Menus sans viande à Lyon : Les éleveurs manifestent, Collomb s'en mêle et Véran siffle la fin de la récréation
CANTINES•Une dizaine d’éleveurs ont manifesté ce lundi à Lyon contre la décision d’imposer des menus sans viande pour des raisons sanitaires dans les écoles de la villeCaroline Girardon avec AFP
L'essentiel
- En désaccord avec la décision d’imposer temporairement des menus sans viande dans les cantines scolaires de Lyon, les éleveurs ont manifesté.
- Ils ont reçu le soutien de Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon qui avait pourtant pris la même décision au mois de mai. Et pour les mêmes raisons sanitaires.
- En déplacement à Lyon, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a estimé qu’il « n’y avait pas lieu de polémiquer ».
A chaque jour son lot de réactions. La décision d’instaurer dès ce lundi des menus uniques sans viande dans les écoles de Lyon ne passe toujours pas. Depuis vendredi, le maire EELV Grégory Doucet a beau marteler appliquer la même mesure que son prédécesseur, Gérard Collomb, en raison des mêmes contraintes sanitaires… Rien n’y fait. Une dizaine d’agriculteurs ont manifesté ce lundi matin sous les fenêtres de l’hôtel de ville afin de faire part de leur désaccord et de leurs inquiétudes.
« L’argument du protocole sanitaire, c’est un prétexte derrière lequel ils se cachent pour mettre en œuvre leur promesse électorale d’un menu végétarien », attaque Pascal Girin, président de la FDSEA du Rhône.
Gérard Collomb aux côtés des éleveurs
Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon, qui lui aussi avait décidé d’imposer des menus uniques sans viande le 11 mai, à la réouverture des écoles, s’est joint aux manifestants, partageant leurs craintes. « Oui, nous avions fait cela mais à l’époque, la situation était extrêmement différente », se défend l’ancien élu qui voit dans cette décision, similaire à la sienne, « un discours double » entre « justification sanitaire et volonté de réduire la consommation de viande ».
Pas de quoi faire vaciller Grégory Doucet. « Le protocole sanitaire du printemps n’était pas plus exigeant. Au contraire, il l’était moins », répond-il, rappelant que les écoles ne pouvaient accueillir tous les enfants en même temps, comme c’est le cas aujourd’hui. « Il n’y a aucune idéologie, seulement un bon sens pratique. Le reste n’est que polémique politicienne », ajoute-t-il.
« Près de la moitié des enfants choisissent habituellement des menus sans viande »
« Les protocoles sanitaires de l’Education nationale nécessitent des adaptations constantes. La ville de Lyon a dû appliquer en cette rentrée scolaire le sixième protocole en moins d’un an, toujours plus contraignant, tout en maintenant un service public de qualité pour 29.000 repas par jour », rappelle la municipalité, qui avance que « près de la moitié des enfants choisissent habituellement des menus sans viande ».
Une délégation des représentants de la filière bovine de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et d’Interbev a néanmoins été reçue à l’hôtel de ville en fin de matinée. Il leur a été rappelé que « le choix d’un menu avec ou sans viande reviendra dans les assiettes dès que le protocole sanitaire en vigueur sera allégé ». « En attendant, la ville s’est engagée à proposer, autant que possible, la remise en place d’un choix entre plusieurs menus », complète-t-elle réitérant son « soutien à l’agriculture locale ».
Par ailleurs, Olivier Véran, le ministre de la Santé en déplacement à Lyon ce lundi, a estimé qu’il n’y « avait pas lieu de polémiquer » au sujet des menus uniques sans viande. « Je ne suis pas choqué qu’on puisse proposer des menus sans viande ni poisson à l’école. La question, c’est quelle est la motivation sous-jacente. Il n’y a pour moi pas lieu de polémiquer, mais une attention à porter au régime alimentaire des enfants », a-t-il conclu comme s’il souhaitait siffler la fin de la récréation.