Bretagne : Faut-il faire plus de place aux vélos dans les trains régionaux ?
BRETAGNE•Le syndicat Sud Rail estime qu’il est nécessaire d’aménager les TER bretons pour faire de la place aux deux-rouesCamille Allain
L'essentiel
- Un syndicat cheminot demande à la SNCF et à la région Bretagne d’aménager davantage de place pour les vélos à bord des trains régionaux.
- Témoin de conflits de plus en plus fréquents, Sud-Rail évoque « des tensions entre les usagers et avec les agents SNCF ».
- La région explique avoir conscience du problème mais doit déjà faire face à des trains saturés. L’aménagement de parkings en gare est plébiscité.
Le train régional se porte bien, merci. De plus en plus utilisé, le réseau de TER breton est parfois victime de son succès et de nombreuses lignes affichent régulièrement plus que complet. Si la commande massive de nouveaux trains opérée par la région Bretagne ces dernières années a permis de soulager le réseau, certains voyageurs ont toujours du mal à se trouver une place à bord des TER. C’est notamment le cas des cyclistes, qui peinent souvent à monter à bord des trains en compagnie de leur monture. Témoin de conflits de plus en plus fréquents, le syndicat de cheminots Sud-Rail évoque « des tensions entre les usagers et avec les agents SNCF » et assure avoir multiplié les alertes face à la hausse de la pratique du vélo.
Dans un tract édité il y a quelques jours, le syndicat propose à la SNCF et à la région d’équiper l’ensemble des Regio2N (les trains à étages) de neuf emplacements pour vélos, contre trois à six actuellement, et d’accroître la capacité des trains en été en aménageant des espaces dédiés. Sud-Rail prend en exemple les initiatives menées dans les régions Pays de Loire et Centre, qui démontent des sièges en été pour faire de la place aux cyclistes et à leurs vélos.
« Nos trains sont déjà saturés »
Interrogée par 20 Minutes, la région Bretagne dit « être consciente » du problème. « La difficulté, c’est que nos trains sont déjà saturés pour les voyageurs. Un vélo peut créer une gêne et un encombrement et générer des conflits d’usage », explique le conseiller régional Gérard Lahellec. L’élu communiste reconnaît volontiers que « le critère vélo n’a pas été pris en compte » lors de la commande des nouveaux trains ces dernières années. « Démonter des sièges, c’est compliqué, parce qu’un train ne circule pas toujours sur la même ligne ».
Contrairement aux trains circulant sur les bords de Loire, où les cyclistes sont majoritaires en été, les TER bretons doivent aussi accueillir de nombreux voyageurs à pied qui veulent profiter du littoral. « Alors il faut investir et mettre une voiture supplémentaire ou augmenter le nombre de trains », estime Serge Philippe, porte-parole du tout nouveau Collectif Bicyclette Bretagne, qui regroupe 19 associations d’usagers.
Pour répondre à la demande croissante des « cyclistes du quotidien », la région mise davantage sur l’aménagement de parkings sécurisés et gratuits dans les gares, afin d’éviter l’encombrement des trains. « Cela demande d’avoir deux vélos, donc deux entretiens avec les risques d’usure prématurée, de vol et de dégradations », estime le syndicat Sud-Rail. Le Collectif Bicyclette Bretagne n’y est pas opposé mais alerte. « Les trains n’ont pas été conçus pour accueillir autant de vélos donc il faut trouver d’autres solutions. Pourquoi ne pas promouvoir les vélos pliants ? Le parking sécurisé, c’est bien, mais il faut qu’il y en ait dans toutes les gares », prévient Serge Philippe. Le porte-parole évoque la situation de la gare d’Hennebont, près de Lorient, où les vélos s’entassent à l’extérieur alors que des travaux d’ampleur viennent d’être menés. Le mariage train vélo n’est pas encore scellé.