UNIVERSITEUne épicerie solidaire aide 200 des 900 étudiants d'une résidence de Nice

Nice : Une épicerie solidaire aide près d'un quart des 900 étudiants d'une résidence universitaire

UNIVERSITELe comité d’étudiants de la résidence Crous Jean-Médecin a créé ce lieu lors du premier confinement et, depuis, « chaque semaine, il y a de plus en plus de bénéficiaires »
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • La résidence étudiante Jean-Médecin de Nice compte 900 chambres, c’est l’une des plus importantes de la région.
  • Plus de 200 étudiants viennent chercher des paniers alimentaires.
  • Les paniers sont gratuits, ils comportent une semaine de repas ce qui correspond en moyenne à une cinquantaine d’euros.

«Dès le début du premier confinement, on a reçu beaucoup d’appels d’étudiants en détresse. Un jour, il y en a un qui disait qu’il n’avait qu’une tomate pour manger, ça a été le déclencheur pour agir, on ne pouvait pas le laisser mourir de faim », se souvient Kamel Kefif Kadhi, du comité d’étudiants de la résidence Crous Jean-Médecin à Nice. En une journée, avec son équipe de sept personnes, ils ont monté une épicerie solidaire dans leur résidence.

Le lieu, ils l’avaient déjà. « Il y a cinq ans, quand le bâtiment a été rénové, le Crous avait prévu un local pour ce genre d’initiative mais rien n’avait été encore fait », raconte l’étudiant en deuxième année de BTS. Trois locaux sont alors réquisitionnés et habilités pour stocker les produits reçus. Des étagères de pâtes, des paquets de papier toilette, des palettes de compotes ou de bouteilles d’eau mais aussi des bacs pour les fruits et légumes.

Il ajoute : « On n’a rien acheté. On ne fonctionne que par les dons et les partenariats avec les associations. Les réfrigérateurs viennent de Carrefour via le Secours populaire, les étagères du service technique du Crous de la résidence. Il y a aussi des particuliers qui nous ont offert du matériel de ski et des chaises ».

« Il y a toujours plus d’étudiants qui viennent »

Cette situation administrative implique que l’épicerie ne fait aucun profit précise Kamel Kefif Kadhi. « Tout est gratuit. On ne fait qu’organiser et être un intermédiaire pour redistribuer ensuite. Notre première mission finalement, c’est de nourrir l’étudiant en difficulté pour ne pas qu’il pense à ce stress et qu’il se concentre sur ses cours ». Les 900 occupantes des chambres de la résidence Jean-Médecin peuvent être bénéficiaires, « on aide tout le monde, il n’y a pas de conditions particulières », indique l’un des fondateurs de l’épicerie.

Actuellement, plus de 200 étudiants viennent chaque vendredi de 16 h à 18 h pour récupérer un panier de courses d’une valeur de 50 euros environ en plus d’un panier de fruits et légumes. « Dans les profils, il y a beaucoup de jeunes de 18 ans mais aussi des étudiants étrangers qui n’ont pas le droit aux aides de l’Etat et qui avaient des revenus grâce à leur travail en restauration par exemple. Mais ça touche tous les étudiants. De semaine en semaine, il y en a toujours plus qui viennent ».

« Ça a clairement changé ma vie »

Parmi eux, Mey, 21 ans et en troisième année de licence psychologie. « Je n’étais pas là durant le premier confinement, mais quand je suis revenue, je n’avais plus rien. En tant qu’étudiante étrangère, je ne touche pas de bourse ou autre, je suis obligée de travailler. L’épicerie me permet clairement de survivre, je suis très reconnaissante. » Hamza, résident depuis trois ans, est également un des bénéficiaires : « Grâce à cette initiative, je sors de la précarité, c’est-à-dire, de l’angoisse, du stresse, de savoir que je peux passer le mois en mangeant. Ça a clairement changé ma vie ».

Kamel Kefif Kadhi souligne : « Tout ça, c’est surtout grâce à la solidarité entre associations. On nous fait des repas chauds qu’on redistribue, il nous arrive aussi de donner des surplus et d’avoir en retour de nouveaux produits qui serviront davantage les situations de chacun. Le fait de ne pas recevoir d’argent nous aide également à consolider ce lien humain. Ici, c’est devenu un petit village ».

Quant à la question de la motivation pour le faire, le jeune de 21 ans conclut en souriant : « J’ai 900 voisins autour de moi à nourrir, il ne me faut pas qu’un frigo et de la bonne volonté, il me faut une épicerie et donner sans compter. »