jeudi, « 20 Minutes » a passé au crible les indicateurs du Covid scrutés par les autoritésElisa Frisullo
L'essentiel
- Le Rhône, en surveillance renforcée, va-t-il devoir faire face à un nouveau tour de vis du gouvernement ?
- Pour se faire une idée avant les annonces attendues jeudi, « 20 Minutes » s’est une nouvelle fois penché sur les données scrutées par les autorités pour se décider.
- Le préfet du Rhône, qui n’a rien laissé filtré sur un éventuel durcissement des mesures dès le week-end prochain, concerte toutefois depuis vendredi dernier les élus et acteurs économiques locaux sur la question.
Depuis près d’une semaine, la question est dans tous les esprits dans le Rhône, où la menace d'un confinement le week-end plane, comme dans 19 autres départements placés en surveillance renforcée. Si dans la Drôme, également concerné, le préfet a d’ores et déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de confinement le week-end, dans le Rhône, le représentant de l’Etat s’est bien gardé de se prononcer sur le sujet, laissant le Premier ministre s’exprimer. Mais depuis vendredi dernier, Pascal Mailhos enchaîne les rencontres avec les élus locaux et le monde économique pour les concerter sur les mesures éventuelles qui pourraient être mises en œuvre.
A la veille des annonces attendues du gouvernement, 20 Minutes a une nouvelle fois scruté les indicateurs de suivi du Covid-19 qui guident les autorités dans leur prise de décision pour mesurer si le département peut échapper à un durcissement des restrictions sanitaires.
Un taux d'incidence élevé mais stable
Pour répondre à cette interrogation, plusieurs données reflétant l’évolution de la situation sanitaire sont à prendre en compte. Indicateur de taille, le taux d’incidence de la maladie, qui indique l’évolution du virus parmi la population, a sensiblement augmenté dans le Rhône, selon les derniers chiffres divulgués par Santé publique France. Ce taux est passé de 221,4 cas la semaine du 14 au 20 février à 234,9 cas pour 100.000 habitants sur la semaine glissante du 21 au 27 février.
Mais ce taux (de 221,7 cas au niveau national) semble s’être de nouveau stabilisé ces derniers jours et reste inférieur aux taux d’incidence relevés actuellement dans certains départements du nord ou du sud de la France. A titre de comparaison, il s’élève actuellement à 562 cas dans les Alpes Maritimes, confinées le week-end, et à 405 cas pour 100.000 habitants dans le Pas-de-Calais.
Le variant britannique majoritaire
Dans les hôpitaux, où l’occupation des lits par les patients Covid-19 est suivie de près, les chiffres augmentent sensiblement à l’échelle du département mais stagnent dans les établissements gérés par les Hospices civils de Lyon. Dans le Rhône, le nombre de patients atteints du coronavirus admis à l’hôpital est passé de 813 à 841 en une semaine, avec 173 personnes en réanimation, soit 19 de plus sur sept jours. Au CHU de Lyon, le nombre d’hospitalisations et d’accueil en soins intensifs lié au Covid-19 n’avait pas évolué mardi, selon les chiffres communiqués par les HCL.
L’analyse de ces données confirme donc toujours une évolution lente de l’épidémie dans le département, même si depuis le début de l’année, les indicateurs restent à un niveau élevé, similaire à celui observé mi-octobre avant le second confinement. La part des variants dans les contaminations, et notamment le Britannique qui représente aujourd’hui 50 % des infections dans le Rhône, inquiète aussi les autorités sanitaires. Car le variant est plus contagieux donc susceptible de faire flamber le taux d’incidence du virus dans la population, encore peu nombreuse à avoir reçu l’un des vaccins contre le Covid-19.
Faut-il limiter l'affluence sur les quais ?
Si le Rhône, parmi les moins touchés par les signes de rebond épidémique des vingt départements placés sous surveillance renforcée, échappait à un confinement le week-end, d’autres mesures pourraient être prises localement. Les lieux de forte affluence qui ont attiré du monde le week-end dernier encore avec le retour du beau temps, à l’instar des quais de Saône, pourraient notamment voir leur accès restreint.
« Je préfère que nous analysions la situation, y compris avec les élus, que nous puissions donner un certain nombre de conseils de vigilance et de précaution plutôt que de décider tout seul que nous fermons les quais. Il y a des relâchements, mais ils ne justifient pas qu’avant même la concertation, je décide unilatéralement de prendre des mesures que je n’avais pas annoncées, a indiqué le préfet du Rhône Pascal Mailhos, interrogé mardi au JT de France 3. Mais je n’exclus pas de le faire si besoin était, en fonction des décisions du gouvernement ».
Nouvelles restrictions ou non, dans le Rhône comme ailleurs, le retour à une vie «plus normale» évoquée ce mercredi par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal «peut être pour mi-avril» semble encore bien lointain.