Pays-de-la-Loire : « On va dans le mur… » Le BTP et les promoteurs s’inquiètent de la pénurie de logements
CONSTRUCTION•Les filières du bâtiment et de la promotion immobilière tirent la sonnette d’alarme face à la baisse de production de logements et ses conséquences en Pays-de-la-LoireFrédéric Brenon
L'essentiel
- Attractive sur le plan démographique, la région Pays-de-la-Loire est face à un manque de logements qui s’accroît.
- Les fédérations du bâtiment et des promoteurs immobiliers demandent aux élus locaux et à l’Etat de réagir.
Elles se disent « très préoccupées ». La fédération française du bâtiment et celle des promoteurs immobiliers ont décidé conjointement de tirer la sonnette d’alarme face au risque d’une pénurie de logements dans la région Pays-de-la-Loire. Ce qui les inquiète au plus haut point, c’est la baisse significative de la construction d’appartements et maisons constatée en 2020.
« Les autorisations de permis de construire ont diminué de 12 % par rapport à 2019. La baisse est même de 26 % en Loire-Atlantique. » Les prévisions pour 2021 sont jugées également inquiétantes. « Les mises en chantier devraient décliner de plus de 11 %. Sans mesure forte, il y aura un gros déficit de logements construits. » Cette tendance à la baisse s’observe aussi pour les logements neufs mis en vente en 2020 par les promoteurs, surtout dans la métropole nantaise. Avec, pour conséquence, dans une région en croissance démographique, une envolée des prix dans le neuf et, surtout, dans l’ancien.
« Le risque c’est de voir toutes classes moyennes expulsées »
« Toute la chaîne de production est impactée, déplore Régis Rousseau, président de la fédération régionale du bâtiment. Cela a des conséquences importantes sur l’emploi, puisque derrière chaque logement construit on associe un à deux emplois. Mais c’est aussi l’offre de logement pour nos concitoyens qui est fragilisée. Le risque c’est de voir toutes classes moyennes expulsées des villes. Il n’y aura plus de mixité sociale. »
Les deux fédérations déplorent des contradictions préjudiciables. « On nous demande sans arrêt de construire moins cher mais le coût des matériaux augmente. On interdit d’artificialiser les sols mais les habitants sont défavorables à la densification de la ville et recherchent de plus en plus une maison avec jardin. C’est extrêmement compliqué », relève Régis Rousseau.
« Il faut débloquer la situation ! »
La filière du bâtiment et celle de la promotion immobilière demandent donc aux collectivités locales et à l’Etat « d’agir vite ». « Il faut débloquer la situation. Si nous n’accélérons pas tout de suite, nous irons droit dans le mur ! », prévient Benjamin Haguenauer, président de la fédération des promoteurs immobiliers des Pays-de-la-Loire. Elles formulent quelques propositions. Comme octroyer un crédit d’impôt supplémentaire aux primo-accédants, accélérer les procédures d’urbanisme, ou réduire le délai de traitement des recours en justice.
Elles suggèrent également de réinventer la ville en la reconstruisant sur elle-même. « Il y a des zones d’activité qui sont vides le week-end, qui sont en déshérence. Elles peuvent être propices à des expérimentations », propose Benjamin Haguenauer.