FAKE OFFNon, le risque d’anaphylaxie n’est pas propre au vaccin contre le Covid-19

Coronavirus : Non, le risque d'un choc anaphylactique n’est pas propre au vaccin

FAKE OFFUn message de la Direction générale de la santé est relayé sur Facebook par des internautes qui y voient la preuve du grave danger du vaccin contre le Covid-19
Alexis Orsini

Alexis Orsini

L'essentiel

  • Un message adressé par la Direction générale de la santé au personnel soignant prouve-t-il le danger du vaccin contre le Covid-19 en cours d’administration en France ?
  • C’est ce qu’affirment plusieurs internautes en s’appuyant sur un document enjoignant les Ehpad et établissements hospitaliers à s’équiper en doses d’adrénaline en cas de réaction allergique grave au vaccin.
  • Mais cet effet secondaire ne concerne qu’environ un cas sur 100.000, et a trait à tous les vaccins. Celui contre le Covid n’est pas particulièrement concerné.

Edit du 31 décembre 2020 : mise à jour de l'article avec les précisions de la Direction générale de la santé (DGS), reçues après publication.

Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 vient de débuter en France, les inquiétudes de certains internautes autour de ses potentiels effets secondaires restent vives. Et ils ne manquent pas de l’exprimer en relayant, sur les réseaux sociaux, un document signé de Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé.

Ce « message d’alerte rapide sanitaire » (MARS) relatif à « l’approvisionnement d’adrénaline en prévision de la campagne de vaccination [du] Covid-19 » est en effet interprété comme une preuve des dangers du vaccin seulement administré, à ce jour, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

💥« Message d’Alerte Rapide Sanitaire »💥 DIFFUSION RESTREINTE rédigée par Jérôme Salomon adressée le 23 décembre, demande...

Posted by News Audit Office - Bureau de Vérification des News on Thursday, December 24, 2020

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« Dans cette note estampillée "diffusion restreinte", le directeur général de la Santé appelle ces établissements à s’approvisionner en adrénaline pour prévenir d’éventuels chocs anaphylactiques [une réaction allergique grave] dans le cadre de la vaccination Covid-19. Vers de graves effets secondaires immédiats ? », alerte notamment l’un de ces posts. Quitte à occulter les précisions importantes contenues dans le fameux message de la Direction générale de la santé (DGS).

FAKE OFF

Contactée par 20 Minutes, la DGS confirme que ce message de sa part. On retrouve d'ailleurs la version intégrale de ce document sur le site de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, avec trois pages supplémentaires détaillant « le protocole de prise en charge de l’anaphylaxie dans le cadre d’une vaccination ».

Ce message d’alerte rapide sanitaire n’a rien d’exceptionnel, contrairement à ce que son appellation peut laisser penser, comme l’explique à 20 Minutes Jean-François Cibien, président de l’union syndicale Action Praticiens Hôpital (APH) : « Ces messages sont courants, on en reçoit régulièrement et ils peuvent porter sur tout, comme l’arrivée de masques et de surblouses dans les établissements médicaux après une période de pénurie. Ils permettent aux professionnels de santé d’avoir le même niveau d’information et de s’organiser. »

Un MARS en date du 9 novembre 2020, et adressé aux établissements hospitaliers, préconisait par exemple de favoriser certains dosages de médicaments afin d’« anticiper les tensions à venir » sur les stocks utilisés pour les patients Covid en réanimation. « Les messages d’alerte sanitaires sont des messages techniques envoyés à une liste de professionnels et établissements concernés, notamment en vue d’anticiper des besoins ou de répondre à des tensions d’approvisionnement. Il s’agit d’un moyen de communication usuel pour le ministère pour dialoguer avec les professionnels de santé dans le cadre de la gestion des alertes sanitaires et situations de crise », abonde la DGS.

Une complication exceptionnelle, valable pour tous les vaccins

Sur le fond, le message d’alerte sanitaire du 23 décembre 2020 rappelle simplement aux directeurs d’Ehpad et aux professionnels de santé concernés par la campagne de vaccination de disposer d’ampoules d’adrénaline en cas de réaction allergique grave, ou anaphylaxie. Si celle-ci peut entraîner la mort, elle reste cependant très rare, et n’est pas spécifique au vaccin anti-Covid, comme le rappelle le document : « Il s’agit d’une complication exceptionnelle de la vaccination, estimée à moins de 1 cas/100.000 doses. Elle peut concerner tous les patients et tous les vaccins. »

Dès 2018, le site « Vaccination Info service » indiquait que « tous les vaccins injectables sont susceptibles d’entraîner une éventuelle anaphylaxie » et que ce risque implique de « surveiller les patients dans les quinze minutes suivant la vaccination » comme « de disposer du traitement médical et d’un protocole approprié à la prise en charge immédiate de l’anaphylaxie » – dont les ampoules d’adrénaline. Tout en précisant que, dans les rares cas observés d’anaphylaxie, « les additifs sont plus souvent en cause que l’antigène vaccinal lui-même ».

« On ne vaccine pas les yeux fermés »

« S’il y avait eu des incidents de vaccination contre le Covid-19, nous aurions reçu des messages d’alertes de risque sanitaire. Or, ce n’est pas le cas à ce jour », souligne Jean-François Cibien. Tout en nuançant : « Le vaccin est un médicament, et tout médicament peut avoir des effets secondaires. Le risque zéro n’existe pas, c’est ce qu’on explique à tout patient qui se fait vacciner. Tout médicament peut potentiellement provoquer une anaphylaxie. »

« Mais on ne vaccine pas les yeux fermés. On cherche toujours, en médecine, à évaluer la balance bénéfices/risques. On manque encore de recul sur ces vaccins anti-Covid, mais une batterie de tests a été réalisée in vivo avec des volontaires sains, et si ces vaccins sont sur le marché, il faut qu’on se montre raisonnables, en faisant preuve de confiance. Et de prudence, puisqu’on analysera les résultats des vaccinations, pour jauger de leur efficacité et des risques : il y aura forcément des incidents, comme avec tout médicament », poursuit le président de l’APH.

Et de conclure : « Si on se rend compte, par exemple, que sur 100 personnes vaccinées contre le Covid-19, on a 30 cas d’anaphylaxie, je n’aurai évidemment pas le même discours, mais aucun signe ne va en ce sens aujourd’hui. »