PRECARITE MENSTRUELLEDes lycéennes obtiennent des protections périodiques gratuites pour l’année

Hauts-de-France : Grâce à trois adolescentes, des lycées vont installer des distributeurs de protections périodiques gratuites

PRECARITE MENSTRUELLETrois lycéennes obtiennent l’installation de distributeurs de protections périodiques gratuites dans leur établissement
Camille Ruiz

Camille Ruiz

L'essentiel

  • Trois jeunes filles du lycée de l’Authie, à Doullens dans le Somme, ont fait installer des distributeurs de protections périodiques au sein de l’établissement.
  • Intéressé par l’initiative, qui reflète un réel besoin des femmes en situation de précarité menstruelle, Xavier Bertrand s’est rendu sur place. Le président de la région souhaite que des distributeurs soient installés dans tous les établissements volontaires des Hauts-de-France début septembre 2021.

Elles font changer les règles dans leur lycée. Juliette, Rebecca et Jeanne revendiquaient la gratuité des protections périodiques, au moins à l’échelle de leur établissement. Les trois jeunes femmes ont réussi à obtenir l’installation de trois distributeurs de serviettes hygiéniques gratuites dans leur lycée de Doullens, dans la Somme. Une initiative qui a interpellé Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France.

Le projet de ces jeunes filles fait suite à une campagne de sensibilisation sur les règles qu’elles avaient menée alors qu’elles étaient encore en seconde. L’affiche créée par Jeanne, représentant une serviette tachée de sang, avait été reléguée dans un coin du centre de documentation par une administration « choquée ». A la problématique du tabou entourant les règles, s’est ajoutée, aux yeux des jeunes filles, celle de la précarité menstruelle.

Une initiative adoptée et même améliorée

Elles ont ainsi présenté à la nouvelle proviseure de leur établissement, début septembre, leur projet de boîte pour recueillir des dons de protections périodiques. Deux mois après, l’initiative a été adoptée. Mieux, elle a même été renforcée par la location de trois distributeurs de protections hygiéniques financée par le lycée.

« L’Etat alloue un budget aux établissements scolaires pour ce genre de projets, explique Juliette. Nous sommes d’abord passées par différentes instances pour les stocks et la boîte. Et le lycée a pris en charge les distributeurs. » Les trois amies sont allées jusqu’au bout de leur démarche, en obtenant un devis avec une entreprise qui propose des distributeurs « made in France » et des protections en coton bio. Pour 2.500 euros par an, le lycée dispose maintenant de 6.000 serviettes, 2.000 tampons et trois distributeurs.

Venu les voir la semaine dernière, Xavier Bertrand souhaite étendre cette initiative à l’ensemble de la région, en privilégiant le système de dons par la grande distribution. Néanmoins, le président des Hauts-de-France n’est pas fondamentalement opposé à l’achat de protections périodiques. « On lui a dit qu’il fallait faire attention à ce qu’ils allaient choisir comme produits, détaille Juliette. Pour notre projet par exemple, on ne s’est pas tournées vers les grandes marques en priorité, même si nous ne refusons jamais leurs dons. »

En effet, en pleine crise économique, le besoin est croissant pour certaines jeunes filles. « Même avec les cours partiellement à distance à cause de la situation sanitaire, les protections partent vite. Environ 100 serviettes ont été retirées en trois semaines. »

Des distributeurs dans tous les lycées à la prochaine rentrée

Côté conseil régional, le projet est déjà dans les tuyaux. Les proviseurs de tous les lycées des Hauts-de-France ont ainsi été sollicités pour estimer les besoins dans leurs établissements et recenser les initiatives déjà existantes. Ils ont jusqu’au 19 février pour faire remonter tous ces renseignements.

Selon les informations de ​20 Minutes, Xavier Bertrand souhaite que des distributeurs de protections périodiques gratuites soient implantés dans tous les lycées de la région pour la prochaine rentrée scolaire. Il a aussi invité les trois jeunes filles qui lui ont inspiré cette idée à s’investir dans la communication autour de ce projet.