Maladresse, provocation ou message ouvertement raciste ? Samedi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé la suspension d’un commissaire de police de la circonscription de Plaisir, dans les Yvelines, après l’envoi d’une carte de vœux pour le moins controversée : on y aperçoit un policier blanc adossé à son véhicule lancer à un homme noir : « Rapprochez-vous un peu. Mon taser recharge sur l’allume-cigare. »

En poste depuis avril 2018, après avoir été à la tête de la sûreté départementale de Montargis puis d’Orléans, l’homme a été entendu vendredi par la police des polices, l’IGPN. Aucune enquête pénale n’a, en revanche, été ouverte, précise le parquet de Versailles.

« L’affaire nous est remontée en début de semaine par des destinataires de la carte de vœux et a immédiatement été prise très au sérieux », confie une source au sein de la police nationale. La missive a été envoyée aux chefs de service et aux autorités policières de tout le département au nom du commissaire mais également de tous « les policiers de la circonscription ». Ce qui a eu le don d’en agacer – le terme est faible – plus d’un. « Nos collègues ont été extrêmement énervés d’être associé à cette démarche pour laquelle ils n’avaient évidemment pas été consultés », insiste une source syndicale locale. Et de préciser : « C’est jeter de l’huile sur le feu sur un sujet très sensible, le racisme dans la police. C’est absolument incompréhensible. »

Un message difficile à interpréter

Quel message a voulu délivrer ce commissaire ? A l’origine, la caricature, qui date de 2015, visait à dénoncer les violences policières aux Etats-Unis. « Je déplore que certains y voient un dessin raciste, a commenté sur son blog l’auteur du dessin, Wingtz. Il s’agit là d’une caricature qui montre que les policiers américains ont une affreuse facilité à dégainer leur taser, ou pire, dès qu’il s’agit d’intervenir auprès de la population noire. Se pose dès lors la question suivante : une caricature sur le racisme est-elle raciste ? (vous avez 2 heures). » L’illustrateur a néanmoins précisé qu’il n’avait jamais donné son autorisation pour qu’elle soit reprise.

Jusqu’à présent, ce commissaire expérimenté n’avait, selon nos informations, jamais fait parler de lui. Il ne faisait, néanmoins, pas l’unanimité au sein de ses équipes. « Effacé » et « distant », selon les uns, « prompt à demander des enquêtes disciplinaires sur tout et n’importe quoi », selon d’autres. Tous s’accordent, en revanche, pour dire qu’il n’avait jamais tenu de propos racistes ou eu un comportement suspect. La suspension conservatoire pourrait courir quatre mois. A l’issue de celle-ci, le commissaire passera devant le conseil de discipline de la police nationale, qui déterminera d’une éventuelle sanction.