ENQUETEUn responsable d’un centre d'accueil pour réfugiés tué au couteau à Pau

Pau : Un responsable d’un centre d’accueil pour réfugiés tué de plusieurs coups de couteau

ENQUETEL'attaque a été perpétrée vendredi en fin de matinée par un Soudanais de 38 ans, connu pour des faits de violence, indique le parquet de Pau
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • La procureure de la République de Pau Cécile Gensac indique que l'individu s'est présenté ce vendredi au centre d'accueil pour y rencontrer le chef du pôle asile.
  • « Des employés ont été alertés par des cris et ont immédiatement appelé les services de police. »
  • Les premières constatations laissaient apparaître plusieurs plaies sur le corps de la victime, et principalement sur le thorax.

Un responsable d’un centre d’accueil de réfugiés de Pau (Pyrénées-Atlantiques) a été tué vendredi en fin de matinée par un demandeur d'asile soudanais qui lui a porté plusieurs coups de couteau, a-t-on appris de sources concordantes.

La victime, un chef de service au Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) Isard Cos, père de famille de 46 ans, est mort peu après les faits, et son agresseur a été interpellé. Cyril était « un travailleur social expérimenté, chef de service depuis 2015 avec une longue expérience de l’accueil des demandeurs d’asile. Il devait gérer des situations délicates et difficiles », a déclaré Elias Philippe, directeur du centre.

Des employés alertés par des cris

Il a remercié « les salariés présents qui ont œuvré pour maîtriser l’individu », qui pourtant a-t-il dit « n’était pas dans une situation de violence particulière avant le drame », lorsqu’il s’est présenté au centre.

Dans un communiqué diffusé vendredi après-midi, la procureure de la République de Pau Cécile Gensac indique qu’un individu « s’est présenté dans les locaux administratifs du centre d’accueil pour demandeurs d’asile, aux fins d’y rencontrer le chef du pôle asile. » Alors qu’il se trouvait dans le bureau avec ce dernier, « des employés ont été alertés par des cris et ont immédiatement appelé les services de police. »

Une fois sur place, les policiers « ont été mis en présence d’une victime gisant au sol dans son bureau et présentant des plaies pouvant s’apparenter à des coups prodigués à l’arme blanche, et d’un individu gardé dans un bureau annexe par des employés et présenté comme étant l’auteur de l’agression. » La victime décédait des suites de ses blessures en dépit des soins d’urgence prodigués. Les premières constatations laissaient apparaître plusieurs plaies sur le corps de la victime, et principalement sur le thorax.

Deux condamnations pour des faits de violence en 2017

L’individu mis en cause était placé en garde à vue pour assassinat. Il s’agit d’un homme de 38 ans « qui avait été suivi par le centre d’accueil pour demandeurs d’asile il y a quelques années. » Son casier judiciaire fait apparaître « deux condamnations exécutées pour faits de violences commis en 2017. » L’enquête de flagrance a été confiée à la sûreté départementale du commissariat de police de Pau. « Elle vise à déterminer l’exact déroulement des faits ainsi que les motivations du passage à l’acte. » Une cellule de soutien psychologique a été déclenchée pour le personnel du centre d’accueil.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu à Pau vendredi en fin d’après-midi porter « la solidarité » du gouvernement, a expliqué que l’homme était arrivé en France en 2015, et s’était vu alors refuser son statut de réfugié par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Cependant, a ajouté le ministre, il avait été autorisé par la justice administrative à rester en France, une autorisation qui avait pris fin avec sa condamnation à de la prison « pour rixe à l’arme blanche ».

L’agresseur présumé n’avait cependant pas répondu à deux convocations, dont une fois fin 2020, pour se faire signifier son expulsion et « c’est parce qu’il devait quitter le territoire national (…) sans doute qu’il est venu ici », a déclaré Gérald Darmanin devant le centre d’accueil.

« Un drame épouvantable » réagit François Bayrou

Implanté de longue date à Pau, le Centre d’accueil de demandeurs d’asile Isard COS, est selon son site un centre de 257 places qui offre aux demandeurs d’asile et réfugiés un « accompagnement global mais adapté à chaque situation familiale ou personnelle », et propose des hébergements dans différents quartiers de la ville.

Gérald Darmanin annonce qu'il se rendra à Pau vendredi en fin d'après-midi
Gérald Darmanin annonce qu'il se rendra à Pau vendredi en fin d'après-midi - compte twitter Gérald Darmanin

« C’est un drame épouvantable, a déclaré le maire MoDem de Pau François Bayrou sur le site Internet du quotidien La République des Pyrénées. C’est d’autant plus choquant que la victime était engagée pour aider ces réfugiés. » Gérald Darmanin a échangé à la mi-journée avec François Bayrou. Le ministre a adressé ses « condoléances à la famille de la victime et ses proches ».

« Rétablir la double peine »

Le drame prenait en fin d’après-midi une tournure très politique. Le maire de Pau souligne que le passé carcéral de l’agresseur était « la raison pour laquelle d’ailleurs son dossier de demande d’asile a été rejeté. Et donc une expulsion aurait sans doute dû suivre ».

Gérald Darmanin « doit maintenant sans délai décréter un moratoire sur l’immigration », a tweeté le numéro deux du Rassemblement national, Jordan Bardella, assurant que « l’hospitalité accordée à la Terre entière nuit gravement à la sécurité des Français ».

Bruno Retailleau sur Twitter à propos du drame de Pau
Bruno Retailleau sur Twitter à propos du drame de Pau - Twitter

« Un étranger connu par la police pour des faits de violence et ayant fait de la prison en France devrait être renvoyé immédiatement dans son pays. La droite a fait l’erreur de supprimer la double peine, il nous faudra la rétablir », a assuré le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

« Qu’on ne mélange pas tout ! », a répliqué Gérald Darmanin, dénonçant « quelques réactions qui ne font pas honneur à ceux qui les ont faites ». « Il est tout à fait normal que la République soit fidèle à la vocation de la France d’accueillir des réfugiés ».