Coronavirus : Cantines, tests, vacances… Comment limiter la circulation du virus à l’école ?
EDUCATION•Le Conseil scientifique estime que la fermeture des établissements scolaires n’est pas nécessaire20 Minutes avec AFP
Face au rebond épidémique et à l’apparition du variant anglais du Covid-19, le gouvernement devrait annoncer de nouvelles mesures, ce jeudi, pour enrayer les contagions. Mais qu’en est-il pour les établissements scolaires ? L’exécutif assure, pour le moment, ne vouloir fermer les écoles qu’en « dernier recours ».
« On pense que les données sur la pénétration du mutant anglais [du Covid-19] dans les écoles ne sont pas suffisamment claires pour nous pousser à fermer les écoles en France », a affirmé mercredi sur franceinfo le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. D’autres idées circulent ou semblent être sur la table pour limiter la propagation du virus au sein des établissements.
Fermer les cantines ?
La restauration scolaire reste le « point noir » puisque les élèves s’y côtoient, sans masque, pour manger. « C’est le moment de la journée où ils peuvent souffler et même si une distance entre eux est dans certains endroits respectée, il y a forcément des échanges », souligne Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, le premier syndicat du primaire.
Peut-on pour autant fermer les cantines ? Dans les zones rurales, impossible de demander aux élèves qui habitent loin et dépendent des transports scolaires, de rentrer chez eux le midi. « Si on supprime la cantine, certaines familles ne vont plus envoyer leurs enfants à l’école », prévient aussi Agnès Le Brun, chargée des questions de l’éducation à l’Association des maires de France (AMF), qui rappelle son rôle « social ».
Certains proposent de la remplacer provisoirement par des pique-niques que les élèves prendraient dans leur classe, ce qui nécessiterait davantage de personnel à l’heure du repas. « Si c’est pour accroître le brassage dans les classes, quel intérêt ? », relève Philippe Vincent, secrétaire général du premier syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN).
Organiser des petits groupes
Près de 70 % des lycées ont réduit leurs effectifs en introduisant un enseignement hybride, selon le dernier décompte. « Si les lycées semblent avoir trouvé un certain équilibre, certains gros collèges pourraient peut-être leur emboîter le pas », avance Philippe Vincent.
Quant aux écoles, l’idée de réquisitionner des locaux et du personnel municipal supplémentaire afin de diviser les effectifs, qui avait été avancée fin août par le ministre Jean-Michel Blanquer, est restée pour le moment lettre morte. « A Paris, nous avons fait un énorme travail pour recenser les locaux disponibles et nous sommes prêts à recruter des personnels vacataires mais le ministère n’a pas donné suite à cette proposition », regrette Patrick Bloche, adjoint à la mairie, chargé d’éducation.
Aérer davantage
« La question de la bonne aération des salles de classe reste non résolue », assure Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. Dans certains établissements, il n’est pas possible d’ouvrir correctement les fenêtres quand dans d’autres, les élèves se plaignent du froid, relate-t-elle. « Depuis plus d’un semestre, nous réclamons l’installation de capteurs de CO2… Sans succès », déplore-t-elle.
Tester plus
« Il faut pouvoir dépister très vite les cas et identifier très vite s’il s’agit d’un mutant anglais ou pas et prendre une décision très rapide de fermeture de classe voire de collège si nécessaire », a souligné mercredi le Pr Delfraissy. « A l’école, on aurait besoin de tester massivement car on passe forcément à côté de cas asymptomatiques », estime aussi Guislaine David. Un million de tests antigéniques sont « prêts » à être utilisés à destination des personnels, des lycéens et des collégiens, selon le ministère qui a évoqué « une montée en puissance dès début janvier ». « Pour l’instant, on n’en voit pas la couleur », fustige Sophie Vénétitay.
Allonger les vacances d’hiver ?
L’hypothèse d’un allongement des vacances de février a été évoquée par certains médecins pour ralentir l’épidémie. Dimanche, Jean-Michel Blanquer a assuré que l’idée n’était « pas à l’ordre du jour ». Dans le contexte actuel, une telle perspective semble « lointaine » à Hubert Salaün, porte-parole de la Fédération des parents d’élèves Peep : « Les parents ont déjà besoin de savoir ce qui va se passer la semaine prochaine à l’école ».