Vaccination aux Etats-Unis : Des investigations en cours après le décès d’un médecin à Miami
FAKE OFF•Gregory Michael, obstétricien et gynécologue, est décédé seize jours après avoir été vacciné contre le coronavirus en Floride, aux Etats-Unis. Si la cause de sa mort n’a pas encore pu être établie par les autorités de santé, les investigations sont toujours en coursTom Hollmann
L'essentiel
- Seize jours après avoir été vacciné sur son lieu de travail, Gregory Michael, obstétricien et gynécologue de Miami, est décédé d’une hémorragie interne liée à une pathologie sanguine rare.
- D’après de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, la cause de sa mort serait directement liée à l’injection du vaccin de Pfizer et BioNTech contre le coronavirus.
- Les investigations menées par les autorités de santé américaines n’ont pas encore pu établir les causes de la mort de Gregory Michael.
Le vaccin contre le Covid-19 a-t-il causé la mort d’un médecin américain ? Alors que près de 10 millions de personnes ont déjà pu être vaccinées contre le coronavirus aux Etats-Unis, de nombreuses publications sur les réseaux sociaux affirment que Gregory Michael, un obstétricien travaillant en Floride, serait décédé le 4 janvier dernier, seize jours après avoir reçu le vaccin de Pfizer/BioNTech.
FAKE OFF
D’après l’agence Associated Press, les autorités de santé américaines enquêtent sur la mort de Gregory Michael, obstétricien et gynécologue américain. Ce médecin de 56 ans, travaillant au centre médical de Mount Sinai de Miami, où il a été vacciné contre le Covid-19 le 18 décembre, est décédé le 4 janvier 2021 des suites d’un trouble sanguin : le purpura thrombopénique immunologique, ou PTI, qui se caractérise par une destruction des plaquettes dans le sang, empêchant ce dernier de coaguler correctement.
L’entreprise pharmaceutique Pfizer, qui a déclaré ce mardi qu’elle enquêtait activement sur les causes de la mort de Gregory Michael, a fait savoir qu’à l’heure actuelle, elle ne croyait pas à une « connexion directe entre son décès et l’injection du vaccin », comme le rapporte l’agence de presse Bloomberg.
La cause de la mort n’a pas encore été déterminée
Dans une publication Facebook datant du 6 janvier, Heïdi Neckelmann, la femme de Gregory Michael, s’est exprimée sur les circonstances de la mort de son mari. C’est sa publication, partagée plus de 64.000 fois, qui a ensuite été reprise, parfois à l’identique, à l’étranger et en France.
Selon elle, trois jours après avoir reçu le vaccin, Gregory Michael aurait vu apparaître de petites taches rouges, appelées pétéchies – une hémorragie mineure causée par l’infiltration du sang sous la peau –, sur ses pieds et ses mains. Reconnaissant le danger, l’obstétricien se serait rendu aux urgences du centre médical de Mount Sinaï qui, alerté par un taux de plaquettes dans le sang extrêmement bas, l’aurait diagnostiqué atteint de PTI et transféré dans une unité de soins intensifs.
Deux semaines durant, une équipe d’experts « venant de tout le pays » auraient tenté, sans succès, de faire remonter le taux de plaquettes de Gregory Michael, explique sa femme. « Energique et conscient » tout du long, il serait décédé d’une hémorragie interne qui l’aurait emporté en quelques minutes, « deux jours avant l’opération de la dernière chance ». Heïdi Neckelmann a précisé au New York Times que son mari n’avait jamais souffert de troubles médicaux majeurs, ni fait de réactions à un médicament ou à des vaccins par le passé.
Invoquant le secret médical, le centre médical de Mount Sinaï a refusé de répondre aux interrogations du quotidien new-yorkais. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), l’organisme fédéral américain en charge de la santé publique, ont quant à eux assuré qu’ils continueraient d’évaluer la situation à mesure que de plus amples informations seront disponibles. Le médecin légiste du comté de Miami-Dade est toujours en train de mener l’enquête et n’a, pour l’heure, ni communiqué les résultats de l’autopsie, ni identifié la cause de la mort.
Une réaction très rare à la vaccination n’est pas à exclure
Si les investigations sont toujours en cours, certains experts estiment que la pathologie rare qui a emporté Gregory Michael pourrait être une forme extrêmement rare de réaction à la vaccination. Le docteur Jerry Lee Spivak, un expert en maladie sanguine de l’université John Hopkins qui n’était pas impliqué dans les soins prodigués à Gregory Michael, a déclaré au New York Times que l’implication du vaccin dans la mort de l’obstétricien était une « évidence médicale ». Il appuie son affirmation sur la description faite par Heïdi Neckelmann et sur le déclenchement d’un PTI dans un délai aussi court (3 jours) chez un homme en bonne santé et d’un âge relativement jeune. Cette réaction, qu’il qualifie de « très rare » ne devrait toutefois pas empêcher la population de se faire vacciner, selon lui.
Des réactions similaires, passagères et donc bien moins graves, ont déjà pu être observées chez des patients atteints par la rougeole, ou s’étant fait vacciner contre cette dernière. « Nous devons rester vigilants et voir si ce genre de cas se reproduit. […] Pour l’instant nous ne faisons que des suppositions », tempère Paul Offit, spécialiste des vaccins et des maladies infectieuses à l’hôpital pour enfant de Philadelphie auprès du New York Times, ajoutant que corrélation ne voulait pas nécessairement dire causalité.
D’après Jerry Lee Spivak, de nombreux traitements existent pour soigner le PTI. Il serait donc crucial d’en savoir plus sur la mort de Gregory Michael afin que les médecins puissent prendre en charge le plus efficacement possible des patients chez qui le même type de réaction se déclarerait.