EPIDEMIEQuelles sont les pistes envisagées dans les 20 départements en sursis ?

Coronavirus : Quelles sont les pistes envisagées dans les départements placés en « surveillance renforcée » ?

EPIDEMIEAprès Dunkerque et les Alpes-Maritimes, le gouvernement prévoit de confiner uniquement le week-end le département du Pas-de-Calais, mais devrait épargner l’Ile-de-France et Marseille
Manon Aublanc

Manon Aublanc

L'essentiel

  • La semaine dernière, des confinements localisés ont été imposés le week-end sur tout le littoral des Alpes-Maritimes et dans la communauté urbaine de Dunkerque.
  • Le gouvernement a placé vingt autres départements, qui couvrent notamment Paris, Lyon et Marseille, sous « surveillance renforcée ».
  • Un conseil de défense sanitaire doit se tenir ce mercredi. L’exécutif va faire le point sur d’éventuelles nouvelles restrictions dans ces départements.

A l’image de Dunkerque et des Alpes-Maritimes, d’autres départements pourraient être concernés par un nouveau tour de vis. Emmanuel Macron réunit, ce mercredi à l’Elysée, un nouveau Conseil de défense sanitaire pour examiner les éventuelles restrictions à prendre dans les vingt départements placés sous « surveillance renforcée » la semaine dernière.

Si la tendance nationale est à la hausse, la situation sanitaire de certains départements est encore plus alarmante. Pour gérer cet « équilibre, certes précaire, certes difficile », le gouvernement « poursuit la stratégie de territorialisation, en adaptant au mieux la réponse, » a rappelé mardi le Premier ministre, Jean Castex. En attendant les annonces de jeudi, 20 Minutes fait le point sur les pistes envisagées dans ces départements.

  • L’Ile-de-France

Pour Paris, la Seine-Saint-Denis, l’Essonne, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, le Val-de-Marne, l’hypothèse d’un confinement le week-end avait été mise sur la table, mais ne devrait finalement pas être retenue, selon une source gouvernementale. La piste avait été discutée, lundi, lors d’une réunion entre la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, la présidente ex-LR de la Région, Valérie Pécresse, les préfets de police et de la région et le chef de l’Agence régionale de santé (ARS). Mais pour l’édile de la capitale, pas question de s’engager sur cette voie : « Je rappelle ici que je suis opposée à l’idée d’un confinement du week-end à Paris », a-t-elle affirmé à l’issue de cette réunion.

Anne Hidalgo propose plutôt de maintenir l’accès aux espaces publics et de multiplier par quatre le rythme de vaccination. Les parcs, jardins et les voies sur berge, évacuées dimanche par les forces de l’ordre, sont « des lieux indispensables pour respirer dans notre ville », a-t-elle ajouté. La présidente de la région, Valérie Pécresse, elle, n’est pas aussi catégorique : « Si la situation sanitaire l’exigeait, nous ne nous opposerons pas à ce reconfinement de fin de semaine », a déclaré l’entourage de la présidente de région à nos confrères du Parisien. Pourtant, la semaine dernière, une seconde hypothèse avait été évoquée par le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire : un reconfinement strict de trois semaines pour pouvoir réouvrir les bars et les restaurants ensuite. Face à la gronde, la mairie de Paris a finalement choisi de ne pas proposer cette option au gouvernement.

  • Dans le nord de la France

L’exemple de Dunkerque va-t-il être appliqué à d’autres départements du nord de la France ? Depuis vendredi dernier, l’agglomération de Dunkerque et la communauté de communes des Hauts-de-Flandre sont confinées le week-end. Dans le département du Pas-de-Calais, où les hôpitaux sont saturés, le gouvernement a proposé mercredi un confinement pour les trois prochains week-ends, en concertation avec les élus qui réclamaient eux les premiers des mesures fortes. « Nous faisons cet effort pour trois week-ends mais nous voulons notre dû pour les vaccins », a affirmé la maire LR de Calais Nathalie Bouchart, estimant que le département avait été « sous-doté ».

  • Moselle et Meurthe-et-Moselle

A l’inverse, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle pourraient faire figure d’exceptions et échapper à un confinement le week-end. La Moselle, qui observe une « situation stabilisée à un niveau élevé », note « quelques signes encourageants de baisse de la diffusion du virus », a déclaré le préfet, Laurent Touvet, mardi. Mais il a quand même pris des mesures supplémentaires, en interdisant notamment la consommation d’alcool sur la voie publique dans les villes de plus de 10.000 habitants.

Même scénario en Meurthe-et-Moselle : « Notre objectif avec les élus, si on parvient à contenir l’épidémie, est d’éviter un confinement qui serait le week-end ou des mesures plus rigoureuses encore », a fait savoir le préfet du département, Arnaud Cochet, lundi. Comme sa voisine, la Meurthe-et-Moselle a également interdit, depuis mardi, la consommation d’alcool sur la voie publique. Elle a également rendu le port du masque obligatoire.

  • Dans les Bouches-du-Rhône

Dans le département des Bouches-du-Rhône, et particulièrement à Marseille, la situation sanitaire inquiète les autorités. Pour autant, la ville ne devrait pas être soumise à un reconfinement les week-ends, a appris le service politique de franceinfo de source gouvernementale, jeudi 4 mars. Pour le maire de la deuxième ville de France, Benoît Payan, un confinement le week-end n’est pas la solution : « Après le couvre-feu, les week-ends confinés, jusqu’où ira-t‑on dans cette stratégie de mithridatisation du corps social ? » s’est-il inquiété dans une interview accordée au JDD, dimanche. « Un peu moins de 30 % des 80.000 Marseillais de plus de 75 ans ont été vaccinés, et 40 % des plus de 80 ans. Or le taux d’incidence baisse nettement chez les plus de 80 ans. Ça veut dire que la vaccination fonctionne. Pour vaincre le virus, il n’y a qu’une seule solution : la vaccination et la mise à l’abri des plus fragiles », a-t-il martelé, prônant l’accélération de la campagne vaccinale plutôt que de nouvelles restrictions.

  • Dans le Rhône et la Drôme

Si l’hypothèse d’un confinement le week-end est sur la table pour le département du Rhône, et notamment à Lyon, du côté de la Drôme, elle a été écartée. « La situation est certes préoccupante », mais « pas alarmante », a expliqué Hugues Moutouh, le préfet de la Drôme, sur BFMTV, les agglomérations de Valence ou de Montélimar étant relativement épargnées pour l’heure. « En l’état actuel des choses, le confinement le week-end n’est pas envisagé », a-t-il ajouté, évoquant plutôt le renforcement de la jauge pour les commerces et la suspension des activités périscolaires et extrascolaires en intérieur.

Dans le Rhône, les maires et les présidents de région et de métropole se sont réunis vendredi pour réfléchir à la mise en place d’éventuelles mesures sanitaires plus strictes, uniquement si les chiffres continuent de progresser.

  • Les questions qui restent en suspens

Certains points restent néanmoins sans réponse. Si un confinement le week-end est mis en place, le couvre-feu à 18 heures la semaine sera-t-il levé ? Pourra-t-on se déplacer de l’un de ces vingt départements vers un autre, moins touché par le virus ? Les commerces non-essentiels resteront-ils ouverts ? Il faudra attendre jeudi, et la probable conférence de presse de Jean Castex, pour obtenir toutes les réponses à ces questions.