AGRESSIONSEn Loire-Atlantique, des élus formés par des négociateurs de la gendarmerie

Nantes : Face à « une montée des violences », des maires se forment auprès de négociateurs de la gendarmerie

AGRESSIONSUne trentaine de maires et d’élus du département ont suivi, ce mercredi, un atelier pour apprendre « à apaiser les situations »
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Deux négociateurs de la gendarmerie ont animé une formation à destination des élus locaux ce mercredi matin à Nantes.
  • « Ils sont confrontés à une montée de violences, avec beaucoup d’habitants qui n’hésitent plus à aller au contact », estime l’un d’entre eux.

«Tu vas voir, je vais te retrouver et te péter la tête. » Ces mots, Norbert Samama les a entendus cet été, alors qu’il était intervenu pour demander à des individus de se calmer, et de bien vouloir porter leurs masques lors d’un petit concert dans sa commune. Et selon le maire du Pouliguen, membre de l’Observatoire des violences faites aux élus, ce n’est pas un acte isolé. Alors que 233 maires auraient subi des agressions en France entre janvier et juillet 2020, la gendarmerie et l’association des maires de France ont décidé d’agir.

Ce mercredi matin, une trentaine d’élus volontaires de Loire-Atlantique ont participé, à la caserne de gendarmerie de Nantes, à une session de formation encadrée par deux négociateurs. « Ils sont confrontés à une montée de violences, avec beaucoup d’habitants qui n’hésitent plus à aller au contact, assure Anthony, négociateur régional. L’objectif est de leur donner des clés, une sorte de caisse de premiers secours, pour réussir à apaiser les situations en cas d’agression verbale. Dans une négociation, il y a trois comportements essentiels à adopter : l’empathie, l’écoute et le questionnement. Il faut se mettre à la place de l’autre pour avancer. »

« Rompre avec l’isolement »

Thierry Deville, adjoint au maire de Saint-Brévin à la sécurité, a fait le trajet jusqu’à Nantes. L’élu raconte être parfois confronté à des administrés qui n’hésitent pas à lui faire part de leur mécontentement, parfois en pleine rue et de façon brutale. « On m’interpelle sur des problèmes de nuisances sonores, des conflits de voisinage, observe-t-il. Sans rentrer dans l’agressivité, les associations ont aussi beaucoup d’attentes, mais nous n’avons pas de baguette magique. Je suis aussi venu ici pour apprendre à mieux écouter et traiter ces doléances. »

Lors d’une séance de « cas pratiques », la maire de Sautron a quant à elle dû faire face à une horde de (faux) parents mécontents de la cantine, « du vécu », selon elle. Plutôt que de s’expliquer à chaud, Marie-Cécile Gessant s’en est tirée en proposant un rendez-vous en mairie. « C’est une bonne idée de trouver un ou deux interlocuteurs privilégiés et de proposer de se voir rapidement, à tête reposée, approuve le négociateur. Ça fait systématiquement baisser la pression. »

Cette formation, la première sur le département et la deuxième en France, devrait être reconduite à Nantes et dans le reste de la région. « Jusqu’ici, les maires arrivent à gérer mais ils n’en sont pas moins affectés par la suite, observe Norbert Samama. Quand on reçoit des menaces en face ou sur les réseaux sociaux, qui touchent parfois à sa famille, il peut y avoir une forme d’impuissance et de désarroi. Il faut surtout rompre avec cet isolement car c’est la démocratie, dont les maires sont un vrai rouage, qui est en jeu. » A la suite des menaces qu’il a reçues, le maire du Pouliguen a porté plainte. L’affaire sera jugée l’an prochain.