Saint-Valentin : « Le coronavirus a permis aux couples de se recentrer sur eux »
INTERVIEW•Peut-on vivre uniquement d’amour et de gel hydroalcoolique frais ? Selon Florence Escarage, présidente d’un site de coaching amoureux, les mesures restrictives liées au coronavirus ont été bénéfiques pour les couples et l’amour en généralPropos recueillis par Jean-Loup Delmas
L'essentiel
- Ce dimanche, c’est la Saint-Valentin, et cela fait près d’un an que la France subit de plein fouet le coronavirus.
- L’amour n’a certes jamais été confiné, mais il a connu lui aussi des adaptations à cause de la situation sanitaire et sociale du pays.
- Mais pour Florence Escarage, experte en coaching amoureux, le coronavirus n’a pas nécessairement été une mauvaise chose pour le plus beau des sentiments.
Ce dimanche, c’est la Saint-Valentin, et nous sommes à un mois environ de célébrer l’anniversaire du premier confinement en France. Si rien n’est plus fort que l’amour, comment a-t-il résisté au coronavirus, aux gestes barrières et autres distanciations sociales qui ont jalonné la vie des amoureux transis pendant des mois ?
Florence Escarage, spécialiste des questions sur l’évolution de l’amour et présidente de Love Intelligence, site de coaching amoureux, voit dans le coronavirus une opportunité pour les couples d’oublier les injonctions extérieures.
Qu’est ce que le coronavirus a changé dans la vie des couples ?
Depuis dix ans, les couples souffraient énormément en raison d’une sursollicitation pour le développement personnel, avec une frénésie et une surenchère d’activités à faire. Il fallait absolument faire quelque chose pour être heureux, être superactif.
Le coronavirus a permis de nettement diminuer ses sollicitations par les amis, par les sorties – culturelles, amicales, familiales –, et cela a eu un impact positif pour les couples. Ils se sont recentrés sur eux-mêmes, ont eu un espace pour parler et passer du temps, sans paratisage ou tentation extérieur. Les couples manquaient de temps de qualité à deux, le Covid-19 leur a offert.
Quelque part, le coronavirus et ses conséquences – confinement, couvre-feu, fermeture des lieux culturels – ont forcé les couples à ne miser que sur eux-mêmes et sur les discussions. Les personnes n’ont eu d’autres choix que de communiquer, parler de leurs émotions, de leurs projets, et se sont retrouvées.
On pourrait arguer que la routine est désormais plus dure à combattre…
Oui, mais justement, la routine n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour le couple. Penser que la routine est fatale à une relation, c’est rejoindre l’injonction qu’il faut absolument faire des choses pour être heureux. La première chose qui tue le couple, ce n’est pas la routine, c’est le manque de connexion émotionnel et le manque d’échanges sincères. Ce qu’on perd lorsqu’on s’active trop.
Nous étions avant le coronavirus dans une période où les gens se montraient très ambitieux en amour : il fallait rester vivants et vibrants, rester amoureux en multipliant les activités. Ce qui était vu comme une ambition était en réalité une pression frénétique, et beaucoup de couples se perdaient dedans. A vouloir être partout, on n’est plus là pour l’autre. Le coronavirus n’a pas altéré cette ambition, les gens veulent rester très amoureux, mais il a remis au centre les besoins physiologiques fondamentaux : être aimé, écouté, compris.
Et pour les célibataires ? Ne sont-ils pas les grands perdants de cette histoire ?
Ils ne sont pas nécessairement les perdants du Covid-19. Oui, le grand malheur de cette maladie, outre les conséquences sanitaires et économiques, c’est l’isolement affectif. Mais pour contrer cette solitude, les célibataires ont su s’adapter et ont massivement investi les réseaux et les sites de rencontres. On a observé beaucoup de couples formés pendant cette période, notamment via les sites de rencontres.
Les célibataires ont, tout comme les personnes en couple, recentrer leurs besoins physiologiques. Il y a moins cette logique de « consommation » qu’on pouvait trouver dans les comportements sur les applications de rencontre : on cherche moins des aventures et plus des relations, des gens à qui parler. On voit, malgré le froid et le manque de sortie culturelle, des gens prêt à chausser leurs bottes et prendre leur manteau pour se rencontrer en vrai et échanger.
Et avec le manque d’activités à faire, il n’y a plus qu’une solution, même lors des premiers rendez-vous : parler, parler, parler. Du coup, les rendez-vous – en couple ou en drague – sont plus intimistes et personnels, plus qualitatifs qu’en temps « normal ».
N’est ce pas un bilan un peu idéaliste ?
Bien sûr qu’il y a des gens qui souffrent de cette solitude, qui n’ont pas su la contrer. Ou des couples qui n’ont pas su s’adapter et ont vu que sans les sollicitations extérieures, leur routine ne tenait pas ou n’était plus supportable. Comme pour tous les secteurs de la société, le coronavirus a laissé de la casse derrière lui. Mais contrairement au reste, l’épidémie a été plutôt une bonne chose pour les relations et l’amour.