EPIDEMIEL’Ile-de-France est-elle à la traîne pour la vaccination anti-Covid ?

Vaccination en Ile-de-France : La région est-elle à la traîne pour administrer le vaccin anti-Covid ?

EPIDEMIEAvec à peine plus de 2 % de sa population ayant reçu au moins une des deux doses de vaccin contre le Covid-19, l’Ile-de-France est en queue de peloton
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • En Ile-de-France, seulement 2,1 % de la population est vaccinée, c’est moitié moins qu’en Bourgogne-Franche-Comté.
  • Ces chiffres s’expliquent avant tout par la démographie de la région : l’une de celles qui comptent le moins de personnes âgées.
  • Des retards dans les remontées des données ont également été constatés au début de la campagne de vaccination.

En Bourgogne Franche-Comté, 4,5 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin contre le coronavirus. En Corse, c'est 4,3% et Nouvelle-Aquitaine quasiment 4 %. Comment expliquer qu’à peine plus de 2,27 % des Franciliens aient eu accès au précieux sérum ? Depuis le début de la campagne de vaccination, l’Ile-de-France est certes en tête des régions ayant pratiqué le plus d’injections – un peu plus de 278.000 – mais rapportée à sa population, elle se classe bonne dernière. Une situation d’autant plus inquiétante que l’épidémie progresse à un rythme plus soutenu que sur le reste du territoire depuis plusieurs semaines. Près de 65 % des lits de réanimation d’ Ile-de-France sont désormais occupés par des patients atteints du Covid 19.

« Les doses sont réparties sur le territoire au prorata des populations cibles. Donc plus il y a de personnes âgées, plus il y a de vaccins », explique-t-on au sein de l’Agence régionale d’Ile-de-France. En France, priorité a en effet été donnée aux plus vulnérables. La campagne de vaccination a ainsi démarré dans les Ehpad pour s’étendre quelques semaines plus tard aux plus de 75 ans et désormais à tout le personnel soignant, les pompiers et les aides à domicile. Or, d’après l’Insee, l’Ile-de-France est la région qui compte, proportionnellement, le moins de personnes âgées, environ 7 %. La Seine-Saint-Denis, avec moins de 6 % de plus de 75 ans, est même le département le plus jeune de métropole, suivi de près par le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne (6 et 6,5 %).

Effet trompe l’œil

Ces écarts démographiques expliquent les disparités locales : alors qu’à Paris, les injections sont équivalentes à la moyenne nationale (3,8 % des adultes ont reçu au moins une dose), les écarts se creusent en Seine-et-Marne (2,68 %) et surtout en Seine-Saint-Denis (2,38 % d’adultes vaccinés). A première vue, ce département est même le dernier – exception faite des DOM-TOM – en matière de vaccination.

Pourtant, lorsqu’on regarde par classe d’âge, c’est dans ce département et celui du Val-d’Oise que la vaccination des plus de 75 ans progresse le plus rapidement, avec respectivement 21,5 % et 23 % de cette classe d’âge ayant reçu au moins une dose. C’est même légèrement plus qu’à l’échelle nationale (20 %). « L’algorithme permet une répartition équitable en fonction des populations cibles mais il nous a paru nécessaire de prendre également en compte des critères sociaux, notamment en allouant des doses supplémentaires à des départements jeunes mais ayant connu une surmortalité importante lors de la première vague, notamment parce qu’ils comptent une forte proportion de métiers de première ligne », précise-t-on à 20 Minutes.


Notre dossier sur le vaccin anti-Covid

A ces spécificités structurelles, s’ajoutent des difficultés techniques qui pourraient expliquer les chiffres franciliens. Fin janvier, Santé Publique France, qui collecte et publie les données relatives à l’épidémie, indiquait que des retards de remontées, notamment au tout début de la campagne de vaccination avaient été enregistrés dans la région. Contactée, l’agence sanitaire n’a pas été en mesure de préciser si ceux-ci avaient été rattrapés et de préciser leur ordre de grandeur. « Quoi qu’il en soit, dans cette première phase de vaccination, nous serons toujours derrière les régions qui comptent beaucoup plus de personnes âgées », insiste-t-on au sein de l’ARS.