Chantant et dansant sous leurs déguisements, des habitants de Fort-de-France et Pointe-à-Pitre ont bravé cette semaine l’interdit de défiler lors du traditionnel carnaval pour cause de Covid-19. Vêtues de rouge et de noir, près de 500 personnes ont défilé mardi soir dans les rues de Fort-de-France, dont les accès étaient pourtant fermés aux carnavaliers. Loup sur le nez mais sans masque sur la bouche, l’un d’eux confie être venu « pour montrer aux autorités que ce n’est pas elles qui décident ».
Car ce carnaval est illégal. Chaque jour, depuis dimanche, ils sont des centaines à « courir le vidé ». C’est ainsi que se nomment ces déambulations populaires traditionnelles. Covid-19 oblige, elles ont été interdites cette année. La ville a donc été fermée à la circulation tous les après-midi. A la place, la mairie de Fort-de-France et plusieurs associations carnavalesques ont organisé un « carnaval autrement », dans l’enceinte du stade Pierre-Aliker, avec une jauge de 5.000 personnes par jour. Un événement rapidement boudé par le public au profit des carnavals illégaux.
La gendarmerie mobilisée
Mardi, plusieurs fourgons de gendarmerie avaient été positionnés devant les accès du centre de Fort-de-France, pour empêcher le passage des carnavaliers. Un barrage qui a donné lieu à quelques échauffourées en fin de journée, certains mécontents jetant des cailloux sur les forces de l’ordre, qui ripostaient à coups de bombes lacrymogènes. Plusieurs poubelles ont également été incendiées. Le préfet de la Martinique a condamné les manifestations non autorisées et les violences qui ont eu lieu contre les forces de sécurité, mardi dans un communiqué.
Loin des heurts, les « vidés » ont continué. Chacun sait qu’il est dans l’illégalité et fuit les caméras, tenant à rester anonyme. « C’est notre tradition, notre carnaval, c’est à nous. Leur stade ne nous intéresse pas ! », déclare l’une des participantes, un peu à l’écart de la foule, tenant sa fille en bas âge par la main.
Plusieurs centaines de personnes réunies dimanche
A Pointe-à-Pitre, chef-lieu de l’île de la Guadeloupe, une quarantaine de personnes fêtaient elles aussi Mardi gras au son d’un groupe de ka, la musique traditionnelle, dans une zone un peu isolée de la ville, bravant mardi soir l’interdiction des défilés. « C’est vrai qu’il y a le Covid, il y a les variants. On essaie de faire très attention, de garder les distances de sécurité, même si c’est difficile. C’est vrai que c’est un rassemblement, mais on se doit de marquer ce que nous ont laissé les anciens », explique un jeune homme, le visage masqué par un bandana.
« Plusieurs centaines de personnes », selon les médias locaux, s’étaient déjà rassemblées pour défiler lors du dimanche gras, provoquant l’ire de la Préfecture, qui a annoncé qu’elle allait lancer des poursuites. Début février, un « déboulé (défilé) sauvage » à Morne-à-l’Eau, au nord de la Grande-Terre, avait abouti, après identification des participants, à une trentaine de contraventions dressées pour « violation de l’interdiction de rassemblements de plus de 6 personnes ».